prologue

167 26 45
                                    


𝓛e premier mot que prononça le vieux barbier grincheux à mon égard lorsque j'entrai dans son salon de coiffure étonnement vide fut une injonction tranchante et brève digne d'un officier nazi.

- Assis !

Docilement, je m'exécutai. De peur qu'il ne le fasse avec sa paire de ciseaux. Puis, il commença à tournoyer autour de moi, les ciseaux cliquetaient sans même attendre de connaître la coupe avec laquelle je souhaitais ressortir de son salon de coiffure, ou la coupe avec laquelle je ne souhaitais précisément pas ressortir de son salon. Faut croire qu'avec ma tignasse aussi lisse que les poils d'un chat, je n'avais pas assez de choix sous la main.

« - Vous voulez que je vous raconte une histoire digne d'un polar ? Demandai-je pour briser la glace et instaurer un climat de convivialité entre nous. Le silence pesant me rendait mal à l'aise.

- Dites toujours, du moment que vous arrêtiez de bouger la tête. Je vais finir par vous coupez l'oreille. »

Je considérai ce « dites toujours » comme un grand pas, un invitation au dialogue, à la paix sociale, et en même temps j'essayais d'oublier le plus rapidement possible, la menace d'amputation de mon organe auditif.

« - Très bien, alors, c'est l'histoire d'un jeune homme. Un mercenaire. Ou plutôt, un soldat d'élite. Il n'aimait pas le terme « mercenaire ». Il avait vingt-quatre ans, et avait été formé depuis sa majorité à l'armée. Il travaillait pour l'Iraq. Il avait connu la guerre civile à Baghdad. Il était assez charismatique d'ailleurs. Je m'égare, excusez-moi... Un jour, alors qu'il s'occupait de la ronde dans la chaleur suffocante de la capitale iraquienne, quelqu'un avait assassiné le commandant. C'était un des soldats de leur camp ! Nul ne savait pourquoi, notre protagoniste aussi n'en connaissait point la raison. Malheureusement pour lui, il fut accusé comme meurtrier de ce commandant. Pour la simple et bonne raison qu'ils s'étaient violemment battus tout les deux avant le drame. Cependant, il était vraiment innocent. Il ne lui avait rien fait. Vous me suivez toujours ?

Le coiffeur avait arrêté de toucher mes cheveux et avait acquiescé, m'intimant de continuer.

- Bon, le soldat d'élite avait alors compris qu'il n'irait pas loin avec cette accusation sur le dos et avait décidé de s'enfuir à Hong Kong.

- Si je résume, commença le barbier en coinçant sa paire de ciseaux derrière l'oreille droite, un soldat d'élite travaillait à Baghdad, il s'était battu avec son commandant qui avait été assassiné quelques heures plus tard. Tout le monde lui avait fait porté le chapeau, et il s'était dit que s'enfuir devait être la meilleure solution ?

- C'est assez bien résumé. Oui.

- Alors ? Comment s'était-il enfuit ? Me demanda-t-il nonchalamment en essuyant le peigne sur son tablier avant de replonger dans ma chevelure. De son autre main, des ciseaux cliquetaient sans jamais s'arrêter, faisant résonner une symphonie assez agaçante. »

Tout dans son attitude indiquait qu'il ne croyait pas un traître mot de ce que j'étais en train de lui raconter. Si seulement il savait...
Il m'encourageait à continuer, sûrement pour voir jusqu'à où mon imagination délirante pouvait aller.

« - Pour se rendre à Hong Kong, il l'avait fait à pied, et en faisant de l'auto-stop dans les autoroutes. Il fuyait les caméras de surveillances, les hôpitaux, il traversait les frontières avec risque. Arrivé à Hong Kong, il avait changé d'apparence. Et puis, il s'était dit que personne n'allait suivre son voyage intrépide jusqu'à là. Si je vous parle de son existence, c'est parce que ce soldat d'élite, avait boulversé une partie de la planète, il y a deux ans avec...

- L'explosion de l'avion commandée par une mafia chinoise. Termina mon interlocuteur avec les yeux écarquillés. »

C'était la première fois qu'il manifestait un quelconque signe d'intérêt dans cette conversation, où plutôt dans ce monologue que j'avais entamé.

« - Effectivement. Comment vous
le saviez ?

- Ce jour évoque des souvenirs assez durs pour moi, m'avait-il répondu en perdant son regard vers son reflet sur le miroir. J'ai perdu mon épouse dans ce crash d'avion, il y a deux ans. Elle partait pour des vacances à Londres, elle n'est jamais revenue. Sur cent quatre-vingt-deux passagers, aucun survivant.

Le barbier secoua sa tête et une lueur d'espoir réapparut dans ses yeux.

- Parlons d'autres choses. Comme votre histoire, par exemple. Je n'ai pas eu l'envie d'écouter les médias à propos de cette affaire. J'espérais que ma femme reviendrait et que ce n'était qu'une plaisanterie de mauvais goût. Certes, une part de moi à conscience qu'elle n'est plus là, mais je reste encore dans cette imagination. C'est cet espoir qui me fait vivre. Racontez moi ce qu'il s'est réellement passé. »

- Je vais vous raconter la vérité, seulement la vérité sur cet événement. Vous êtes
prêt ? ».

Malgré sa mine détachée et son air froid, le vieillard grincheux bouillonnait d'envie de tout savoir. Et moi de tout lui raconter....






ㅤㅤ:¨·.·¨:
'·... nda : abandonnez pas cette fic à cause de ce prologue nul à chier merci <3

𝐖𝓐𝐍𝐆 𝐂𝓞𝐑𝐏𝓞𝐑𝐀𝐓𝐈𝓞𝐍𝐒₊skz Where stories live. Discover now