let's fall in love for the night

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les cheveux de jais de mark, encore décoiffés par leur trajet en vélo, virevoltèrent alors que leur propriétaire attrapa son sac à dos, paresseusement avachi sur le sol, et le vida de tous ses cahiers, de tous ses manuels et de toutes ces choses futiles quand on voulait aider quelqu'un à sourire de nouveau. le noiraud respirait vite, par la bouche, et ses gestes respiraient la vie, l'impatience. peut-être comprenait-il la raison de son état, ou peut-être pas, mais les rougeurs sur ses pommettes opalines prouvaient bien que son coeur, lui, le savait. et quand on a la chance d'avoir un coeur qui sait ce qu'on doit faire, il ne faut jamais hésiter à le suivre, parce qu'il sait toujours mieux que notre tête. quand il n'écoutait pas la voix tendre de donghyuck, mark écoutait toujours son coeur, ses émotions, ses ressentis, sa chair de poule. il s'était heurté à des murs, il avait reçu quelques claques de la vie et de ses habitants mais il avait toujours cru en son coeur, têtu comme il est. mais c'est ce qui le rendait si attachant. et c'est pourquoi personne ne pouvait lui en vouloir trop longtemps. il voulait juste rendre les gens heureux parce que c'est ce que son coeur lui murmurait à la poitrine. le sourire des gens était son bonheur à lui et la valeur de cette qualité faisait bien de l'ombre à sa naïveté, qui finissait parfois par lui jouer des tours. mais mark voulait juste aimer et faire sourire le coeur des gens, rien de plus, alors il se fichait bien des conséquences. 

la porte de sa chambre claqua derrière lui et il dévala les escaliers, glissant sur l'avant-dernière marche en bois à cause de ses chaussettes rayées. il se rattrapa de justesse à la rampe, ravalant son juron. son sac à dos vide rebondissant sur ses épaules, il fila à la cuisine et fouilla dans ses placards en rouspétant. il cherchait ces guimauves que sa mère achetait il ne savait où et qui n'était ni trop sucrées, ni trop compactes. légères comme un nuage, comme deux cœurs amoureux, comme un millier de rires : elles étaient parfaites pour ce soir. il ne put que mettre la main sur un paquet quasiment pas entamé mais il se satisfit de cela. il prépara ensuite un thermos de chocolat chaud et, pour accompagner ces douceurs, il rangea dans son sac un plaid et deux tasses. il essaya d'enfiler en même temps son sweatshirt et ses baskets râpées sans glisser.

- je dois aller faire un truc maman, m'attends pas pour manger !

sa mère, plongée dans son travail, avait bien cru percevoir la voix de mark mais il n'aurait servi à rien de lui répondre : en souriant, elle regarda par la fenêtre de son bureau la peau de son fils, aussi pure que l'était son coeur, s'éloigner dans la nuit, réfléchissant presque la lumière des lampadaire, et enfin disparaître à grands coups de pédales.

mark, lui, ne remarquait presque pas l'effort qu'il faisait : transporté par l'envie et la hâte d'arriver à destination, il lui semblait survoler les pédales, comme si son fidèle vélo se pressait lui aussi. dans son casque, donghyuck répondait toujours aux questions de ses auditeurs à présent, les voitures se faisaient rares dans le petit centre-ville de sa banlieue et il eut tout le loisir de rouler à l'allure qui lui convenait. debout sur son bolide, ses jambes sautaient sur ses pédales et le vent courait dans ses cheveux qu'il n'arrivait jamais à coiffer convenablement, peu importe l'attention qu'il y portait. la brise chaleureuse et fleurie, née du commencement du printemps et des couchers de soleil de plus en plus tardifs, se mêlait avec joie à celle que créait la vitesse de mark. bientôt, il aperçut cette façade maussade qu'il côtoyait bien plus qu'il ne l'aurait souhaité mais pour ce qui lui sembla être la première fois, il fut heureux de rejoindre son lycée. 

