Chapitre 11 (partie 2)

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Plus la sonnette retentissait dans le vide, plus Marinette songeait qu'il devait s'agir d'une mauvaise plaisanterie.

En même temps, qu'est-ce qu'elle espérait ? Elle était là, à neuf heures tapantes du matin, un samedi, à l'autre bout de Paris, à sonner chez un parfait inconnu. Parfait inconnu qui, de surcroît, répondait au téléphone à quatre heures du matin.

A vrai dire, Marinette n'y croyait pas vraiment quand elle avait composé le numéro à cette heure aussi matinale – et pourtant, après quelques sonneries dans le vide, le détenteur du numéro laissé par Ladybug avait décroché. Plus étonnant encore : il avait décroché en disant simplement :

« Bonjour, Marinette. »

Marinette avait failli jeter son téléphone par la fenêtre, mais elle s'était retenue juste à temps.

« Qu'est-ce que... Vous connaissez mon nom ? Comment ?

-Je connais beaucoup de choses, Marinette, et je m'attendais à ton appel. Pas à une heure aussi matinale, cela dit... Mais le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, dit-on. »

La voix au bout du fil avait réprimé un bâillement. Elle avait une consonnance masculine, et un accent chinois. On aurait dit un vieil homme au bout du fil. Marinette aurait probablement dû s'inquiéter, mais la voix lui semblait familière, et rassurante, comme si quelqu'un savait enfin ce qu'il fallait faire dans toute cette histoire. C'était probablement à cause de ce sentiment que lorsque l'inconnu au bout du fil lui avait dit de venir le rencontrer à l'adresse qu'il allait lui donner, à neuf heures du matin, elle avait accepté.

Polie, elle avait même ramené des macarons – mais Marinette commençait à se demander si elle n'allait pas offrir des pâtisseries à un kidnappeur, ou pire.

Peut-être que c'était une mauvaise plaisanterie, et que l'inconnu du téléphone ne viendrait pas ? Marinette en venait presque à espérer secrètement que ce soit le cas. Elle ne savait pas vraiment si elle avait envie de découvrir ce que ce vieil homme – si on s'en référait à sa voix – voulait lui révéler. Et s'il répondait à des questions que Marinette évitait elle-même de se poser ?

Ladybug aimait Chat Noir. Chat Noir aimait Ladybug. Ladybug avait disparu. Elle lui avait confié Chat Noir. Chat Noir et Marinette s'étaient rapprochés, beaucoup rapprochés – mais Marinette n'était pas une super-héroïne, et ce n'était pas un casque de moto et un peu de bravade qui ferait la différence.

A partir de quel moment ça allait commencer à poser un problème ? Est-ce qu'elle pouvait vraiment prendre le relai comme lui demandait Ladybug ?

Alors qu'elle ruminait ces sombres pensées, la sonnette sonnant toujours dans le vide, un bruit de moto tonitruant résonna dans la rue. Même un samedi matin, la circulation ne s'arrêtait jamais à Paris...

Alors qu'elle se retournait pour voir le motard en question débouler dans la rue, ses yeux s'écarquillèrent quand elle remarqua qu'un vieillard perché sur sa canne était en train de traverser – et que la moto fonçait droit sur lui.

Son sang ne fit qu'un tour.

« Attention ! »

Elle bondit sur la route, emportant in extremis le vieillard avec elle. La moto passa derrière eux à toute vitesse. Une seconde plus tôt, et ils...

« Merci, jeune fille. »

La voix fit sursauter Marinette. La personne qu'elle avait sauvée n'était nulle autre qu'un petit vieillard asiatique, au crâne dégarni et au sourire étrange.

Si jamais j'oublie - Miraculous LadybugOù les histoires vivent. Découvrez maintenant