Chapitre 2

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Je sais pas ce que je fabrique...

Sortir boire un verre.

Qu'es-ce que ça va bien m'apporter ?

J'ai accepté l'invitation,
par politesse.

Après tout, sans Conor, je serai à la rue actuellement...

Mais quelque chose bloque.
J'y arrive pas.
Ça va faire deux heures que je stagne devant le miroir comme une pauvre cruche atteinte d'Alzheimer.

Je me maquille, me démaquille, me change, me ravise à nouveau...
Je m'épuise toute seule.

- Bordel Romy...
C'est qu'un verre dans un bar.
Tu craints rien.
Je me cause à travers le reflet.

Tout ce que j'entreprends depuis ma sortie de prison me paraît stupide.
Pourquoi je devrais être maquillée ?
J'ai dû vivre comme un animal pendant deux putain d'années...

Des images me reviennent comme un mauvais rêve.

Me dire que j'ai vécue dans la merde me donne l'impression que je ne mérite plus tout le reste

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Me dire que j'ai vécue dans la merde me donne l'impression que je ne mérite plus tout le reste.

Juste une sortie.

Juste un verre.

Je peux le faire !

Je me prépare enfin, et prévient Conor que je serai présente.
Une fois dans la rue, je souffle longuement pour me donner du courage.
Tout ça est ridicule mais je le droit de vouloir être un peu heureuse non ?
Les gens ont le droit de vouloir être heureux, même un court instant.
C'est parfaitement normal.

Je me traîne jusqu'au bar où j'étais jadis une habituée.
L'odeur si particulière des lieux m'arrache un sourire nostalgique.
C'était avant que tout parte en couille dans ma vie.

- Romy, ici !
Conor me fait signe depuis le comptoir.

- Salut.

- T'es enfin sortie, ça fait plaisir de te voir dehors un peu.
Il sourit et m'offre une vue sur toutes ses dents.

Ce petit amérindien s'est toujours montré souriant et bienveillant.
C'est le seul qui ne m'a pas tourner le dos.

- J'avais envie de boire.
Je réponds maussade, alors qu'il m'offre un verre de whisky sec.

- Alors fais-toi plaisir, c'est moi qui offre ! T'en as besoin.

Besoin ?
Besoin de boire pour oublier ?
Ce cliché est bien vrai pour moi, là tout de suite.

Je m'emporte donc sans modération, écoutant les histoires de mon pote déjà bien éméché aussi.
Il parle sans cesse.
Je me demande où il trouve autant de salive.

- Attends-moi là, je vais pisser !
Il se lève difficilement et titube au fond du bar.

- J'ai besoin de prendre l'air.
Je grommele en fixant le verre vide.

Une fois à l'extérieur, j'inspire profondément.
J'ai trop bu mais, ça fait du bien !!!
Bordel c'est tellement bon.

J'ouvre grand les bras et commence à rire, prise dans une euphorie alcoolique.

- Je sens tellement de tristesse en toi.

Je sursaute.
Un type aux allures de SDF me fait face, trimballant une multitude de sacs.

- De la tristesse hein ?

- Oui, une peine démesurée...
Il me tend la main.

Ivre morte, j'accepte sa poigne et il me tire pour me parler plus bas

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Ivre morte, j'accepte sa poigne et il me tire pour me parler plus bas.
Son haleine putride me pique le nez.

- Un vœu, un seul.

- T'es le génie de la lampe ?
Je ris, amusée par son air sérieux.

- Tu peux choisir un seul vœu.

- Arrêtes le crack papi, c'est pas bon pour le cerveau.
Je tapote son crâne chauve.

Il me regarde longtemps, ou pas.
Avec l'alcool je sais plus trop.

- Dis-moi ton voeu.

Avoir une meilleure vie ?
Effacer ces deux dernières années ?
Avoir la réussite absolue ?

Pfff n'importe quoi !

- J'veux être un putain de beau gosse, j'veux être un mec qui fait baver toutes les femmes !
Je glousse, ne prennant pas cette conversation au sérieux.

- Bien.
Il murmure en partant.

Pauvre type...

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La suite demain ʘ‿ʘ

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