𝟐𝟓 - 𝐔𝐧 𝐩𝐥𝐚𝐧 𝐬𝐚𝐧𝐬 𝐚𝐜𝐜𝐫𝐨𝐜

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𝐋𝐢𝐚𝐦.  

Il y a des journées comme celle-ci où j'hésite à décider si elle est bonne ou mauvaise, car la balance est à peu près à l'équilibre. Mais il en faudrait si peu pour la faire basculer de l'un ou l'autre côté.

— Je crois que le mieux que nous avons à faire, c'est de remettre cette réunion à un autre jour Monsieur.
— Non, réponds-je de nouveau à Keaton, mon directeur des achats. Vous avez l'impression que je suis à la disposition de l'incompétence des uns et des autres ? Cette réunion était prévue depuis plus d'une semaine, alors débrouillez-vous comme vous voulez !

Pourquoi arbore-il cette tête de merlan frit ?

— Il me semblait avoir été suffisamment clair hier en conférence. Si vous n'êtes pas capable de vous organiser correctement, vous savez où se trouve la sortie, rappelé-je à toutes fins utiles.

Il blêmit à vue d'œil, dénoue sa cravate et tente d'avaler la salive qui s'accumule dans sa bouche. Puis il reprend après un raclement de gorge, sous les yeux contrits de ses collègues, pas téméraire pour un sou.

— Avec tout mon respect Monsieur, nous n'avons pas pu terminer notre présentation.
— Pourquoi ça ?
— Nous n'avons jamais reçu le retour de nos propositions préliminaires de la part de l'assistante de monsieur Walsh. Nous lui avions tout transmis.

Le voilà, mon grain de sable qui va faire pencher la balance de ma journée.

Une bonne journée, donc.

— Je vois, dis-je en me levant, l'air grave. La séance est donc levée. Mon assistant vous transmettra la date de la nouvelle réunion dès ce soir. Bonne fin de journée à tous.

Je quitte la salle, perçois leurs soupirs de soulagement ; quelque part je le partage. Mais pas pour les mêmes raisons qu'eux. Des semaines que j'attends ce jour, mes prières sont enfin exaucées. J'avais imaginé divers scénarios mais celui-ci, c'est le Graal ! Ethan ne pourra pas me reprocher d'avoir manigancé quoi que ce soit.

Tout va enfin rentrer dans l'ordre.

La cabine entame sa montée tandis que mon regard bloque sur le pad numérique de l'ascenseur. « 5 » ; « 6 » ; « 7 » défilent. Trop lentement. Alors que je devrais être uniquement gagné par l'allégresse de ma victoire, une petite voix intérieure vient pourtant tenter de noircir le tableau illuminé de ma future sérénité. Mais je refuse de l'écouter. Je passe à l'accueil, m'empêche de lever les yeux au ciel lorsque Phoebe arque son habituelle moue aguicheuse face à moi. Jolie, certes, mais pas mon genre. Les quelques mètres carrés qu'elle occupe empestent le parfum dont elle a dû se badigeonner il n'y a pas deux minutes, à croire que quelqu'un la prévient de mon arrivée. Bien qu'elle m'agace à ne pas saisir par elle-même que je ne suis pas sensible à son numéro de charme, je reste imperturbable face à son millionième essai, au moins.

J'envoie un texto à Aaron pour qu'il repositionne cette réunion avortée, tourne presque gaiement dans le couloir qui mène à mon bureau. Mais des éclats de voix mettent à mal mon projet de m'isoler rapidement pour me délecter de la fin de mon calvaire, accompagné d'un bon verre d'alcool fort et ambré, de préférence. Je n'ai pas besoin de beaucoup tendre l'oreille pour comprendre qu'ils proviennent du bureau de la secrétaire des membres du conseil, Meryl.

— Rends-la moi ! retentit de loin la voix colérique de la trentenaire. Tu n'as rien à faire dans mon bureau.
— Non ! proteste une autre jeune femme à l'inflexion que je reconnais parfaitement. Et ça alors ! Qui t'a permis de le...
— Que se passe-t-il ici ? tonné-je de mon timbre le plus grave, les faisant sursauter toutes les deux.

Devious BOSS | Œuvre intégraleWhere stories live. Discover now