Le vampire et la prostituée

XXVII. ''Oh mon dieu'' !

La fraîcheur du matin et les rayons de soleil en ce début de journée m'ont rapidement mise de bonne humeur. Je me lève joyeusement et déjeune avec Oscar. Malgré l'erreur que j'ai faite hier en buvant, je ne regrette pas d'être sortie. Cela m'a permis d'apprendre à connaître Oscar et de faire la rencontre de cet homme mystérieux. Je dois avouer que j'ai pris peur sur le moment, et même si il n'a pas l'air stable, j'ai le souvenir d'avoir ressentie un pincement au cœur. C'est assez vague.

Mon ancien voisin m'accompagna à l'arrêt de bus et je rentra chez moi en le remerciant.

Oh mince, j'avais presque oublié la façon dont j'ai parlé à Anthony.
Il faut dire que je n'étais pas dans mon état, sinon je n'aurais jamais osé m'exprimer de la sorte avec lui.

J'avance lentement sur le trottoir entouré de maisons en baissant la tête. Ma bonne humeur de ce matin s'est rapidement envolée en m'approchant de la maison. J'ai l'impression de me retrouver à nouveau dans la peau d'une adolescente de quinze ans qui rentre chez ses parents après avoir fait une bêtise.

Une fois arrivée à la porte d'entrée, je conduis mes mains machinalement vers ma poche pour prendre mes clefs. Une grimace accompagna le grognement que je poussa - j'ai aussi perdu mes clés. Alors que je m'apprêtais à toquer, la porte s'ouvrir brusquement.
Anthony était devant moi, des cernes sous les yeux et l'air fatigué.
Ses cheveux blonds étaient décoiffés
et son regard accusateur.

- Coucou, souriais-je comme si de rien n'était.

Aucune réponse. Il me toisa quelques secondes puis s'écarta pour que je puisse entrer. Je déglutis en évitant son regard.

- ça va ? demandais-je la voix basse.

Il referma la porte puis me fixa d'un regard sévère.

- Qu'est-ce qu'il y a Morgane ?

- Comment ça ? Si tu parles de cette nuit je...

- Non, pas seulement. Tu es constamment en train de me rejeter.
J'ai l'impression que tu ne m'aimes plus.

''L'impression''. Peut-être que ce n'est pas qu'une impression. Je ne sais pas quoi répondre, et le silence devient de plus en plus gênant.

- Mais m'as tu vraiment aimé un jour ?

- Non, répondais-je brusquement, je ne te laisserais pas poser plus de questions que ça. Elles sont toutes plus stupides les une que les autres. Bien-sûr que je t'ai déjà aimé, et je t'aime toujours.

Le rouge me monte aux joues et je commence à bégayer de plus en plus. Je ne l'aime peut-être pas comme l'Amour dont tout le monde parle, celui qui te donne des frissons et des papillons dans le ventre, celui qui t'accapare tes pensées et qui te fait remuer les montagnes. Mais je suis attaché à lui, et il me fait de la peine quelques fois. Il est si gentil. Après avoir perdu la mémoire, ça a été une des personnes les plus présents auprès de moi. Je lui doit beaucoup.

- Je sais que je suis un peu vague ces temps-ci, chuchotais-je, et je te prie de m'excuser. Hier j'ai perdu mon sac et j'étais dans les vapes, je me suis perdu et... bref. Ça ne se reproduira plus.

Il sembla s'être calmé et il me sourit enfin. Il ouvrit ses bras et je m'approcha de lui pour m'y réfugier.

- Je t'aime, murmura t'il.

- Moi aussi.

Nous nous dirigeons vers le salon puis nous asseyons. Je remarque une odeur étrangère mais ne dis rien car Anthony me devance.

- Tu as entendu parler du nouveau meurtre ?

- Nouveau meurtre ? Non, pas du tout.

- Il y a eu une femme proche de la trentaine retrouvée morte vers une rue près d'un bar. D'après les infos, elle a été vidée de son sang. J'ai l'impression que la même personne que la dernière fois a encore frappée. Tu devrais éviter de sortir la nuit ces temps-ci..

Il alluma la télé afin que je vois les images.

- Mais enfin, dis-je en le regardant d'un air nonchalant, c'est immense Paris. Tu penses vraiment que moi, comme par hasard, croiserai ce fameux...

Je me stoppe soudainement de parler. Ce que je vois est horrible et extrêmement terrifiant. C'est la même rue par laquelle je suis passée hier d'après mes souvenirs.

- Qu'y a t'il ? Morgane ?

Anthony s'approcha de moi et me caressa l'épaule. Je déposais ma tête sur mes mains. Je sentis mon sang se glacer et un frisson parcourir mon dos.

C'est la même route par laquelle je suis passé hier. Si ça trouve, j'ai croisée la future victime ou meurtrier - sans m'en rendre compte. Cette hypothèse me fit une soudaine migraine.

- Je vais prendre l'air dans le jardin.

- Tu veux que je t'accompagne ?

- Non ça va, merci Antho.

Je sortis rapidement et inspira du plus profond de mon être. Le ciel était devenu gris et un léger brouillard traversa la rue.

- Morgane ? interpella une voix féminine.

Je me retourna étonnée.

Une dame proche de la quarantaine se tenait près de notre maison. Elle portait un chapeau qui couvrait presque l'intégralité du haut de sa tête, mais ce que l'on apercevait de sa figure était assez pour deviner sa beauté.

- Oui ? dis-je curieuse. On se connait ?

- Nous nous sommes déjà vu.

- Ah bon ? Quand ça ? demandais-je perplexe.

- Hier soir. Vous vous en souvenez sûrement.

Je m'approche d'elle et l'interroge du regard. De quoi parle-t'elle ? Il y a tant de pensées dans ma tête que je sens qu'elle va exploser.

- Je suis celle qui vous avait défendu hier lorsque un homme était venu vers vous. Vous vous en souvenez désormais ?

Je réfléchis et quelques souvenirs me revinrent en tête. Je me rappelle de cet incident, mais c'est assez flou.

- Oui, mais très vaguement.

La femme devant moi souris puis s'approcha de moi. Elle me saute au cou soudainement et m'enlace.

- Oh, tu m'as tellement manqué ! chuchota-t'elle.

Je reste quelques secondes étonné puis la repoussa soudainement.

- Qui êtes vous ? demandais-je surprise par son comportement.

Comment je peux lui manquer si on s'est croisée hier quelques secondes ?

Je la regarda fixement puis un noeud vient de former dans mon ventre. Je commence à paniquer au fond de moi. Son regard, il est si bleu, si profond et... familier ? Les larmes me montèrent aux yeux sans que je ne saches pour quel raison. Cette femme est étrange, et sa présence ne me laisse pas indifférente. Lorsque elle m'a enlacée, son odeur, sa peau...

Elle reste silencieuse et ne me réponds pas.

Oh mon dieu.