𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐 :

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Nous étions rentrés. À l'intérieur, un vacarme incessant cachait le son de la radio. Les plus jeunes d'entre nous couraient dans tout les sens, Sœur Soriante était sûrement à l'étage entrain de s'occuper du linge avec quelques bambins qui la suivaient comme des chiens perdus. L'orphelinat Hamilton a été créé en hommage à Elizabeth Hamilton, l'épouse du fameux Père Fondateur. Plusieurs orphelinats ont été créé, les plus fameux sont seulement dans les grandes villes d'Amérique : le nôtre n'était un piteux endroit où on abondonnait ses enfants sans état d'âme, une porcherie où une bonne femme religieuse s'occupait des déchets qu'on ne voulait pas, personne ne venait chercher un enfant à adopter, après tout qui serait assez fou pour s'aventurer dans le Montana ? Dans un trou perdu, loin des grandes villes de l'état ?
Je soupirais face au bruit insupportable, alors que nos aînés essayaient de calmer les plus excités, je commençais à sortir une nappe ainsi que des assiettes en même temps tout deux étant sur le même meuble imposant, Jack était à côté de moi, me demandant de lui passer ce que j'avais dans les mains pour pouvoir sortir ce qu'il restait : avec deux autres enfants de nos âges, nous installons la longue table qui régnait à l'entrée, une table en bois vraiment à un rien de se casser c'est l'une des raisons qui nous poussent à la décorer avec délicatesse et à surveiller nos cadets.

ㅤㅤㅤㅤㅤㅤ" Vous n'avez pas terminé ? Dépêchez-vous un peu.. "


Disait Sœur Soriante de retour dans la salle commune, les mains occupées par un panier vide. On pourrait penser aux premiers abords qu'elle était une femme cruelle, sans cœur, sans empathie mais elle était seulement maniaque et avait horreur que rien ne se passe comme elle avait prévu, une minute qui s'écoule de trop et la religieuse devenait une autre personne. Enfin, c'était seulement une remeur qu'on pouvait raconter sur elle.. Comme celles qui disaient qu'avant d'être bonne sœur et de donner tout son temps aux orphelins, elle aurait été enfermée dans un asile de New-York ou qu'elle aurait tué son mari et son enfant. Des tonnes et des tonnes de rumeurs qui la rendait presque mythique. Seulement un enchaînement de mots pour faire peur aux plus petits d'entre nous. Nous étions une vingtaine à vivre sous le même toit, certains sont là depuis leur naissance, d'autres depuis quelques semaines mais malgré l'ancienneté de l'orphelinat, nous n'avons jamais entendu parler de ceux qui vivaient ici avant nous, comme si nous étions les premiers. Une odeur agréable de soupe envahissait la pièce, du bons pains chauds venaient les uns après les autres, certains grimaçaient en voyant le plat du soir. Moi, je n'avais pas vraiment une envie quelconque de manger une nouvelle fois de la soupe mais je ne pouvais pas me plaindre, j'avais un toit, une couverture, mon frère et Jack.

Nous nous installons tous autour de la table sans forcement en ayant une place attribué : Au début de celle-ci se trouvait Sœur Soriante, en face d'elle était une chaise vide. Mais malgré qu'une place était vide, nous mettions toujours une assiette et des couverts pour un invité surprise mais personne ne venait. En face de moi était assis Alice comme toujours, puis à ma droite, Jack. Qui avait déjà commencé son plat avec voracité, ce qui n'échappe pas à Sœur Soriante qui ose un raclement de gorge pour mon camarade. Il leva la tête, levant également les yeux au ciel et s'essuya la bouche avec la manche de son pull. Il était temps de la bénédiction du repas. Notre Sœur commençait ses dires religieux, nous avons tous les mains collées, la tête baissée, même si nous étions pas croyant ou de cette religion, nous le faisons sauf une personne : Jack. Faisant semblant de prier, il se pencha près de moi avant de chuchoter ces paroles :

ㅤㅤㅤㅤㅤㅤ" Pourquoi on devrait remercier quelqu'un qu'on a jamais vu ? En plus, c'est même pas lui qui a ramené le pain c'est le four et William.. "


Remarquant un regard persistant sur nous, je donnais un coup de pied à Jack sous la table. Il grimaçait et lâche un petit « aïe », ce qui faisait rire plus d'un, dont mon frère.. À la fin, nous disions tous Amen et nous pouvons enfin commencer à profiter de ce repas, qui avait un peu refroidi. De nouveau, il y avait un bruit de fond. De multiples discussions s'entendaient, certaines se melangeaient et donnent des situations assez.. Drôle. Jack avait rapidement terminé, en même temps lorsqu'on commence avant tout le monde, c'est sûr qu'on sortira avant les autres. Voulant le suivre, je laissais mon plat à moitié entamé mais en me mettant debout, Sœur Soriante remarqua mon assiette, elle se plaça derrière moi et pose ses imposantes mains sur mes frêles épaules.

ㅤㅤㅤ" Tu le suivras quand tu auras complètement terminé de manger. "


Un soupire bruyant et je reviens à ma place en regardant Jack s'amusait avec les autres, avec un brin de jalousie. Nous étions connu pour être les deux inséparables, seulement si c'était vrai. J'ai toujours suivi Jack avec un sentiment de protection, il me rassurait et je me sentais tellement bien avec lui mais fallait qu'il rencontre d'autres personnes, c'est sûrement une mauvaise chose de ma part d'être aussi jalouse face à ce genre de scène mais Jack était mon seul ami, le seul. Après avoir terminé en dernière, je me levais de nouveau mais Sœur Soriante en profita pour me faire faire le débarrassage et la vaisselle, les autres jouaient à l'étage, j'étais seule dans notre sorte de cuisine à m'adonner à mes activités maudites. Une heure passe, trente minutes de plus, une trentaine de plus, c'était long, très long. Deux heures et je n'avais même pas atteint la moitié des corvées, il me fallu encore deux heures de plus pour terminer complètement et la pendule de la salle commune indiquait qu'il était minuit. Tout le monde dormait, sauf moi. Je montais au deuxième étage, là où était ma chambre, je fixais la porte qui était au fond du couloir, cette fameuse porte.

&&. 𝓐𝐋𝐈𝐄́𝐍𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍. Where stories live. Discover now