il gara son vélo puis s'assit sur un banc, placé juste à côté de la sortie de l'école quand il fut soudainement frappé d'un doute : et s'il exagérait ? et si donghyuck n'appréciait pas son geste ? et s'il se ridiculisait ? il pensa à la réaction du garçon au sourire soleil si la présence de mark le surprenait... et s'il n'aimait pas les surprises ? d'un coup, le noiraud se sentit bien bête, assis seul dans le noir, près de son lycée avec son sac plein de gourmandises que donghyuck n'aimerait peut-être même pas. il prit sa tête entre ses mains et tritura ses cheveux, comme il faisait souvent pour se rassurer. et si donghyuck ne le reconnaissait p-

- mark ?

l'apostrophé se leva en sursaut, et ses yeux inquiets rencontrèrent ceux de donghyuck. son visage caramel, son grand sourire, ses yeux chocolat : le brun paraissait serti d'un halo d'une lumière pure et douce, comme celle qui brillait au fond de ses yeux. après avoir entendu sa voix tout à l'heure, il pensait qu'elle serait plus éteinte mais au contraire : elle éclairait tout son visage, toute la rue, toute la ville et c'était mark qu'elle regardait. et le noiraud se sentit comme le plus heureux des garçons. 

il se rapprocha de lui, à moins que ce fut l'inverse, et ils se trouvèrent enfin à quelques pas à peine l'un de l'autre. mark aurait pu lui dire les milliers de choses qui menaçaient à tout instant de glisser de sa langue éprise mais il ne parvint qu'à lui souffler une petite phrase :

- tu te souviens de mon nom ?

donghyuck éclata de rire. le coeur du plus âgé retrouva son rythme de croisière, le rythme qu'il préférait au monde : celui qu'il prenait quand il était près de celui du brun. mark rit avec lui sans vraiment savoir pourquoi... il était juste heureux. et son rire se métamorphosa en le plus beau des sourires quand celui de l'ange face à lui lui répondit seulement :

- comment l'oublier ?

silence seulement troublé parfois par un battement de coeur plus sonore que les autres. vous savez, mark et donghyuck n'étaient pas amoureux l'un de l'autre : ils étaient seulement l'un pour l'autre cette personne qui était venue remplacer le visage vide qu'ils embrassaient dans leurs plus beaux rêves. quand l'un passait dans un couloir, l'autre perdait le fil de ses paroles et ses pensées se teintaient de la même couleur rose que leurs joues. ils aimaient s'adresser des sourires qui ne quittaient pas leur tête de la journée et des signes de la main timides qui les faisaient secrètement rougir. mais à y penser, mark et donghyuck étaient juste dans les pensées et dans les marges de feuilles de cours de l'autre. à y réfléchir, ils ne se connaissaient pas tant que ça, finalement.

mark passa sa main droite dans ses cheveux, ne pouvant plus supporter le regard si puissant de celui dont il aimait tant la voix. il posa enfin ses yeux sur son sac et en s'étirant un peu pour l'atteindre, ses lèvres abordèrent un petit sourire timide alors qu'il n'osait plus regarder donghyuck.

- tu avais l'air un peu triste pendant ton émission et je... euh... je voulais te remonter le moral... alors j'ai apporté de quoi boire et manger. et un plaid aussi ! et j'ai pensé qu'on pourrait un peu discuter, toi et moi. enfin, seulement si tu en as envie ! s'empressa-t-il d'ajouter en croisant les prunelles interrogatives de l'autre garçon. 

en fait, plus qu'interrogatif, donghyuck était stupéfait. son coeur avait soudainement explosé dans sa poitrine en fête et il ne put retenir un sourire béat d'affection. il s'approcha encore un peu d'un mark figé et d'un geste un peu maladroit, il attrapa la main tremblante du noiraud, qui avait ses iris noires comme la nuit accrochées à leurs doigts entremêlés.

- je connais l'endroit parfait. suis-moi !

ー sweet talk radioOnde histórias criam vida. Descubra agora