Prise de conscience

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** J'ai mis une musique en plus, pour accompagner votre lecture

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** J'ai mis une musique en plus, pour accompagner votre lecture. C'est l'instrumentale, parce que j'avais peur que les paroles se confondent avec mes mots, mais je vous encourage vivement à aller écouter l'originale après. **

Je crois qu'il n'existe pas un vieux qui n'ait aucun regret... Ce n'est pas à cet âge qu'on devient bête, c'est à cet âge qu'on prend conscience de la vie.

Je ne cessais d'imaginer ce qu'il se serait passé si je n'étais pas allée voir cette psy à mes seize ans... est-ce que j'aurais vécu ma vie de rêve ? Est-ce que je serais allée au Pôle Nord ? Je me rappelle encore ce jour où j'avais écrit au Père Noël « Je veux venir chez vous s'il vous plait. », avec un petit cœur à la fin. Mais jamais je ne l'ai vu : ni lui, ni la banquise... A toujours reporter et vivre comme les autres, on se perd dans nos désirs, et on passe notre fin de vie à regretter le passé.

Et certains disent, ou bien pensent (j'ai d'ailleurs fait partie de ceux-là) : « Je partirai en voyage à la retraite. Ce sera elle, ma vie de rêve ! ». On reporte toujours ! Et on anticipe et prévoit trop le futur ! Mais on a le droit de reporter uniquement lorsque on peut prédire ce qui arrivera dans dix, vingt ou trente ans... soit jamais. Parce que je n'avais pas imaginé que la fonte des banquises serait si sévère qu'on interdirait les voyages au Pôle Nord. Parce que je n'avais pas imaginé que le cancer me tomberait dessus et affaiblirait mon corps tout entier. Parce que je n'avais rien imaginé, je me retrouve aujourd'hui à regretter.

Si je pouvais parler à mon moi du passé, je lui dirais : « Ne les écoute pas ! Ne change pas pour eux ! Vis ta vie, celle qui te fait vibrer ! ». Mais je ne peux pas... C'est trop tard. Toujours trop tard. Ainsi va la vie.

En attendant, je suis coincée là, à espérer que je pourrais changer quelque chose ; mais tout ce que je peux faire, ce sont mes courses. Sur cette triste conclusion, mon cerveau revint à la réalité, et ordonna à mes membres d'aller chercher mon caddie dans l'armoire. Aïe, mon dos. J'attrapai mon manteau rouge, le mis sur mon dos, et partis en direction du supermarché le plus proche, en espérant ne rien avoir oublié dans l'appartement. Tant que j'ai ma liste de course, c'est bon !

Je pris l'ascenseur de l'immeuble, et arrivai enfin en bas, après avoir attendu que la mamie du troisième, Héloïse, monte également avec moi ; mais qu'est-ce qu'elle était lente ! Son chien ne voulait pas non plus rentrer à l'intérieur de la cabine, pour couronner le tout ! Saleté de bêtes, ils nous salissent nos trottoirs en plus !

Finalement, au bout de quelques minutes, j'aperçus le supermarché. Tant mieux, quelques minutes de plus et mes jambes auraient flanché.

- Bonjour Mélina, vous allez bien ? me demanda ma caissière préférée, avec comme toujours, un grand sourire qui faisait son charme.

- Ça peut aller... répondis-je un peu morose.

- Bah qu'est-ce qu'il y a ?

- Oh, rien de plus que d'habitude, ne vous en faites pas. Simplement, ce n'est pas si joyeux la retraite !

- Ouf, vous m'avez fait peur ! Si ce n'est que ça, je suis rassurée ! s'exclama-t-elle en retournant à son client.

« Si ce n'est que ça », si ce n'est que ça... C'est déjà suffisant non ? Faudrait-il que je meure pour qu'on dise « en effet c'est un peu grave » ? Mais bon, on dédramatise toujours tout... Ainsi va la vie !

Je fis donc mes courses en balayant ces pensées négatives, et en accordant mon attention sur la liste que j'avais préparée : « Carottes, dinde, hachis parmentier, lasagnes, pommes, sel, mouchoirs... » Vingt-trois choses au total à ne pas oublier. A mon âge, sans liste, on ne s'en sort pas ! Et encore, même si on en a une, c'est compliqué ! Je passai finalement à la caisse une dizaine de minutes plus tard, au près de ma petite caissière :

- Et ça nous fait quatre-vingt-deux euros et soixante-dix-neuf centimes Mélina ! s'exclama-t-elle, ravie.

Je sortis mes clés, mes chewing-gums, et tout ce qui remplissait ma poche droite, à la recherche de mon porte-monnaie.

- Non de Dieu ! Je l'ai laissé sur le bureau ! Merde !

- Ah mince... Hum... Bon, remplissez votre caddie et... et repassez après. Oui, on va faire ça. Vous ramenez vos courses chez vous puis vous revenez me voir. Je mets le ticket de côté. Enfin si ça vous va hein !

- Oui oui, on fait ça, très bien, soufflai-je dans un soulagement. Merci !

- Alors à tout de suite ! déclara la jeune adulte en retrouvant son sourire.

- Oui, à tout à l'heure, merci beaucoup !

Quelle tête en l'air !

Je remplis mon caddie de toutes mes courses, excepté du paquet de pâtes et des gâteaux qui ne rentraient pas, que je mis dans un sachet en plastique. Je sortis finalement du supermarché, en prenant la direction de mon immeuble, trainant péniblement ce caddie bien trop rempli. Je sentais les gouttes de sueur perler sur mon front tout ridé. Et dire qu'une fois arrivée, je devrais repartir !

- Stop ! cria une mère à son enfant. Combien de fois dois-je te dire de ne pas traverser au rouge ? C'est pas possible !

La dame rattrapa par le bras son petit garnement, qui se contenta de répliquer par le rire. On ne prend rien au sérieux quand on est jeune ! On est insouciant, innocent et rebelle ! Parfois je me demande ce que Dieu voulait. Je ne crois pas en son existence, mais pour moi, le mot « Dieu » caractérise tout le côté positif dans la création de la vie, et tout ce qui va avec. Par exemple, notre corps produit des anticorps pour se défendre contre les maladies : la vie est bien faite ! Et quand on nait, on est la création brute, à l'état pur. Personne ne nous a encore instruit ou changé. Je me demande ainsi si les enfants ne devraient pas devenir notre exemple : si la vie est bien faite, et que Dieu est bon, les jeunes devraient être parfaits. Peut-être qu'alors, en suivant leur comportement, il n'y aurait plus de problèmes écologiques, économiques, démographiques...

Je n'ai absolument pas la réponse, mais je suis certaine d'une chose : l'instruction que l'on reçoit nous change. Elle change notre caractère, notre physique, nos croyances... On devient ce que l'on apprend. Ainsi, on devient la normalité. Et ceux qui, par chance, parviennent à y échapper, sont persécutés...

Il suffit de regarder les alentours pour s'en rendre compte : on est tous les mêmes.

J'arrivai enfin au niveau de mon immeuble. Je levai les yeux en direction de la fenêtre de ma cuisine, habillée de jolies tulipes et roses sur le rebord : elles sont toujours en bonne santé mes petites fleurs ! J'aperçut alors quelques mètres au-dessus une jeune fille brune à sa fenêtre. Ses yeux bleus étaient rivés sur moi. Qu'avait-elle donc à me regarder comme ça ? Ne lui a-t-on jamais appris la politesse ?

Ce qui est sûr, c'est qu'elle changera la gamine... Et elle deviendra comme tout le monde..

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 21, 2020 ⏰

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