Chapitre 4

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Je sors de la chambre et descends au rez-de-chaussée. J'embrasse mes parents adoptifs et les préviens que je pars faire un tour au parc. Ils me demandent pour la forme de rester prudente. Je prends mes clés et sors.

J'ai besoin de me changer les idées. Un peu d'air frais me fera du bien. Il faudrait que je prévienne mes parents adoptifs de mon état mais j'ai peur qu'ils me mettent à la porte... J'ai probablement besoin d'aller chez un gynécologue également... Mais j'ai peur qu'elles trouvent des... différences avec les bébés « normaux ». Leur père étant un Ange déchu, je m'attends à tout.

Argh ! Une pause, je demande une pause. Que mes pensées arrêtent de me torturer par pitié !

Je suis soudainement prise de vertige. Je manque de m'écrouler lorsque deux bras forts me rattrapent.

- Amé, ça va ?

C'est la première fois que j'entends de la nervosité dans cette voix. Je tangue encore un peu. Puis tout mes soucis se muent en colère. J'ai si peur qu'il nous rejette, que - en toute illogique - je l'engueule avant qu'il ne le fasse. Je me retourne et me met à le frapper au torse. Aussi inutile que soit mon geste, il a l'avantage de me défouler. (Je doute seulement que le Diable sente quelque chose.)

Il lève un sourcil, apparemment surpris de ma réaction.

- ESPÈCE DE CONNARD ! COMMENT TU PEUX NOUS ABANDONNER ! JE TE NE LE PARDONNERAI PAS ! TU T'ES BIEN FOUTU DE LA GUEULE ! Je..

Je fonds en larme. Nageant dans l'incompréhension, il passe un bras sous mes genoux, l'autre derrière mes épaules, et décolle mes pieds du sol. Il me porte avec une facilité déconcertante jusqu'à un banc où il décide de s'asseoir, m'installant sur ses genoux.

- Il va falloir recommencer du début, petit cœur. J'ignore ce que tu me reproches mais je ne compte pas t'abandonner, je peux te l'assurer.

Il me laisse me calmer. Je renifle, l'observe à travers mes larmes. Il a l'air sincère...

- Bien, alors dis-moi, qu'est-ce qui ne vas pas ? Et pourquoi as-tu dis « nous » tout à l'heure ?

- Tu me promets de rester avec moi ?

- Je te le promets, petit cœur.

Je souris à mon surnom.

- Je suis enceinte.

Je lâche ma déclaration telle une bombe... qui lui explose d'ailleurs au visage. Sa mâchoire semble sur le point de se décrocher et ses yeux de quitter leurs orbites.

- Je... tu...

Je ne l'ai jamais vu perdre ses moyens. C'est très amusant. J'en rirais si je n'étais pas tétanisée par la peur. Je me remets à pleurer. Il va me quitter, c'est certain.

- Tu as peur que je prenne mal la nouvelle, comprend-il.

Il me fait un grand sourire et prend mon visage dans ses mains, me forçant à le regarder dans les yeux.

- Je t'aime, Amélianne et je suis très heureux que tu attendes un enfant de moi.

Mes pleurs s'arrêtent alors brusquement, laissant place à la stupeur la plus totale. C'est la première fois qu'il me le dit, qu'il prononce ces mots : « Je t'aime »...

Lorsque mon esprit passe à la deuxième partie de sa phrase, je ne peux m'empêcher de le corriger.

- Je n'attends pas un enfant.

Il fronce les sourcils.

- Mais tu as dit...

- J'en attends six, je le coupe.

Sa bouche me fait penser à un poisson hors de l'eau.

- Six ?

- Six.

Il se reprend.

- Ça ne devrait pas m'étonner venant de moi. Six a toujours été mon chiffre.

Il me sourit tendrement. Il regarde mon ventre puis ose poser une main tremblante dessus. 

Nous restons un moment comme ça. Mais une conversation s'impose... il y a beaucoup de choses à décider maintenant.

Recueil d'histoires sur le Diable et les AngesWhere stories live. Discover now