13 Avril

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L’hélicoptère se posa sur la tour d’un bâtiment. Situé au beau milieu d’une plaine, entouré de barbelés, de nombreux soldats patrouillaient aux alentours.

— Descendez ! leur cria William pour couvrir le bruit des turbines.

Le groupe s’exécuta, et des hommes vinrent les aider à décharger les caisses de matériel. On les entraina à l’intérieur du bâtiment, où une dame blonde les attendait.

— Prenez ceci, leur dit-elle en leur tendant un badge. Accrochez-le de manière qu’il soit visible de tous.

Après s’être exécuté, elle les fit visiter les locaux. Chaque porte était surveillée et ne se déverrouillait qu’une fois les identités vérifiées, pour se refermer aussitôt derrière eux. Tous les déplacements étaient minutieusement contrôlés. Le silence était uniquement troublé par leurs pas. Clarissa se rapprocha discrètement de Jasper, comme pour se rassurer. Une atmosphère lugubre se dégageait des lieux.

— Nos sujets sont dans des chambres individuelles. Tout est fait de manière que les contacts entre eux soient proscrits. De plus tous les tests de dépistages pratiqués sur eux depuis plusieurs semaines sont négatifs. On sait qu’ils sont sains, déclara l’administratrice de l’endroit.

— Et qu’en est-il de la sécurité ? questionna William.

Les deux échangèrent un regard. La femme blonde se fendit d’un sourire lumineux.

— Je vous propose que vos équipes se mettent au travail. Nous pourrions en discuter pendant ce temps.

L’américain approuva. Jasper comprit qu’ils voulaient les éloigner de la discussion. Il aurait aimé savoir pourquoi, mais on ne lui laissa pas le loisir de s’exprimer.

— Jasper et Clarissa, vous vous mettez au travail, Luke tu restes avec eux, ordonna-t-il.

— Vous pouvez commencer par cet étage, leur dit la russe. Je vais vous déverrouiller le premier couloir.

— Luke tu nous dit quand vous aurez fini, on viendra vous rechercher, finit William.

L’homme de mains acquiesça, et le trio s’engouffra dans le premier couloir menant aux chambres de leurs patients. La porte se referma derrière eux. Munis de leurs protections et de leur matériel, les deux scientifiques se dirigèrent vers la première chambre, Luke sur leurs talons. Il faillit les percuter quand ils s’arrêtèrent brusquement. La première porte était transparente, et laissait apparaitre la chambre, ou plutôt la cellule. Grande d’environ 9m², elle comportait une couchette sur laquelle était solidement attaché un homme, un paravent derrière lequel on devinait un lavabo et des latrines. Choqués par cette vision, Jasper se retourna brutalement vers Luke, son regard quémandant clairement des explications.

Quel était cet endroit. Pourquoi cet homme était-il si solidement attaché ?

— Où sommes-nous réellement ? demanda-t-il d’une voix froide.

Luke grimaça, maudissant William de le laisser dans une telle situation. Comme si le garçon n’allait pas poser de questions sur cet endroit. Comme s’il allait fermer les yeux, et juste pratiquer ses essais. Il grinça contre son supérieur qui le laissait se débrouiller face au caractère revêche du gamin. Il soupira et décida de lui dire simplement la vérité.

— Dans une prison de la Russie.

Les yeux des deux scientifiques s’écarquillèrent. Les essais allaient se faire sur des prisonniers ! Jasper renifla dédaigneusement.

— Donc ces gens ne sont pas consentants.

Il regarda l’homme immobilisé.

— Je parie même qu’ils ignorent tout de ce qu’il va se produire.

Luke se gratta l’arrière de la tête, visiblement gêné.

— Viens Clary, allons-y !

Jasper l’attrapa par le coude, leur chariot médical suivit le mouvement. Ils pénétrèrent à l’intérieur de la cellule, la porte se refermant derrière eux, Luke resta dans le couloir.

Sa sœur se dégagea d’un mouvement brusque.

— Hey, mais tu ne vas pas les laisser faire ça, s’offusqua-t-elle, en désignant Luke, qui s’était appuyé contre le mur en face de la porte.

Il les observait de l’extérieur. Il ne rentrerait pas avec eux. Jasper regarda sa sœur, résigné.

— Nous n’avons pas le choix, murmura-t-il. Venant d’eux ça ne m’étonne même pas qu’ils emploient de telles méthodes.

— Mais ce n’est pas éthique, gargouilla Clarissa.

— Si nous ne le faisons pas, ils s’en occuperont.

Maintenant qu’ils avaient les protocoles, et les essais, s’ils refusaient se de mettre à la tâche, d’autres n’auraient aucunes hésitations. Mieux valait donc qu’ils dirigent les opérations. Les deux se regardèrent et finirent par abdiquer. Ils n’approuvaient pas ces méthodes, mais ne pouvaient y échapper.

Le cœur lourd, l’estomac dans la gorge, ils se mirent à l’action.

QUAND LA NUIT S'ABATTRA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant