❧ Chapitre 25 ❧

10 1 0
                                    


 « L'amour infini ne connait pas l'oubli. Au nom de l'amour je t'appelle au secours.»


- Geri Halliwell


Les picotements se font de plus en plus désagréables dans mon corps alors que nous roulons à toute allure à travers les rues fraichement goudronnées de Garden district. Je pourrais facilement m'émerveiller des magnifiques demeures qui m'entourent, si bien sûr Aydan n'était pas en danger de mort ou que ma peau ne me démangeait pas autant autour de mes blessures. Lorsqu'Henry appréhende un virage à toute allure, je constate que ma tête à cessé de m'élancer de même que le bourdonnement dans mes oreilles s'en est allé. J'ai soudain le courage de me redresser seule sur l'un des sièges arrières, tout cela sous le regard médusé de Marie-Anne.

— Je crois que je guéris à une vitesse surnaturelle, me sens-je obligée de préciser. Ma condition d'immortelle je présume...


Ma jeune amie hoche la tête officieusement pendant que j'assiste, estomaquée, à la disparition progressive de chacun de mes hématomes. Chaque parcelle meurtrie retrouve sa couleur beige comme une vague s'échouerait mollement sur un banc de sable à la plage. À l'intérieur de mon corps, un fourmillement de plus en plus intense semble ressouder chaque os, chaque muscle, chaque vaisseau sanguin sectionnés. Ma rotule retrouve doucement son orientation habituelle comme si ma jambe était elle-même poussée par sa véritable nature à reprendre sa place avec la douceur d'un courant d'air. Mon nez lui aussi n'échappe pas à sa réparation, cette fois-ci avec un petit pincement douloureux qui me fait grimacer. Ma tête est comme plus légère, ce qui se ressent instantanément par la qualité de ma vision. Seules les taches de sang séché sur mon visage trahissent désormais les anciennes contusions. Bientôt mais beaucoup trop tard à mon goût, la voiture s'immobilise sans douceur devant une impressionnante grille en fer forgé sur laquelle nous pouvons déchiffrer les mots de « Cimetière Lafayette N°1 ». Nous y sommes. Je me précipite hors de l'habitacle sans même prendre la peine de refermer la portière derrière moi et mes compagnons m'imitent sans vraiment le réaliser. Je cours presque jusqu'à l'entrée avant de me retourner vers eux : tellement de caveaux nous entourent qu'ils constituent ensemble un labyrinthe de pierre à taille humaine, soit impossible à fouiller sans s'y perdre. Je me retourne vers Henry :

— Et maintenant ? Où est-ce que ton père a pu enfermé Aydan ? demandé-je précipitamment, l'angoisse débordant à travers mes propos comme un verre d'eau rempli au ras-bord. (L'atmosphère funèbre m'oppresse et ne fait que me chuchoter l'hypothèse de la mort d'Aydan à tel point que ma panique transperce dans chacun de mes mots.)

— Je n'en ai aucune idée, il faut fouiller chaque recoin du cimetière, peut-être les trouverons-nous...

— Non, coupe Marie-Anne, le regard toujours rivé sur le labyrinthe de caveaux devant nous, nous ne pouvons pas nous éparpiller sur une telle surface, nous serions trop vulnérable et pourrions ne jamais nous retrouver dans ce dédale de tombes !

— Marie-Anne à raison Henry, chercher Aydan nous prendrait trop de temps, ce que nous ne possédons pas. Tu dois bien avoir une idée de l'endroit précis où ton père le retient, l'encourageais-je en pressant son épaule pour l'orienter vers moi : notre ami est aussi terrifié par la perspective de ne pas délivrer Aydan à temps que de confronter son père.

Le blond ferme alors les yeux certainement à en voir des points noirs tout en frottant ses tempes d'une main. Soudain, son corps se redresse de toute sa hauteur pour découvrir son visage éclairé par la réponse :

Contre le temps : 20'sWhere stories live. Discover now