Prologue

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En l'an 1515, quelque part en France dans une forêt habitée par les hommes. Cette forêt fut détruite, habitée, modifiée pour être de nouveau détruite. Elle a vu passer des générations d'humains la détruisant encore plus chaque jour. Avant, cette forêt était d'une beauté sans pareille, abritant nombre d'espèces, mais depuis l'établissement progressif de l'homme en ces lieux, ces espèces ont fini par disparaître lentement pour qu'au final, seuls quelques oiseaux téméraires ainsi que quelques lièvres subsistent en ce lieu.

Peut-être que ce fut un événement produit par de la magie ou alors une tout autre chose, mais un jour, par une belle après-midi d'été, alors que les hommes étaient aux champs à faire les moissons et que les femmes étaient dans le petit village à s'occuper des enfants et de leur foyer, dans la forêt presque morte, tout se bouscula rapidement. Une vive lumière apparut en son centre pour partir aussi rapidement qu'elle était arrivée. Quelques instants plus tard, un mouvement se fit parmi quelques buissons pour laisser un loup en sortir. En réalité, c'était une louve d'un pelage aussi doux que de la soie comportant une sorte de tatouage sur le dos ressemblant à un arc ou un carquois, mais le plus étonnant était sa couleur. La louve était d'un blanc immaculé tel de la neige en plein hiver. Chose encore plus étrange était que derrière ses pas, la nature renaissait calmement. Petit à petit, l'emprise destructrice de l'homme fut anéantie pour laisser place à la toute beauté d'une nature belle et sauvage telle qu'elle était avant.

La belle louve des neiges s'arrêta devant un lac pour se transformer en humaine. Elle portait un chiton court, tunique formée par une pièce de lin rectangulaire pliée en deux dans le sens de la longueur, les bords réunis par une simple couture sur les épaules avec des agrafes de bronze. Une ceinture était serrée à la taille, ce qui permettait de raccourcir la tunique de lin. Quelques bracelets d'or ornaient ses bras et de l'or blanc magnifiait sa chevelure brune ondulée qui était retenue par un simple chignon. Elle possédait un carquois ainsi qu'un arc, qui étaient positionnés dans son dos et sur sa hanche de sorte qu'elle puisse décocher rapidement une flèche en cas de problème.

Elle se tenait droite tout en regardant la végétation fougueuse présente autour du point d'eau et, comme si la magie sortait de son corps, les ronces envahissantes, les fougères trop épaisses qui mouraient étouffées, car trop proches les unes des autres, et tous les débris de branches d'arbres disparurent pour laisser une clairière luxuriante entourée par des buissons épais et de puissants arbres. Elle resta un moment ainsi, debout à regarder le sol. Dès que son regard quittait un point, un brin de nature faisait son apparition. Ce fut comme cela que cette forêt détruite, au bord de la mort, fut régénérée en seulement une demi journée sous le regard des humains qui, le soir venu, furent étonnés de voir une si belle et immense forêt aux abords de leur village de campagne limousine. Au fil des mois puis des années, les animaux revinrent, d'abord craintifs à cause de la présence humaine qui était proche. Quelque temps plus tard, une rumeur se mit à circuler parmi les paysans disant qu'une meute de loups se serait installée après trois longues années sans qu'aucun prédateur à part l'homme ne régule les espèces herbivores.

Les humains avaient fait une promesse en se disant qu'il était peut-être préférable de ne rien faire tout en voyant cette repopulation sur les premières années cependant ils ne tinrent pas leur promesse secrète et voulurent la reprendre, car un hiver particulièrement froid approchait à grands pas et le bois allait manquer alors quoi de mieux que d'avoir une puissante forêt comme voisin pour un stock de bois de chauffage pouvant durer plusieurs années ? Sachant ce que les bipèdes préparaient, la louve blanche réapparut à la lisière de la forêt, suivie par la fameuse meute de loups récemment installée, pour contrer les hommes armés de hache et de faux pour récupérer du bois. Au départ surpris par cette apparition, quelques paysans prirent la fuite pensant à l'œuvre du Malin. Ce furent les hommes du village qui lancèrent les hostilités alors que les canidés, eux, étaient simplement assis à les regarder. Se trouvant à bonne distance, la meute s'attaqua aux envahisseurs par défense, bientôt suivie par les autres animaux sauvages dans cet étrange combat qui opposait les humains à la nature. Les coups de haches, de crocs et griffes s'échangèrent sur quatre jours et quatre nuits.

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