10° Rosso Carminio

405 55 48
                                    


Chapitre à lire avec la musique pour plus d'intensité.






Dante



Roulant sur les routes escarpées de la côte, ma Cadillac semblait voler sur l'asphalte.


Deux jours avaient passé depuis ma nuit avec Sélène. L'impression de vivre un rêve, mirifique.

Les dix années passées n'avaient su faire disparaître l'attirance, le désir, cette sensualité vivace, qui caressait nos échines lorsque nous étions proches.

Un sourire s'esquissa sur mes lèvres. Je pouvais sentir un creux se former dans mon bas ventre lorsque ses yeux brillaient en me regardant.

Elle ne m'avait pas oublié.

Et cette seule pensée faisait exploser des pétales de feu dans mon cœur. Il m'arrivait souvent, au cours de ces années, au détour de la mer, ou lorsque je roulais sur ma vespa, de repenser à l'été 1999. Sélène m'apparaissait alors comme un ange, dont l'essence ne cessait de m'échapper. Peu importe combien j'essayais, son souvenir ne cessait de s'effriter. Ne demeurait alors que cette braise, à l'intérieur de moi, qui se ravivait au souffle de son nom.

Lorsqu'elle me regardait, j'avais l'impression d'exister, et ce, depuis qu'elle m'avait regardé, qu'elle m'avait vu, sur cette petite place éclairée des lumières dorées de la nuit. Nous étions encore jeunes, presque innocents. Des colombes, en plein envol, que la vie n'avait pas encore fauché.

Je tournais au coin d'une rue, pour arriver devant un petit immeuble. Le soleil se couchait, et en levant les yeux vers le ciel, je pouvais le voir se décliner en une myriade de couleurs. Rose, orange, mauve, tout semblait se mélanger pour exploser dans la palette trichromatique du ciel.

Je m'arrêtai un instant, les mains sur le volant. Si je fermais les yeux, je pouvais voir ses yeux, et son odeur me parvenait, céleste. Rejetant la tête contre le siège, je me laissais emporter à la contemplation. La musique pulsait à travers l'auto-radio.


La revoir à Palerme semblait encore irréel. J'avais tant de fois hésité à partir, à quitter mon île pour aller m'installer ailleurs. Mais le soleil de la Sicile brillait aussi fort dans le ciel que dans mon cœur. Je ne pouvais me résoudre à la quitter, à abandonner la Dolce Vità. Alors on reste, espérant que les peines, les souffrances et la douleur pourront être magnifiées par les sentiments, par l'exaltation qui nous embaume lorsque l'air de la mer nous parvient, lorsque que brillent les couleurs dans le ciel, lorsque l'infinité est palpable.



Sortant furtivement de la voiture, je poussai la porte de l'immeuble et montai les marches quatre à quatre. Sans toquer, j'ouvrai la porte. À l'intérieur, les volets étaient fermés et l'obscurité s'y jetait par salves. Seule une petite lumière passait par une fente.

Massimo était assis sur un fauteuil. Fumant un cigare, la fumée embaumait la pièce. Il ne m'avait pas entendu rentrer. Adossé contre le mur, je le regardais de loin. Perdu dans ses pensées, je remarquais alors qu'il avait pris un coup de vieux. Ses yeux semblaient fixer un point inexistant dans le vide, et je me demandais comment un homme qui fumait autant pouvait être encore en vie.

Je riais jaune et m'avançai.

- Tiens, dis-je sans préavis, en lui tendant un petit sac en plastique.


- Merci, répondit-il d'une voix rauque.



Son cigare pendait à ses lèvres. De tout son être émanait le danger, la brutalité, la violence la plus absolue. C'était un homme dantesque, qui m'avait effrayé. Mais désormais, j'étais celui qui m'effrayait le plus. Car Massimo avait fait le rapt de l'enfant qui était en moi. La Cosa Nostra m'avait tué.


Se tenant face à moi, sans défenses, je pensais alors à combien il m'aurait été facile de lui faire du mal. Un seul coup, et j'aurais pu le tuer, tant il semblait affaibli ces derniers jours.

Fut un temps où je haïssais cet homme. J'aurais voulu qu'il meure dans les pires souffrances. Que je sois celui qui les lui inflige.


- Tu peux y aller, toussa-t-il.


J'acquiesçai, et jetant un dernier coup d'oeil à la petite pièce, tournai furtivement les talons. Massimo m'arrêta alors que j'avais la main sur la poignée.



- Je vais mourir.




J'esquissais un sourire.



- Je sais, répondis-je, toujours dos à lui.




Puis, j'ouvrai la porte et sortais, le laissant seul, pour ses derniers jours de vie.


















...




Alors, ce chapitre ?

Que pensez-vous du comportement de Dante ...? Un homme duel, partagé entre la bonté et la dureté la plus sévère ...



Je dédie ce chapitre à @senjuchiwa qui me fait toujours bien rire avec ses commentaires et réactions 😭 Passez voir son rantbook : Badbitches Only pour passer un bon moment!


N'oubliez pas de voter et de commenter!✨


À très vite 🖤

S A P H I ROù les histoires vivent. Découvrez maintenant