Épisode : III

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La panique coulait dans ses veines comme du venin, immobilisant chacun de ses membres et grimpant jusqu'à son cerveau; empêchant la moindre pensée cohérente de s'y former.

Il ne pouvait détourner le regard du canon de l'arme qui se tenait juste au niveau de son visage, visant un point qui devait se trouver quelque part entre ses deux yeux.

Sa gorge se fit sèche et ses paumes moites. Il avait l'impression que ses pieds s'étaient enracinés dans le sol. Il était littéralement incapable du moindre mouvement.

Peut-être était-ce à cause de l'arme à feu qui menaçait de lui ficher une balle dans le front à tout moment.

Ou peut-être était-ce à cause de ces yeux, seule chose qu'il pouvait apercevoir de l'autre. Ces pupilles sombres qui lui lançaient un regard si menaçant qu'il le clouait sur place.


« - T'es sourd ? Je t'ai dit de fermer ce putain d'endroit, tout de suite ! »


La rage et la hâte que contenaient ces mots firent l'effet d'un électrochoc à Jeongguk. Il sursauta et se précipita vers la porte d'entrée, gardant ses mains en l'air tandis qu'il contournait précautionneusement le « client ». Ce dernier le suivit du regard, continuant à braquer son arme sur lui.

Les mains tremblantes Jeongguk tourna la clé dans la serrure, frissonnant au clic métallique qui résonna lourdement à ses oreilles.
Il changea le petit écriteau sur sa porte avec une petite pointe de tristesse; cette journée ne s'avérait décidément pas aussi bien qu'il l'avait cru.


La porte verrouillée il descendit les stores de la vitrine et de la porte, plongeant la librairie dans une semi pénombre effrayante.

Il se tourna finalement vers l'autre homme, ne sachant que faire.


Il y eut un silence durant lequel ils se regardèrent en chiens de faïence, aucun des deux n'esquissant le moindre mouvement.
On aurait dit des statues abandonnées là, dans la petite boutique d'un vendeur de livres.


Soudain ils entendirent des sirènes résonner dans le calme qui enveloppait la rue encore endormie.

Les yeux de l'homme cagoulé s'écarquillèrent légèrement tandis que Jeongguk se rendait compte qu'il reconnaissait ce son. Des sirènes de police.


À cet instant il mourrait d'envie de s'enfuir du magasin, chose qu'il n'aurait jamais cru possible. Il mourrait d'envie de sortir en trombe de cet endroit, quitte à se jeter sous les roues des voitures de police. Il avait envie de crier que le suspect était là juste en face de lui, il avait envie de crier pour qu'on vienne le sauver.

Mais son unique moyen de sortir était désormais fermé à clé, et le temps qu'il la déverrouille il aurait probablement une balle plantée dans le crâne. Idem s'il criait.


Il vit l'autre homme se diriger dans sa direction à grands pas, et Jeongguk fut tenté de reculer mais le pistolet toujours pointé sur lui l'en dissuada.

Collant violemment le canon de son arme contre ses cotes, son agresseur le poussa en avant, et avec précipitation le fit avancer jusqu'au comptoir derrière lequel ils s'agenouillèrent tous les deux.


Jeongguk tremblait comme une feuille à présent. Ça n'était pas vraiment comme ça qu'il avait imagine sa journée en se réveillant ce matin. Être recroquevillé derrière le comptoir, collé contre un étranger qui vous enfonçait son pistolet dans les côtes ne faisait pas vraiment parti de ses plans du jour bizarrement.


Book Boy || tk. Where stories live. Discover now