• On ne se comprendra jamais •

• Chapitre 7 •

S'ils n'étaient pas venus le sortir de son bureau, il y serait sûrement encore.

En effet, cela faisait plus de quatre jours qu'il n'était sorti que pour se nourrir, et encore. Severus se complaisait parfaitement dans sa solitude, cela l'aidait même à se concentrer et même si pour le moment ses expériences ne menaient à aucun résultat concluant, il supposait qu'une faible piste pointe son nez un jour ou l'autre.

Cependant, il était actuellement en train de se balader dans cette satanée ville vampire dont il ne pouvait sortir, encadré par Harry et Draco, qui essayaient joyeusement de le distraire.

Ils semblaient tous deux ne pas s'occuper des coups d'œil appuyé qu'on leur lançait, essayer de détendre leur professeur passait en premier.

Alors qu'ils lui parlaient de tout et de rien, passant de ce qu'ils avaient mangé la veille à l'entretien de son propre manoir dont il se fichait allègrement, une vision particulière arrêta violemment Severus, au détour d'un croisement.

Au milieu d'une place, Éria, qu'il avait vraiment du mal à appeler sa fille, jouait, tout sourire avec deux enfants.

L'émotion qu'il ressentit en voyant cela était indescriptible. Son estomac semblait vouloir se contracter jusqu'au point de disparaître et sa gorge était serrée, rendant difficile rien que le fait de vouloir respirer.

C'était la première fois qu'il la voyait sourire.

Il ne savait pas comment réagir à cette information. Il ne savait pas s'il devait s'y intéresser ou totalement ignorer les sentiments qu'elle faisait ressortir par cette simple action.

Il sentait parfaitement bien les yeux du couple à ces côtés qui lui brûlaient le dos, impatients d'en apprendre plus. Sa patience ne serait pas éternelle devant tant de curiosité mal placée.

Ce dont il ne s'attendait pas en revanche, c'était que Hendery se place à ses côtés, sans un mot.

Il se passa plusieurs minutes, où seuls les éclats de rire des enfants parvenaient à ses oreilles. Ses yeux ne semblaient plus vouloir lui renvoyer l'image qui se déroulait sous ses yeux. La scène qui se déroulait ici-bas était tellement contradictoire avec ce qu'il avait vécu, avec ce qu'il lui avait fait vivre que s'en était irréaliste.

- Elle est douée avec les enfants.

La phrase prononcée par le jeune vampire à ses côtés sorti plus violemment qu'il ne l'avait espéré Severus de ses souvenirs. En regardant l'homme qui le dépassait en taille, celui-ci paraissait, contrairement à lui, en grande contemplation dans ce qu'il voyait.

- Je vous demande pardon ? Le questionna, irrité, le professeur.

Hendery laissa un certain temps s'écouler avant de continuer.

- Je disais qu'Éria était douée avec les enfants, reprit-il calmement. Elle est très habile avec les plus jeunes, pour les occuper, leur apprendre ou expliquer. C'est une qualité plutôt rare pour un vampire, expliqua le jeune homme. Nous ne sommes pas des créatures très maternelles et ce, encore moins quand ce ne sont pas nos propres enfants. Seulement, elle a quand même le truc pour attirer leur attention.

Hendery souffla doucement avant de continuer, il ne savait pas si l'homme en noir allait se retenir de le frapper au visage après ce qu'il allait dire.

- Vous êtes professeur n'est-ce pas ? C'est une qualité qui doit venir de vous, non ?

Le vampire savait pertinemment que c'était faux, même un aveugle le saurait. Il y avait juste à entendre le ton que le maître en potions employait pour comprendre que ce n'était pas le cas. Il n'y avait rien de maternel chez cet homme. Protecteur peut être en voyant les deux humains qui semblait l'accompagner une grande partie du temps mais c'était tout. Ce point d'ailleurs lui serra le cœur quand ses yeux retombèrent sur sa meilleure amie.

De son côté, Severus hésitait entre secouer cet idiot pour lui remettre les idées en place et se remettre lui-même en question et pour son propre étonnement, il opta pour la deuxième option.

- Elle doit plutôt tenir ça de sa mère, bien que j'en doute, répondît-il, les dents grinçantes quand il aborda le sujet. J'ai beau être professeur, je n'ai jamais été doué pour éduquer qui que ce soit dans les règles, révéla à contre-cœur l'ancien professeur.

La réponse du vampire fut coupée par les rires presque hystériques de Draco et de Harry, qui se tenaient tous les deux les côtes, pliés en deux.

Les deux voulaient s'expliquer sur la raison de leur éclat de rire commun mais à chaque fois qu'ils se calmaient, un fou rire les rattrapait et rendait leurs explications incompréhensibles.

Severus commençait à s'impatienter, bras croisés, ses doigts tapant en rythme contre ses robes tandis que Hendery avait un sourire qui s'étirait progressivement, commençant doucement à comprendre ce qui les agitait.

Lorsqu'ils se calmèrent, le simple fait de croiser le regard de leur professeur les fit repartir incontrôlablement à ce qui ressemblait de près et de loin à une transe mystique. Harry du même se tenir à son amant pour ne pas tomber, tous les deux repensant à l'énormité qu'avait volontairement sorti le vampire.

Ce fut l'arrivée d'Éria, qui avait laissé les enfants jouer ensemble auprès de la fontaine, sous la surveillance de leurs parents, qui fit réussir les deux énergumènes à se calmer.

- Pardon Severus, je pensais à mes cours d'occlumencie désastreux et je n'ai pas pu m'en empêcher, expliqua le survivant en fermant les yeux.

- Et moi à mes cours de potions avancés, compléta joyeusement Draco.

Tous deux se regardèrent, puis, dans un élan de taquinerie, dirent d'une seule voix :

- Et les cours de potions en général en fait !

Severus leva les yeux au ciel, conscient depuis déjà longtemps qu'il était loin d'être pédagogue. Seulement, l'arrivée d'Éria l'empêcha largement de prendre part à ces taquineries qu'il acceptait depuis un moment déjà de la part de ces deux-là.

Mais brusquement, alors que Hendery se penchait en direction de la jeune fille pour lui souffler un mot, sourire aux lèvres, une alarme stridente retentit.

Les trois sorciers ne comprenaient rien à ce qu'il se passait. La seule chose qu'ils comprirent était que la situation était grave, voyant tout le monde courir autour d'eux pour aller se protéger dans les demeures aux alentours.

Ce qui les choqua le plus fut que les deux vampires à leur côté étaient devenus bien plus blanc qu'ils le pensaient possible.