QUAND LA NUIT S'ABATTRA

15 Août

Le lendemain, il se réveilla parfaitement reposé. Certes il n’avait pas récupéré toutes ces forces physiques, mais mentalement il se sentait parfaitement détendu, là allongé sur une couverture moelleuse, emmitouflé dans un peignoir d’hôtel.

— Bien dormi ?

Jasper se frotta les yeux se relevant doucement.

— Génial, affirma-t-il en étouffant un bâillement. Mais pas assez de toute évidence.

Ses petites frasques avec le russe, bien que fortes appréciables lui avaient fait perdre toutes ses dernières forces. Pourtant, il se sentait serein, prêt à affronter la suite.

— La réunion commence dans une heure. Je t’ai préparé des habits. Va te changer.

— Merci.

Jasper attrapa le tas de tissu et voulu s’enfermer dans la salle de bain. Il se ravisa quand il comprit que ses jambes ne le porteraient pas. Il jeta un coup d’œil à Evgeny. La concentration était visible sur le visage du russe. Il était plongé dans ses papiers. Le jeune homme ne voulu pas le déranger, il se tourna pour être face au miroir et commença à se changer, directement sur le lit.

Sa peau sentait la mousse de bain et ses cheveux luisaient de propreté. Ils étaient tout doux au toucher et coiffés avec soin. Il rougit en songeant à ce qu’Evgeny avait osé lui faire dans le bain. Il se rabroua, alors que ses pommettes se coloraient. Ce n’était pas le moment de batifoler, pas alors que le moment était solennel et demandait tout son pouvoir de persuasion pour faire entendre sa voix. Il n’y avait pas de place pour l’amusement.

Il enfila la tenue. Un slim complété d’un pull moulant, signe qu’Evgeny était à l’origine de ce choix. Par chance, les couleurs restaient passe-partout. Au moins, il ne serait pas la cible de tous les regards dès son arrivée. Il laissait ce rôle à Evgeny.

Il eut à peine fini de s’habiller, que l’on frappa à leur porte. Sans attendre de réponse, William entra. L’homme tout vêtu de cuir en imposait par sa stature. Il avait retenu ses cheveux argentés par un lien en cuir également noir. A ses côtés, Evgeny paraissait plus petit, mais lui aussi marquait les esprits, même si c’était davantage par les couleurs qui le parsemaient des pieds à la tête. Evgeny eut un regard appréciateur envers Jasper, mais William ne lui décrocha pas l’ombre d’un sourire. Il avait la rancune tenace.

— Si vous êtes prêt, allons-y.             

Evgeny attrapa la main de Jasper, le soutenant, ils s’avancèrent dans le couloir. Jasper eut la surprise d’y retrouver Amélie, James, Robert et Luke. Ce dernier se plaça aux côtés de William. Il allait s’occuper de leur sécurité, bien que les deux hommes n’en aient pas besoin, il devait être là pour lui et ses coéquipiers.

— Jasper on t’accompagne, annonça Amélie.

— Oui, on te soutiendra, on ne sépare pas une équipe gagnante, affirma James.

Le jeune homme eut un petit sourire. Aucun ne connaissait la suite des événements, mais ils seraient là pour l’épauler. D’un coup, il se sentit un peu moins seul face au monde entier. Le groupe soudé s’installa dans la salle de conférence encore vide à cette heure-ci. Ils choisirent leurs places dans l’amphithéâtre et confortablement assis sur des sièges en velours bordeaux, ils purent assister à l’arrivée de tous les chefs d’états. Consciencieusement, Jasper les observa tous, essayant de deviner leur position. L’affaire était loin d’être gagnée. Une autre partie débutait.