Jour 5

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Il n'était pas tout à fait sûr de ce qu'il fallait faire : bien sûr, il fallait faire quelque chose pour sauver sa mère, mais si la molécule provoquait davantage de dégâts?

Une fois sur place, il fit part de ses incertitudes au médecin, qui comprenait, bien sûr. Mais ils n'avaient pas vraiment le choix. Impossible de savoir sans essayer, il fallait prendre le risque. Jules resta seul quelques minutes avec sa mère, elle semblait déterminée. Il signa donc les papiers. Puis il appela Pascal pour le prévenir, il ne voulait pas être seul si....

Dès qu'il eut raccroché, Pascal expliqua la situation à Nicky et Jean-Paul qui se trouvaient à côté de lui. Il pouvait y aller, ils finiraient sans lui. "Et tu nous tiens au courant!" "Bien sûr" répondit-il en courant déjà vers la sortie. Il enfourcha sa moto et moins de dix minutes plus tard, il se trouvait devant la porte de la chambre de Cassandre.

Le médecin venait de faire l'injection. Il leur dit qu'il n'y avait plus qu'à attendre. Sur les souris, l'effet avait été très rapide : en quelques minutes, elles commençaient à pouvoir bouger les membres. Une sorte de long gémissement se fit entendre. Jules et Pascal, qui écoutaient le médecin, se tournèrent tous les deux vers Cassandre, le médecin aussi et s'approcha d'elle. Mais aucun autre signe d'activité ne vint. Nouveau gémissement. Souffrait-elle? Le médecin venait de poser la question. Double clignement : non. Les minutes passèrent, sans que rien d'autre ne se produise. Le médecin fut appelé ailleurs. Lorsqu'il revint une heure et demie plus tard, il n'y avait aucune amélioration. Il conclut que l'essai avait probablement échoué même si l'on ne pouvait pas exclure que les effets puissent être plus lents sur l'homme que sur la souris, mais il leur laissa peu d'espoir. Les recherches allaient se poursuivre.

Florence poussa un autre gémissement: c'était le seul changement qui s'était produit. A chaque fois, le coeur de Jules et Pascal se serrait un peu plus. Ils en venaient presque à regretter le silence de Florence. Lorsqu'elle poussa un nouveau gémissement, Jules finit par craquer. Pascal compatissant, lui posa une main sur l'épaule. Jules s'effondra dans ses bras. Quand il eut un peu repris ses esprits, Pascal lui dit qu'il fallait qu'il aille se reposer, dans un vrai lit pour une fois. Sa mère allait avoir besoin de lui, en forme; il fallait qu'il tienne le coup. Pascal, lui, allait rester ici, il veillerait sur Florence. Jules ne put qu'opiner. Il embrassa sa mère et rentra chez lui.

Pascal se retourna vers Florence et vit qu'elle pleurait, en silence, les yeux fermés.

"Hé....Florence...." Il s'approcha d'elle et du pouce, lui essuya le coin des yeux. Elle ne rouvrit pas les yeux malgré les sollicitations de Pascal. Il finit par abandonner, il ne savait plus quoi dire. La regarder lui brisait le coeur. Elle, si forte d'habitude... Il s'installa sur le fauteuil, sa veste lui servant de couverture rudimentaire et ferma les yeux. Mais il ne réussit à s'endormir qu'au bout de plusieurs heures, et encore d'un sommeil peuplé de cauchemars.

Cassandre : Dans ses yeuxWhere stories live. Discover now