Lune [L.S]

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Je sais pas ce que je m'apprête à écrire, je sais juste que j'ai écouté Bad Day et Talking to the moon et j'ai eu envie d'écrire un truc court.

*******

Je regarde à travers la vitre, les étoiles qui scintillent dans le ciel.

La brise me caresse doucement. Je frissonne lorsque le froid de l'air rencontre la chaleur de ma peau. Vêtu d'un simple caleçon, je suis assis sur le rebord de ma fenêtre. Devant moi s'étend la nuit, l'obscurité. Mes yeux toujours levés vers le ciel, je regarde du coin de l'œil l'arbre que je vois grâce à la vision périphérique. J'aperçois vaguement la balançoire qui repose tranquillement, balançant au gré du vent. Je ne peux pas distinguer la seconde.

Je me souviens quand nous étions plus jeunes, lorsqu'il me poussait sur la balançoire ou que je l'admirais pousser sa sœur sur la deuxième quand ma sœur n'était pas là pour me pousser. Je baisse les yeux sur mes pieds dont les talons reposent contre le mur en crépi. J'observe l'herbe que j'entrevois dans l'obscurité silencieuse. Je vois de temps à autre un vélo ou une voiture troubler le calme apaisant de la rue. Alors que tout est noir, une lumière autre que celle des étoiles et de la lune attire mon regard sur la fenêtre de la maison d'en face. Je vois mon ami d'enfance de redresser dans son lit et sa mère lui parler. Il n'a pas accroché de rideau à sa fenêtre et ne ferme jamais ses volets. Il me disait que comme ça, nous serions toujours connectés.

Je me rappelle encore sa moue triste quand l'hiver été arrivé et que nous ne pouvions plus garder nos fenêtres ouvertes. En grandissant, nous avions pris l'habitude de nous asseoir au bord de nos fenêtres respectives et de nous parler par messages, nos fenêtres étant séparées par de trop nombreux mètres pour que l'on puisse discuter sans être entendu par autre que nous-même. Mais le jour où il s'est rapproché de sa meilleure amie, il s'est éloigné de moi. Je ne pouvais plus imaginer ses yeux dans l'ombre, plus deviner sa silhouette dand l'encadrement de sa fenêtre.

Il dit que c'est sa meilleure amie, Eleanor. Mais j'ai du mal à y croire.

Je sens mes yeux s'écarquiller quand la porte devant moi se ferme et que Louis apparaît devant sa fenêtre. Il regarde dans ma direction mais j'ignore s'il me voit. Je le vois prendre son téléphone sur son étagère qui se trouve apparemment toujours à côté de la fenêtre de sa chambre. Je me demande ce qu'il fait.

Je laisse mon esprit vaquer à ses occupations alors que mes yeux se ferment et que je me concentre sur la fraîcheur qui lèche mon visage. Je ne veux plus penser, juste ressentir. Mais lorsque j'entends le bruit de mon téléphone qui vibre contre le bois de ma table de nuit, je sursaute, m'accrochant au bord de ma fenêtre par réflexe. Je décide d'ignorer les vibrations de mon téléphone et de refermer les yeux pour profiter encore un moment du calme.

Le même bruit désagréable résonne dans l'air quelques fois d'affilé. Je finis par enjamber l'encadrement de ma fenêtre et rentre dans la pièce. Je me traîne lourdement jusqu'à mon lit en attrapant mon téléphone portable.

C'est sans surprise que je découvre quelques messages de Louis.

From Louis : Coucou

From Louis : Eh oh. Tu me rejoins ?

From Louis : Allez...

From Louis : Descends ... Descends de ta fenêtre et rejoins moi dehors... S'il te plaît.

From Louis : Je t'attends dans deux minutes.

Je soupire doucement en fermant mes paupières. Depuis combien de temps est-ce que j'attends qu'il se souvienne de mon existence ? Alors pourquoi ai-je simplement envie de plonger dans mes draps pour ne plus en ressortir ?

From Louis : S'il te plaît... Je dois vraiment te parler.

Me parler pour quoi faire ? Me dire qu'il s'est mis avec Eleanor ?

