Discussion

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"-Viens, on t'emmène la voir."

Je suis mes amis qui marchent dans la direction de la chambre de Paprixy. Personne ne parle, et ça me fout les jetons. Si jamais si il lui est arrivé quoi que ce soit de grave, je m'en voudrais toute ma vie.

"-Elle est là."

Nona ouvre la porte pour appuyer ses dires. Je rentre après lui pour apercevoir trois infirmiers penché sur le lit de Paprixy. Je m'approche pour l'apercevoir assise sur son lit.

"-Vous ne comprenez pas ! Vous ne devez pas vous lever."

"-Je vais bien c'est bon ! Laissez-moi au moins me lever." râle Paprixy.

"-C'est contraire aux directives du médecin."

Je m'avance de quelques pas pour mieux apercevoir la situation. Paprixy est assise sur le rebord de son lit, tenu par un des infirmiers. Son bras droit est plâtré, mais on peut encore apercevoir une partie du bleu. Je baisse la tête, honteux de voir le résultat de ma propre connerie.

"-Couchez vous ou il va falloir vous obliger."

"-Lukas ! Tu va bien !" hurle Paprixy avec joie.

Je sens ses bras m'attraper alors que je trébuche contre le mur derrière moi. Les infirmiers la rattrape au vol comme ils peuvent.

"-Quand j'ai vu l'état de mon sweat, avec tout le sang, j'ai cru que..." Elle se tait quelques secondes. "Bref, tu va bien, c'est tout ce qui compte."

"-Mademoiselle, retournez dans votre lit!" dit un infirmier en haussant le ton.

Elle essaye de tenir debout, mais ses jambes semblent trembler. Un infirmier arrive derrière elle, et la pique avec une seringue dans la nuque en vitesse. Paprixy à un sursaut avant de se gratter l'endroit où a été injecté le produit. Elle finit par s'endormir avec difficulté.

"-J'ai rajouté 8mg d'étomidate. On va la poser dans son lit, et on va lui donner du valproate pour la garder calme."

Je laisse les infirmiers faire leur boulot alors que je regarde la scène un peu perdu. Tout le monde s'installe dans la salle jusqu'à ce que les infirmiers partent prendre une pause. Renko se met avec Julie sur une fauteuil, Loutre s'assoit sur la table et Lhedena se met à mes côtés contre le mur.

"-Alors... Paprixy va bien, non?" demandais-je maladroitement.

"-Ils l'ont passé au bloc pour son bras. Humérus cassé salement en deux, et l'hématome n'arrangeait rien." explique Renko.

"-Ils ont posé un drain pour essayer de désengorger le bras de tout le sang présent. Ils sont pas sûr que le plâtre sera efficace à 100% étant donné l'état de l'os." continu Loutre "Et Paprixy a ordre de ne pas se lever car ses jambes ont pas mal souffert du manque de sang quand elle était encore dans la voiture. Mais c'est pour une semaine et demi au maximum d'après les médecin."

Je ne répond pas à ces propos, et même plutôt essaye d'intégrer ce qu'il vient de me dire. Ils ne sont même pas certain que le plâtre sera utile donc..? Je soupire en me grattant la nuque. Il faut que je garde mes émotions pour moi. Surtout ici et maintenant. Je ravale la salive avant de prendre la parole.

"-Bon, de toute façon, il faut qu'on parle de ce qu'il s'est passé. Sur la route."

"-Je vois pas trop ce qu'il y a à dire sur l'accident en lui-même, on s'est fait percuté par un fichu camion. C'est plus sur l'endroit où on a atterri qu'il va falloir parler." relance Loutre tout juste après moi.

"-Non. Il reste un problème, et pas que je veuille lancer la pierre ou quoi que ce soit, mais... Renko, pourquoi tu as pas dépasser le camion sérieusement? Tu es resté bloqué à la même hauteur que lui alors que tu aurais très bien pu le dépasser."

Il ne répond pas tout de suite.

"-Je ne sais pas, quand je suis arrivé à sa hauteur, c'est comme si... Comme si quelque chose m'avait empêché de le devancer. Ou plutôt.... Comme si ça m'avait obligé à ne pas accélérer."

"-Ça?" demanda Lhedena.

"-Je sais pas, c'est un truc, mais j'arrive pas à l'expliquer. C'est... C'était bizarre."

Un gémissement de Paprixy indique qu'elle commence à se réveiller. Ses yeux s'ouvrent pour parcourir la salle du regard, se posant sur chacun d'entre nous. Sa main vient se poser son visage alors qu'elle marmonne des choses incompréhensible.

"-Bon bref, le truc, c'est comment on a pu tomber d'un ravin alors qu'on était sur l'autoroute et sur une plaine." reprend Loutre pour changer de sujet.

"-Il y a autre chose." repris-je "Mon médecin m'a parlé d'un truc. Le MSE, le ESM... Non, c'est le SEM, il m'a dit que le SEM s'était occupé de moi. Je connais aucun truc hospitalier qui est comme nom 'SEM'."

"-Attends. Ça me parle." fait Lhedena "J'ai fais des recherche pendant mes week-end, et j'ai entendu le mot SEM dans mes recherches."

"-Et elles portaient sur quoi ces recherches?" demande Julie.

"-L'Espagne. Et en particulier Lalìn." fit Lhedena avec peu d'assurance.

"Quoi? Ta théorie c'est qu'on serait en Espagne? Notre accident était à Paris je te rappelle." réplique Loutre.

"-J'ai simplement dit que le SEM, c'est une sorte de SAMU mais en Espagne."

"-Ça tient debout. J'ai lu des noms sur les plaques des chambres de patients. Et c'était rare de ne pas avoir un nom très hispanique." fit Julie.

Personne ne voulu prendre la parole. C'était impossible. Au fond de moi, en me réveillant dans cette forêt, j'ai senti que quelque chose n'allait pas.

"-C'est pas improbable." lance Paprixy avec une voix fatiguée. "La vache, ce qu'ils m'ont mis dans les veines est puissant..."

"-Comment ça 'pas impprobable'?" demande Renko.

"-Si on est vraiment en Espagne. On a clairement pas pu simplement faire un tonneau. On est en Espagne. Je sais que ça va paraître dingue, mais... Et si on avait traverser une faille?"

Personne ne répond à nouveau.

"-Tu es shooté, donc on va écarter cette hypothèse." souffle Loutre.

"-Elle a pas tord" rétorquais-je. " On était sur une plaine, tu l'as dis toi-même. Et on s'est retrouvé au bas d'une falaise. Et avec un choc de cette intensité et une chute d'un vingtaine de mètres, personne aurait dû s'en tirer."

"-Y'a autre chose qui va pas? Parce que à ce rythme, on peut dire aussi qu'on est à Lalìn." retorque Loutre pour se moquer.

Lhedena me frappe doucement avec son coude dans les côte, pour me faire comprendre du regard que je devais parler de mes cicatrices. Non, y'a assez de problème. Ce n'est que des cicatrices.

"-Enfait. Vous avez raison." lance une voix masculine à l'entrée de la chambre.

Je me retourne pour mieux le voir. C'est pas possible. Je recule d'un pas, abasourdit par celui qui est devant moi.

"-Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Je suis Esteban, et vous, vous n'avez rien à faire ici à ce que je vois."

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