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Lorsque nous étions arrivés à notre chambre d'hôtel, il était déjà presque 1 heure du matin. Je pouvais voir à quel point Jungkook était fatigué, même après sa sieste dans l'avion, il commençait à s'endormir pendant que nous étions dans le taxi. Moi, par contre, j'étais bel et bien éveillé. Bien conscient, comme toujours. Je regardais par le côté de la fenêtre, incapable de me canaliser sur quoi que ce soit. Je n'avais pas du tout envie de réfléchir. Je n'avais pas envie de bouger. Je voulais m'allonger dans le lit et ne jamais avoir à le quitter.

Dès que nous arrivâmes dans la chambre d'hôtel, Jungkook s'étala sur son lit, face contre terre, ou comme matelas plutôt, toujours vêtu de son manteau. L'ancien moi se serait probablement moqué de lui, ou l'aurait taquiné pour son sommeil instable, mais je n'avais même pas l'énergie de faire semblant.

"Jimin... Je suis tellement fatigué." Geignit-il.

Je lui répondis par un grognement monotone. Il soupira et s'assit légèrement pour enlever sa veste et la jeter sur le sol. Il se tortilla pour se recouvrir des couvertures enroulées au bout du lit, puis trouva finalement une position assez confortable pour dormir.

"Je vais prendre une douche."Annonçai-je, presque sans émotion, mais il était trop fatigué pour le remarquer.

Il me fredonna quelque chose, commençant déjà à s'endormir. Je ne pouvais pas m'empêcher d'être jaloux de la facilité avec laquelle il s'était endormi, je savais déjà comment la soirée allait se passer, surtout après cette scène dans l'avion.

Je pris ma valise ainsi qu'une paire de mes vêtements les plus confortables pour dormir. Si je pouvais dormir, bien sûr. Je n'avais vraiment pas envie de m'habiller, alors je les porterais probablement demain de toute façon. Je n'avais pas la motivation nécessaire pour avoir l'air bien. J'ouvris une autre poche de l'étui et je creusai pour trouver la boîte en velours. Je savais que je ne devrais probablement même pas penser à le faire dans ces circonstances, mais je ne pouvais pas nier l'envie croissante dans mon estomac. S'il y avait quelque chose dont j'avais besoin maintenant, c'était ça.

J'éteignis la lumière de la pièce principale et allumai celle de la salle de bain. Je m'enfermai dans la pièce inconnue en marbre blanc et me déshabillai peu à peu.

Je jetai un coup d'œil à mes jambes nues dans le miroir. Elles étaient si repoussantes. J'avais l'air dégoûtant. Comment pouvait-on se soucier d'une personne comme moi ? Il n'y avait pas de raison non plus. Je mentais à tout le monde. J'inventais une fausse personnalité pour qu'ils s'y attachent aussi, et je foutais la merde avec leur coeur tout en ayant des coupures couvrant mes jambes. Il était trop tard pour que quelqu'un m'aime. Le vrai moi.

Je pris une lame de rasoir à un seul tranchant dans la boîte et trainai mes pieds dans la douche. Je tripotai les boutons jusqu'à ce que l'eau se déverse subitement, choquant mon système lorsque l'eau glacée me frappa le dos. Je réajustai rapidement la température, trop confortable, mais toujours un peu douloureuse, brûlante et chaude.

Je jetai un coup d'œil aux shampoings mais décidai que je n'avais pas l'énergie nécessaire pour un lavage complet. Je n'avais presque pas d'énergie pour quoi que ce soit, mais l'envie de me déchirer les cuisses était trop forte. La douche était juste un moyen facile de nettoyer le sang.

Je m'assis assis sur le sol de la douche, le dos tourné vers la pomme de douche, ce qui refroidissait l'avant de mon corps. Je l'ignorais cependant, le plus inconfortable était la sensation du carrelage froid contre ma peau nue sur le sol. Je devais faire avec, car il était impossible de se couper les jambes en se levant, et j'avais besoin d'être satisfait. Cela faisait trop longtemps que je ne l'avais pas fait, même si cela ne faisait qu'un jour que je l'avais fait. J'en avais une envie folle, c'était urgent. Peut-être étais-je accro ? Je me fichais de savoir si j'étais accro de toute façon.

Je coupai ma cuisse droite, chaque coupe devenant progressivement plus profonde et plus large que la précédente. J'avais fait 4 entailles avant d'atteindre la couche de graisse sous ma peau. Les entrailles jaunes et bouillonnantes se sont lentement remplies de sang, rejoignant les autres filets et déferlant le long de ma jambe et dans le drain. C'était bizarre cependant, ça faisait à peine mal. C'était comme si je ne le sentais plus. Je ne sentais presque plus rien.

La scarification était censée être mon échappatoire. Une façon de ressentir autre chose que la tristesse ou le vide. Mais ce n'était pas suffisant. Les 5 coupures béantes et sur ma cuisse n'étaient pas suffisantes. Il n'y avait pas assez de sang, la douleur piquante était trop sourde. Je voulais plus. J'avais besoin de plus.

Je n'avais jamais ressenti une telle envie avant. C'était comme si je voulais couper toute ma cuisse en deux. Je n'ai jamais voulu me blesser aussi gravement. Je savais que je ne devais pas, mais la petite tâche de peau qui restait avant le haut de mon genou avait l'air trop vide et invitant. Je poussai le bord tranchant vers le bas.

Un tintement aigu résonna dans la douche lorsque la lame tomba sur le sol. Je laissai échapper un fort sifflement avant de me couvrir rapidement la bouche pour contenir tout autre bruit de douleur. Je regardai ma cuisse, réalisant ce que j'avais fait.

La coupe était plus grande que tout ce que j'avais jamais fait auparavant. Elle s'étendait sur toute ma jambe, occupant la moitié de ma cuisse. La graisse était d'un jaune plus foncé vers l'intérieur de la coupe, et je pouvais voir des lignes bleu clair sous les zones transparentes de bulles jaunes. Elle faisait presque un pouce de long, je ne voulais presque pas croire que j'avais réussi à la faire aussi grande.

La douleur était tellement prenante que je crus que j'allais m'évanouir sur le coup. Mes sens étaient comme assommés par les décharges abominables qui se dispersaient dans mon être entier. Le temps semblait avoir été suspendu le temps qu'elle se remplir qu'à l'image d'une petite fontaine, mon sang se mit à couler abondamment.

Je n'arrivais pas à penser à quoi que ce soit. Je regardai la coupure et mon esprit autant que mon coeur que mes poumons s'emballèrent. Je ne savais pas quoi faire. Je ne pouvais pas aller à l'hôpital. Je savais qu'il faudrait probablement faire des points de suture, autrement elle ne s'arrêterait jamais, mais je ne pouvais pas laisser Jungkook le découvrir. Je me mis à paniquer quand la réalité de la situation s'éclaircit dans ma tête. J'étais cuit.

C'était une blessure grave. J'avais besoin de soins médicaux, mais je n'avais aucun moyen de le dire à Jungkook. J'attrapai la lame, tirai le rideau de douche, jetai l'objet du crime dans les toilettes et enclenchai la chasse d'eau. Je ne voulais plus la regarder. Je ne voulais plus jamais revoir une lame comme celle-là.

B R E A K- JikookWhere stories live. Discover now