• Chapitre 6 •

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Jungkook n'avait jamais réalisé jusqu'à présent que cela lui plairait autant de parler avec le comte. Il avait longtemps refusé tout autre contact que ses soeurs, rapidement fatigué des discussions et de la présence d'autrui, non pas de physiquement mais mentalement. Seulement, depuis quelques semaines, il avait l'impression de redécouvrir le plaisir des conversations. Le jeune homme avait toujours préféré la compagnie des plantes et des animaux et ce même enfant, c'était étrange pour lui de parler des heures et des heures avec cet homme qu'il n'avait à proprement parler, jamais vu. Les semaines qui suivirent son installation, il s'était petit à petit habitué à ce que les objets changent continuellement de place lorsqu'il avait le dos tourné, à entendre sans cesse ces chuchotis et ces voix sans visages. Pour ponctuer ses journées, il recevait quelques lettres de ses soeurs, lui demandant si tout allait bien et s'il comptait revenir les voir un jour.

Le comte, s'il s'était contenté de l'écouter gentiment au début, commentait et posait énormément de questions sans s'inquiéter de le couper en plein récit. Il semblait particulièrement intéressé par ces nouvelles cultures que le garçon lui décrivait. Quelques fois, l'homme proposait d'aller dans le jardin et comme la dernière fois, Jungkook venait au pied de l'arbre malade et le comte s'asseyait sur son rocher. Si le jeune homme avait cru qu'au fil de leur conversation il se libérerait de son ombrelle ou du paravent, il s'était largement trompé ; son hôte n'avait pas exhibé un seul morceau de peau. Parfois, lorsque Jungkook sortait de la salle après plusieurs heures de récits, il pouvait enrendre une partie de ses discussions avec un certain Seokjin qui semblait être assez perplexe que son maître accorde sa confiance à un parfait étranger.

Avant de se quitter le comte lui quemandait toujours ce qu'il voulait entendre comme histoire le lendemain : « Tu me parleras d'un autre pays demain. », « Je ne veux plus rien entendre de ces italiens et de leur pape. », « Parlons du nouveau monde la prochaine fois. ». Jusqu'au jour où après avoir conté pendant des heures des mythes et contes d'Amérique Latine, il surprit totalement son invité, le laissant sans voix :

-Demain, parlons de toi.

-D-de moi ? Répéta Jungkook en se pointant du doigt, ses yeux grands comme des soucoupes géantes.

-Oui.

-Il n'y pas grand chose à savoir vous savez...

-Je t'aime bien, toi et ta franchise, mais j'ai entendu maintes histoire sur ta personne, Jeon Jungkook, fils de Jeon Chulhei.

Le garçon perdit son sourire et baissa la tête.

-J'avais pour habitude il y a deux ans de ne juger que par les rumeurs, expliqua le comte, croyant à ses histoires qui te désignait comme un flemmard, un garçon vivant aux crochets de ses sœurs et qui avait peur de sortir de dessous leurs jupons. Pourtant, je m'aperçois que ce ne sont que des mensonges car quelque chose de tout à fait différent se dégage de toi.

Jungkook se mordit l'intérieur des joues.

-Et j'ai envie d'apprendre à connaître celui que tu es vraiment.

Il releva la tête vers le paravent. Personne ne lui avait jamais dit ça. Il n'avait jamais eu d'ami, restant toujours seul sans oser nouer de liens sociaux avec des personnes qui ne partageaient pas la même vision du monde que lui. Il préférait la solitude aux moqueries ou aux disputes de centre d'intérêt. Toujours reclu dans ses arbres, on n'avait jamais essayé en retour de le connaître ou de lui parler. Ce que venait de lui dire ce comte mystérieux le toucha tant qu'il aurait pu se mettre à pleurer de gratitude.

-Ce soir, commença le comte, clôturant ainsi l'instant émotion de Jungkook, je donne un nouveau banquet, pareil à celui de la semaine dernière. Mes gardes surveilleront comme d'habitude ton aile pour éviter que tu ne sois dérangé par les convives eux-mêmes ; le bruit te gênera peut-être mais je ferai attention à ce que cela ne se termine pas trop tard.

Le garçon à la rose {T.kook}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant