12. La traversée

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L'armée grecque, menée par Léonidas, venait tout juste d'infliger une cuisante défaite aux troupes du roi Xersès Ier. Elle se retira, laissant les Perses compter leurs morts et panser leurs plaies. Et, alors que les corps n'étaient pas encore froids, elle chargea de nouveau.

Car la première vague ne fait que creuser les fondations du château de sable, c'est la deuxième vague qui l'achève.

Caelus, Essai sur la stratégie militaire


« Attention ! » cria Adrian.

Le pilote tourna la tête ; une frappe sonique localisée lui transperça l'épaule avec la force d'une barre de fer lancée à la vitesse du son. Il se mit à crier.

Ek'tan repéra au moins deux membres d'équipage armés, qui avaient réglé leurs pistolets à impulsion sur la puissance maximum.

À ce moment, tous les membres d'équipage qui n'étaient pas attachés s'envolèrent. La gravité venait d'être coupée.

Une onde de choc mal ciblée frappa le plafond, dont l'écran de plastique se fendit sans se briser. Ek'tan parvint à riposter ; un des deux hommes fut écrasé contre son moniteur. Des gouttes de sang volaient désormais dans la pièce.

« Je m'occupe du deuxième » plastronna Adrian tout en vérifiant que l'apesanteur n'avait pas froissé sa moustache.

Un tir le cueillit au niveau de l'estomac et le propulsa contre le plafond ; Ek'tan crut entendre un craquement ; il resta incrusté plusieurs secondes, puis se dégagea avec un grognement désapprobateur.

« Je suis invincible ! » s'exclama-t-il en se propulsant de nouveau vers le bas.

L'assaillant crut que son pistolet ne fonctionnait pas et le laissa tomber.

« Mesdames, messieurs, vous allez maintenant constater l'efficacité de ma technique de lutte personnelle. Ça marche même sous l'eau. »

Il rebondit souplement contre le sol. L'homme serra les poings et rentra la tête ; d'une carrure assez épaisse, les épaules larges, protégé de ses bras, il avait l'air parfaitement blindé. Adrian lui écrasa le pied dans l'entrejambe et on n'entendit plus rien de lui.

« Faites comme on a dit, ordonna ensuite l'alchimiste aux autres pilotes. Toute l'énergie dans la propulsion. »

Il déchira une manche de sa veste et confectionna une compresse en laine de bébé alpaga, tout en déverrouillant du pied le poste de pilotage passé en mode veille. Le pilote dérivait toujours en apesanteur en se tenant l'épaule ; il laissait derrière lui une traînée de gouttelettes de sang. Adrian l'attrapa par les pieds, le ramena jusqu'à lui et comprima la blessure.

« Vous allez survivre, indiqua-t-il à l'homme, blême, dont les dents claquaient. Faites-moi confiance, je ne me trompe jamais. »

Il l'expédia en direction d'un médecin de bord.

« Attachez-le ! Il ne nous reste que quelques secondes avant l'accélération. »

Adrian s'enfonça ensuite dans le siège.

« Ne vous en faites pas, je prends les commandes. J'ai quasiment construit cet engin.

— Amirale, vous n'avez rien ? »

Agrippée à une barre de maintien, Naranda descendit vers Ek'tan. Ses insignes de commandante luisaient en clignotements rouges, comme le soleil traversant un horizon boisé. Son regard donnait une impression curieuse de détachement.

Nolim II : Le dévoreur d'étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant