Mia Wolf - Tome 3 - L'Alliance Maudite [TERMINÉ]

Chapitre 20: Affrontement (Dernière partie)

Cloé ne voyait rien. On lui avait bandé les yeux et ligoté les mains, et elle n'avait plus que ses oreilles sur qui compter pour surveiller les alentours.

Elle n'avait pas la moindre idée de l'endroit où on l'avait emmenée, mais c'était un endroit très sombre, humide, et bruyant. Il y avait toutes sortes de bruits; des pas, de nombreux pas qui allaient et venaient de part et d'autre. Des voix, discrètes et silencieuses, demandant leur gain, réclamant des récompenses. Des sons de machinerie en tout genre, des vibrations et des cliquetis que Cloé n'aurait pas su reconnaître. Quelque part, pas très loin d'elle, des gouttes d'eau tombaient. La pluie, peut-être, ou alors elle se trouvait dans un sous-sol miteux avec des problèmes de plomberie. Parfois, le bruit un peu lointain d'une sirène alertaient les gens qui se trouvaient là, et Cloé pouvait alors entendre distinctement des dizaines de voix entremêlées et des pas de courses, comme si tout le monde était en alerte. C'était arrivé déjà deux fois depuis qu'elle était là.

Au bout de ce qui ressemblait à une éternité, des pas se rapprochèrent. Des pas lourds, semblables à de grosses bottes pesantes qui martelaient le sol dans un rythme régulier et lent. Cloé tenta de garder le contrôle sur sa respiration et son sang froid. Après tout, elle sentait au fond d'elle qu'il ne pouvait y avoir qu'une seule explication logique à son enlèvement. Une seule personne qui pouvait être derrière tout ça, et c'était son père. Elle n'allait pas tarder à le découvrir, puisque bientôt, des bruits de métal entrechoqué et un grincement de porte lui parvinrent.

— Bonsoir, ma chérie.

Évidemment.

— S'ils n'avaient pas été cachés, tu aurais eu tout le loisir de me voir rouler des yeux, répondit la blonde d'un ton cinglant.

Un rire franc résonna sur les mur autour d'elle.

— Sullivan, le bandeau s'il-te-plaît. Merci.

— Oui, chef!

Cloé sentit alors une main qui tremblait un peu lui enlever le morceau de tissus qui recouvrait ses yeux. Elle fut d'abord surprise par l'éclairage qui l'aveugla légèrement. Une lumière scintillante suspendue dans les airs comme par magie, défiant toute forme de gravité, se balançait tout doucement de gauche à droite. Cloé cligna des yeux quelques fois, le temps de les laisser s'habituer. Il lui sembla, l'espace d'un court instant, que le sol tangua.

— Bienvenue! Prendrais-tu quelque chose à boire ou à manger ? demanda Callum Stuart d'une voix doucereuse.

Cloé ne fit aucun effort pour cacher son air dégoûté.

— Je ne veux plus rien recevoir de toi!

L'homme qui se tenait devant elle n'avait rien du père qu'elle avait connu toute sa vie, et elle s'étonnait à présent de n'avoir jamais rien soupçonné quant à son évident déséquilibre mental.

Il secoua la tête d'un air à la fois amusé et amer.

— Pourquoi tant de haine ? Dois-je te rappeler que je suis ton père et que tu me dois un tant soit peu de respect ?

Il dégageait un calme qui, paradoxalement, énerva Cloé au point de lui faire bouillir le sang dans les veines.

— Par où devrais-je commencer ? Par le fait que tu as tué Carlonita ? Ou bien alors parce que tu as tué des milliers de créatures innocentes depuis des dizaines d'années ? Ou alors, peut-être, par le fait que tu m'as menti toute ma vie! Ou encore le simple fait que tu m'as tout bonnement kidnappée?! Alors, si tu permets, pour le respect, on en reparlera!

Callum afficha un air désolé qui ne trompait personne.

— Trésor, je t'ai déjà expliqué que sa mort était un mal nécessaire. Comme toutes les autres.