Tout ira mieux

Chapitre 1

Nous vivions dans une gigantesque maison, dans un village entre Québec et Montréal. De brique rouge, elle se situait devant la cours de récréation d'une école primaire. Derrière, une grande cours verte avec un jardin, deux pommiers, et des rails de chemin de fer au fond.

Le jour, j'allais cueillir une pomme et j'attendais le passage du train. Quand je le voyais, je le salais. Je l'avais surnommé  "Blue", comme le train dans Dora l'Exploratrice. J'étais fan de cette émission. Je ne passais pas beaucoup de temps devant la télévision, mais je ne ratais jamais un épisode de cette série. 

À l'intérieur, un grand salon, une salle d'invités dans laquelle se trouvait une très longue table, une bibliothèque, un escalier de colimaçon, un grand aquarium et des chambres. 

Je passais beaucoup de temps avec mes poissons rouges. Seule. Jusqu'à l'âge de 5 ans. Mes deux petites soeurs, à ce moment âgée respectivement de 3 et 1 ans, ne pouvaient jouer avec moi. Avec mon père, j'apprenais par coeur des fables de Lafontaine. Il étais fier de moi quand je les récitais avec entraint. 

J'utilisais un vocabulaire élaboré pour mon âge (dû aux fables apprises, évidemment), si bien que tous les gens que je croisais demandaient à ma mère si j'étais française. 

Mon père était camioneur. Je ne le voyais pas bien souvent. Quand je l'entendais arriver, tard le soir, je sortais de mon lit et dévalais les escaliers pour sauter dans ses bras. 

Un temps heureux. Je rêvais de devenir ballerine. Une insouciance légère qui me manque parfois.

Puis, un jour, ma mère a sorti des valises. Avec empressement, elle les remplissait de vêtements.

"Maman, qu'est-ce que tu fais?"

"On va aller faire un tour d'auto."

Alors avec les valises et mes soeurs, nous sommes montées dans l'auto. Et c'est tout ce que je me rapelle de cette époque.