Prologue

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Harry Potter regardait, désolé, les ruines du château qui avait été sa maison durant ces sept dernières années, laissant son esprit se focaliser sur les pertes en vies humaines qu'il savait plus que conséquentes. Il laissa donc son regard glissé sur les tours détruites, sur les débris jonchant le sol tout autour de lui. Quelle folie! Fermant la yeux, il revit le moment où Voldemort se mit littéralement à se consumer. Il n'entendait plus les hurlements qui l'entouraient, il ne voyait rien ni personne d'autre que cet homme en train de mourir devant ses yeux, en train de mourir parce que lui, un jeune homme d'à peine dix-sept ans, lui avait porté le coup fatal. Certains diraient que ce n'était pas une grande perte au vu de ses actes mais lui ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'il serait devenu s'il avait eu une autre vie. Si comme lui, il avait eu des amis, un encadrement adéquat. Ils avaient beaucoup en commun, plus qu'on pourrait le croire mais lui, il avait eu la chance d'avoir une famille. Certes il n'était pas gâté mais, au moins, il n'était pas seul dans un orphelinat.

Et si il avait eu la chance d'être élevé par une personne aimante et non pas harcelé et maltraité par d'autres enfants? Et si il avait été élevé par un parent sorcier qui ne l'aurait pas exclu parce qu'il était "maléfique"? Et si il avait tout simplement eu la chance de vivre? Vivre vraiment et pleinement? Ces interrogations lui tournaient dans la tête alors que le corps de Voldemort se désintégrait derrière ses paupières.

Les jambes tremblantes, il se laissa tomber devant les restes de celui qui avait toujours été son fardeau. Le son des clameurs des vainqueurs lui parvenait mais il n'arrivait pas à ressentir cette joie qui les parcourait tous. Lui ne voyait que l'horreur de la situation. Le mage noir était mort mais à quel prix? Il n'arrivait pas à se résoudre à se rendre dans la grande salle, lieu désigné pour le rassemblement des morts et des blessés, par peur de découvrir qui il allait devoir enterrer.

Se détournant finalement, il observa encore une fois son entourage, les décombres, les cadavres. Il s'assit sur un morceau de poutre qui traînait et laissa son regard se perdre au loin. Il avait tué quelqu'un, un homme qui avait eu de la malchance là où lui avait eu de la chance. Oui, il avait eu la chance de rencontrer Ron, de se lier d'amitié avec Hermione, de se faire quasiment adopter par les Weasley, de pouvoir compter sur Sirius, d'être en permanence protégé par Snape... Il avait eu la chance de ne jamais être vraiment seul, il avait eu la chance d'être aimé et d'avoir appris à aimer. Il tourna sa tête vers l'entrée de la grande salle où il savait que Ginny était. Ils s'étaient embrassés avant de se jeter dans la guerre mais il n'avait rien ressenti. Est-ce ce qu'on pouvait appeler ça un baiser d'adieu? Et surtout le comprendrait-elle?? Encore une chose qu'il devrait ajouter dans sa liste de "remise en ordre".

Après un ènième regard sur le lieu où Voldemort avait disparu, il se leva, épousseta autant que possible son vieux jean délavé et fit demi-tour. Il avait besoin d'être seul, Merlin seul savait à quel point il avait besoin de faire le point. Alors, il fit ce qu'il n'avait pas osé faire depuis la découverte de la prophétie, il fuit.

**********

Harry s'était installé au 4, Privet Drive. Les Dursley n'étant pas revenu, cette maison était devenu pour lui un havre de paix. Qui l'aurait cru? La maison de son enfance qu'il aurait tué pour quitter lui offrait un refuge contre ses démons. Il avait reçu un bon nombre de hiboux depuis trois semaines, ça avait commencé par des lettres d'inquiétude, puis d'indignation face à  son silence, et enfin de colère face à son absence aux enterrements des victimes de guerre. Il ne leur avait pas avoué y avoir été sous sa cape, pour faire un dernier adieu, mais sous la divine protection de sa cape, incapable de faire face aux regards et aux sourires de compassion qu'il n'aurait pas manqué de recevoir, encore moins de réconforter des gens qui trouvaient normal de féliciter un gamin de dix-sept pour avoir tué.

Harry soupira en mettant sa malle réduite dans sa poche. Il n'arrêtait pas de se demander ce que serait devenu Tom Elvis Jedusor s'il avait eu un peu de chance. Et avec un dernier regard dans son miroir, un dernier sourire à son reflet, Harry Potter disparut.

Ce que Magia veutWhere stories live. Discover now