Complementary [Blue Exorcist]

Chapitre 20

      « Mais t'es malade !? scandalisai-je, t'as failli m'embrocher !

- Si tu es blessée, le seul fautif sera ton manque de vigilance. » me réprimanda Shura.

Elle m'assena un coup parallèle que j'esquivai de justesse puis elle me faucha les jambes :

« Tu as peur, non ? »

Je m'étais écroulée sur le dos, désarmée et à la totale merci de mon entraîneuse. Plus d'une heure s'était défilée, j'étais harassée.

C'était alors qu'elle pointa son sabre vers mon larynx tout en me dévisageant de haut :

« Tu crois que ton adversaire va attendre que tu te décides ?

- N-Non je le sais bien, je déglutis avec grande difficulté, le regard scellé sur la lame brillante sous ma gorge.

- Alors qu'attends-tu ? C'est toi ou lui, pourquoi ne joues-tu que sur la défensive ? »

Cette dernière ne semblait pas voir à quel point elle me mettait en mauvaise posture : son agilité, sa rapidité, ses réflexes, sa ruse ainsi que sa force faisaient d'elle un véritable adversaire de taille. Sans compter son expérience qui l'avait rendu comme telle. Moi, j'avais beau avoir escrimé durant des années, seule ma réactivité m'avait sauvé jusque là.

« À quoi tu penses ? » tiqua Shura en rangeant son arme.

Très bonne question, j'y voyais flou à vrai dire. Je me sentais démotivée, c'était peut-être le mot.

« Tu m'as surestimée, dis-je tout haut, me redressant sur mes pieds, je ne crois pas être à la hauteur de tes espérances. »

Ma soeur me jaugea durement de ses pupilles avant de cracher sans tact :

« Si tu n'es pas qualifiée, dans ce cas qu'est-ce que tu fous dans cette académie ?

- Pardon ? bafouillai-je, vexée par sa franchise.

- Être exorciste, c'est ne jamais douter de soi-même. Pourquoi perdre ta confiance seulement aujourd'hui et pas hier ? »

Pourquoi ? Peut-être bien parce que chaque jour je découvrais un peu plus de révélations comme le fait de ne plus me connaître ?

« Shura, tu es la première à rappeler que ce genre de sentiment est humain... » murmurai-je, plus très sûre de moi.

Je ne me reconnaissais tout simplement plus.

Celle qui était confiante et qui n'hésitait guère une seule seconde à donner son avis en n'en ayant que faire de celui des autres n'existait plus.

« L'erreur est humaine certes, se rectifia-t-elle en radoucissant sa voix, mais pas pardonnable dans d'autres cas. Qu'est-ce que tu te diras, au moment où tu comprendras qu'on t'aura ôté la vie avant même que tu n'agisses ? »

Elle n'avait pas tord, c'était ce qui faisait d'elle une inspectrice digne quand je la contemplais.

« C'est Méphisto, n'est-ce pas ? » m'interrogea-t-elle finalement.