Chapitre 18

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- Elle convulse !

- Putain, fais quelque chose !

Je sens qu'on me serre la gorge. J'ai mal aux muscles, on dirait que je tremble, mais c'est plus fort que ça. Je commence à m'étouffer, mais j'entends :

- Danaé, à trois ouvrez les yeux. Un, deux, trois !

Mes paupières se déploient d'un coup et je les vois. Je suis au sol et arrive enfin à respirer. Jaden est blanc comme un linge et Mélanie n'a pas plus de couleurs que lui finalement. Il s'accroupit et pose une main sur mon front :

- Danaé ?

Mélanie se redresse :

- C'est passé, tout va bien maintenant. Mais c'est la première fois que je vois une chose pareille.

- Explique-toi ?

- Je pense qu'on lui a mis une sorte de verrouillage, et si l'on tente d'ouvrir son inconscient, il se défend.

J'écoute cet échange en étant toujours sur la moquette, complètement hagard. C'est incompréhensible, j'essaye pourtant de me relever en étant aidée de Jaden. Terriblement lasse, je me recouche.

Vers 21h, je descends et vois qu'ils sont en train de discuter dans la bibliothèque. À mon arrivée, ils se lèvent tous les deux et Mélanie me demande :

- Comment vas-tu ?

- Mieux, j'avais besoin de me reposer.

Puis elle se dirige vers la cuisine nous laissant seuls avec Jaden qui s'avance, il parait sincèrement inquiet pour moi.

- Tu as faim ?

- Oui un peu, c'est vrai.

- Viens, nous avons préparé à manger.

Je lui souris et nous nous observons sans pouvoir nous détacher l'un de l'autre. Il me donne des ailes et j'ai besoin de rester là avec lui. Mais il me fait signe de rejoindre sa fiancée, qui est déjà en train de nous servir. Je l'aurais presque oubliée celle-là ! Elle se place à côté de lui et je suis en face. Je ne sais pas si je vais pouvoir les voir tous les deux comme ça, j'ai envie de prétexter un travail urgent pour que je ne tienne pas la chandelle. Ça me serait véritablement insupportable !

Quand nous arrivons enfin au dessert, je sens qu'il appuie encore une fois son regard sombre sur moi, alors je lève aussi mes yeux pour en être sûr. Oui, c'est le cas, et je suis liée à lui une nouvelle fois, je ne veux pas me dérober. Mélanie le perçoit et fait mine de ne pas le remarquer, mais au moment de débarrasser, elle se place devant lui, le prend par la taille et avance sa bouche vers la sienne, réclamant un baiser.

Non, pitié ! Je déglutis, je n'ai pas le courage d'assister à ça, mais au dernier moment il tourne la tête et finalement lui tend la joue en saisissant une assiette. Elle reste statique devant son refus et moi je me retourne pour m'occuper du lave-vaisselle.

Est-ce que je pourrais mal interpréter ce que j'ai vu ? Jaden a repoussé l'un de ses baisers... Quoiqu'il en soit, des papillons dansent dans ma poitrine, peut-être que celui que nous avons échangé avait un sens ?

Je m'affaire à la cuisine et entends derrière mon dos :

- Jaden ? Je peux te parler ?

- OK.

Ils m'abandonnent pour s'isoler et je ne peux m'empêcher de tendre l'oreille. Ils sont partis encore une fois vers la bibliothèque. Alors, bien trop curieuse, j'essuie mes mains et entreprends de m'avancer vers le lieu attenant, un petit bureau qui partage une fine porte avec la grande pièce. Sans bruit, j'arrive à percevoir la conversation :

- Jaden, il s'est passé un truc entre toi et Danaé ?

- Non, mais qu'est-ce que tu me fais, Mél ?

- Réponds-moi, je suis en droit de savoir.

- Non, il ne s'est rien passé entre elle et moi.

Mon cœur s'accélère, et le baiser ? Ça n'avait pas de sens pour toi ?

- Je vois bien que tu m'évites quand on est tous les trois.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ?

- Et tout à l'heure ? Hein, quand, tu m'as rejetée ?

- Quand ? Je ne vois pas.

- Tu as évité mon baiser ! Je te connais Jaden, tu ne fais rien au hasard ! J'étais d'accord pour tout ça, mais je ne le suis pas si tu me trompes avec elle !

Le ton commence à monter.

- Baisse d'un cran Mél.

- Quoi, tu as peur qu'elle entende ? De toute façon, il faudra quand même un jour que tu lui dises la vérité !

Il devient menaçant et moi je n'en crois pas mes oreilles !

- Mél, tu vas te calmer. Pour le moment, il n'y a pas de raison, tout se passe comme prévu.

- Mouais, c'est ça.

Elle s'avance vers lui et essaye de l'embrasser, mais cette fois-ci, il ne la repousse pas. Mon sang me monte à la tête, je recule et tente de me maitriser, mais j'ai les mains moites et mon cœur bat trop lentement pour arriver à la pointe de mes doigts. Je dois partir, je dois prendre l'air putain ! Alors, je sors du bureau et décide de passer par la porte de derrière. Une fois à la lisière de la forêt, j'entends qu'ils m'appellent, aussi, je me mets à courir et m'enfonce dans les bois les larmes couvrant mon visage.

MB MORGANE - Mémoire T.1 [Terminé]Where stories live. Discover now