pluto projector

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désespérément accrochés aux étoiles, les deux garçons n'avaient pas vu la nuit passer. ils avaient passé leur temps à parler et à se découvrir plus en quelques heures qu'en deux ans de lycée. parfois, ils se taisaient pour mieux regarder le ciel... ou l'image qui s'en reflétait dans les yeux de l'autre. mark sentait toujours un bruissement spécial dans sa poitrine quand il voyait ces moments arriver : donghyuck était un soleil qui aimait tendrement chacune de ses sœurs et quand il avait déroulé son regard dans l'immensité du ciel, rien ne pouvait le sortir de sa contemplation. mark, qui ne se lassait jamais des boutons de lumière nocturne, avait toujours été persuadé que rien n'était plus beau qu'une nuit étoilée accompagnée d'un carnet de poèmes corné et d'une fenêtre ouverte. mais pour son plus grand bonheur, il venait d'apprendre qu'elle était toujours aussi jolie accompagnée d'un beau garçon, de pelouse et d'un plaid... non, c'est faux, oubliez. elle était plus jolie encore, et il en fût persuadé une fois de plus quand il croisa le regard du châtain, encore et encore.

dans la nuit, il savoura la douce image de leurs mains entremêlées : mark et sa peau opaline, qui semblait briller dans le noir et celle de hyuck, tannée par ses rencontres avec le soleil. elle semblait faite de caramel, de cuivre, de café latté, et de toutes ces choses qui sont aussi délicieuses en bouche qu'en statue. mark avait bien envie de l'embrasser encore mais il n'osait pas déranger l'euphorie tranquille de l'ange allongé à ses côtés. ébahi, il se soûla du tableau qu'il avait la chance de côtoyer jusqu'à étancher sa soif mais impossible : celle-ci ne semblait pas avoir de fin.
- hey, hyuck ?
- hum ?

sa voix était à peine plus haute que le bruissement du vent dans les arbres ; elle suffit à renverser le cœur, l'estomac, les poumons, le corps entier de mark. il se demanda vaguement si la poitrine de donghyuck réagissait comme lui dès qu'il disait quelque chose mais il étouffa bien vite cette pensée : évidemment que non, mais ça ne le dérangea pas. le châtain était un magicien des cœurs, un prophète des jolis mots : il était ensorcelé et inconsciemment (sûrement), il rejetait son sort sur toutes les âmes qui passaient près de lui.
mark était si heureux d'avoir été ensorcelé à son tour. il toussota, détourna le regard et passa nerveusement sa main dans ses cheveux corbeau.

- je... bon je t'ai fait une playlist aussi. je suis pas très fort, et surtout pas autant que toi mais j'ai pensé que ça pourrait te remonter le moral. tu sais, pour... euh pour les jours où on aura pas de quoi se faire du chocolat ou un truc dans le genre, tu sais.

soudainement, il se sentit aussi ridicule que s'il était rentré en plein dans une baie vitrée. quelle idée idiote de faire une playlist à quelqu'un qui guidait les autres dans les leurs !

- euh je v-
- mark, tu as même pris le temps de me faire une playlist ?

dans l'obscurité, le noiraud sentit ses pommettes prendre la couleur et la chaleur des levers de soleil. en fait, - il ne l'avouerait jamais à personne ! - il avait eu tout son temps pour penser aux chansons de cette playlist, puisque cela faisait des semaines qu'il la créait et la réarrangerait pour lui. pour ne pas mentir, il en avait fait plusieurs, chacune pour une ambiance, un rendez-vous, un ciel différent. ce soir, il lui avait offerte celle qui le faisait voler, comme dans un rêve, et dont la douceur lui permettait de s'évader un peu plus encore quand il était assis à sa fenêtre. il en connaissait sûrement l'ordre exact des morceaux tant il l'avait écoutée et il espérait du fond de son cœur candide que lorsque son soleil se sentirait effacé par les nuages, les chansons suffiraient à les chasser.

- tu... ça veut dire énormément pour moi, tu n'imagines même pas. c'est la plus belle chose que tu aurais pu m'offrir. merci, mark. merci infiniment.

curieusement, le plus vieux eu l'impression que le soleil avait les yeux bien brillants mais il ne dit rien et se détourna une seconde pour prendre son téléphone et ses écouteurs, impitoyablement emmêlés. tandis qu'il se battait avec les petits fils glissants et les centaines de nœuds qu'ils avaient dû trouver bien amusants à faire, donghyuck lui demanda :
- dis-moi mark, tu n'as pas un casque normalement ? un casque sans fil ?

ー sweet talk radioWhere stories live. Discover now