Finalement, je soupire de nouveau et attrape un bas de jogging qui traîne sur ma chaise de bureau, l'enfile lentement et sort discrètement de ma chambre. Je rejoins le rez-de-chaussée sur la pointe des pieds en essayant de ne pas faire grincer le parquet de l'escalier, ouvre la porte d'entrée, la referme derrière moi et lorsque je me retourne, j'aperçois la silhouette de Louis sur la balançoire, se balançant à l'aide de la pointe de ses pieds.

Je m'avance silencieusement et prends place sur la seconde que je pouvais apercevoir depuis ma chambre. Je lève les yeux vers l'arbre qui est en fleurs.

- J'ai cru que tu ne viendrais pas.

Je ne réponds pas, me contentant de fixer les pétales des petites fleurs qui se secouent au vent.

- Comment tu vas ?

Je ne baisse toujours pas le regard mais après quelques secondes de vide, j'ouvre enfin ma bouche.

- Je ne sais pas.

Je me retiens de justesse d'ajouter que depuis qu'il n'est plus là, je me sens vide.

- Et toi ? je l'interroge enfin.
- Ça peut aller.

Après un moment de vide, c'est lui qui romp le silence une nouvelle fois.

- Tu m'as manqué.
- Toi aussi.

Et tu n'imagines pas à quel point.

Il ne semble pas vouloir reprendre la parole, mais je sens mes yeux fatiguer.

- Tu devais me parler ? J'aimerais dormir.

Je baisse enfin les yeux des fleurs, changeant l'objet de mes contemplations.

- Je...
- Sors avec Eleanor ? Merci mais je le savais déjà. je le coupe.

Je le regarde ouvrir de grands yeux avant qu'il n'éclate de rire puis plaque sa main sur sa bouche, en de souvenant sûrement que mes parents dorment dans la pièce juste à côté de nous et que la maison a beau être isolée, cela ne veut rien dire.

Quand il calme enfin son hilarité, il se tourne vers moi avant de perdre doucement son sourire en comprenant que je suis sérieux.

- Attends, t'as vraiment cru que je sortais avec elle ? Non, mais n'importe quoi, il rit de nouveau mais plus discrètement. C'est juste ma meilleure amie ! Elle n'est pas du tout mon genre et elle le sait !
- Elle est très jolie, je ne te comprends pas.
- Disons qu'elle a quelques petits trucs en plus et en moins physiquement. Tu ne savais vraiment pas que je préférais les garçons ?

Je le regarde, cachant ma surprise. Je n'en avais pas la moindre idée. Les étoiles, en avaient-elles une idée ? Ou suis-je le seul à le découvrir ?

- Tu ne sais vraiment pas pourquoi je suis là ? me demande-t-il en me fixant dans les yeux.

Je secoue la tête pour toute réponse.

- Je me suis éloigné de toi parce que ça fait huit ans que je me suis rendu compte que j'étais amoureux de toi. T'avais dix ans à l'époque. J'en avais douze. T'imagines ? Aujourd'hui, ça ne choque pas, mais quand j'étais plus jeune je ne comprenais pas tout et j'avais peur de te faire du mal, j'ai préféré m'éloigner et garder mes sentiments pour moi. C'est justement El qui m'a encouragé à t'en parler. Elle était surprise que tu ne t'en sois pas encore rendu compte. D'après elle, ça crevé les yeux. Dès qu'elle a vu le regard que je posais sur toi, elle m'a dit que ça ne laissait même pas place au doute, pour te dire.

J'observe les traits de Louis pour savoir ce qu'il pense, s'il me dit la vérité. Mais il ne semble pas mentir.

- Pourquoi tu ne me le dis que maintenant ?
- Je suppose que j'en avais marre de rester dans le doute.
- Et qu'est-ce qui te fait croire que c'est utile ?
- Ça l'est ?

Pour toute réponse, je me contente de me pencher en glissant ma main dans sa nuque pour l'attirer vers moi. Nos lèvres se retrouvent en même temps que ses mains se perdent dans mes boucles.

Les seules qui pourront à jamais témoigner de cette soirée seront les étoiles et la lune qui garderont notre secret.

Recueil d'OS [L.S/Z.M]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora