2. Un chaï latte

138 5 0
                                    

Le soir, en rentrant chez moi, je lui envoie le premier message. Un simple, « alors cette action elle s'est bien fini ? »

C'est aussi à ce moment-là que je me rends compte que les journalistes ont choisi un cliché ou je suis en gros plan pour mettre dans le journal local. La dégaine de la petite militante, une coiffure sans sens, un gros gilet noir, aucun style. Toutes les personnes à qui j'ai demandé sont d'accord avec moi pour dire que cette photo est horrible.

Mais quand je lui envoie à elle, elle n'a pas réagi pareil, elle est enthousiaste, contente. « Mais tu es une star !!! ». Au fond, cela me touche, je suis contente de sa réaction.

Mais ma rencontre avec elle, commence à me questionner. Je n'arrive pas à m'expliquer, comment une personne que j'ai vu une seule fois peux m'intriguer autant. Elle paraît être une énigme que je dois résoudre, un casse-tête que je m'obstine à passer en boucle dans mon esprit. Et puis cette sensation, je n'arrive pas à l'expliquer. Elle dégageait une sérénité qui étais transperçant, bouleversante.

Et depuis je reste subjugué, par sa manière d'être, de se tenir et d'agir avec les gens comme si elle les avait toujours connus, tous en ayant une retenu impressionnante. Personne ne m'a jamais autant interpellé, et le lien que je ressens me fait me poser des questions sur qui elle est. Alors je m'obstine, je dois savoir pourquoi j'ai eu ce courant électrique quand elle m'a touché, et pourquoi son visage reste dans ma mémoire. Pourtant je ne suis pas comme ça, les gens n'ont pas spécialement d'importance pour moi, et même si, ils sont sympathiques, ne jamais les revoir ne me pose pas de problème. Mais j'ai cette étrange impression qu'avec elle, cela ne sera pas possible, je dois comprendre ce qui s'est passé, j'en devient presque obsédé.

Peut-être simplement que cela fait longtemps que je ne me suis pas fait de nouveau amis. Effectivement je traîne avec la même bande de bras cassé, depuis le collège et lycée, c'est à dire quelques belles années.

Et même si mes amis me conviennent, depuis mon retour et la fin de mes études j'ai envie de nouvelle chose. Et pour une fois que je m'entends bien avec une personne, je souhaite que l'on puisse devenir des amis.

Je me souviens que lors de la manifestation, elle m'a dit qu'elle habite à Annemasse, cela est un peu loin, mais je me souviens aussi qu'elle m'a dit faire c'est étude à Annecy. J'avoue que je ne sais pas trop ce que je veux à ce moment. Mais elle m'a marqué, d'une certaine façon j'ai envie de la revoir.
Alors pour une fois j'y suis aller aux culots, moi la fille timide, peu sûre d'elle, j'ai mis à terre toutes mes barrières pour réussir à lui demander. En effet, même si de métier je suis assistante sociale, je n'ai jamais eu de faciliter pour rencontrer des personnes dans la vie privée. Pourtant je suis très extrovertie dans mon travail, avec mes amis, mais face à des inconnues, je me bloque, la peur constante de rencontrer de nouvelle personne, qu'elle rentre dans ma vie pour finir par en sortir.

Mais comment dire à ce moment-là, avec cette fille, même si cela est dur, l'attraction que j'ai envers elle est tellement puissante, que je n'ai pas réussi à m'en empêcher. Comme une envie indescriptible de la revoir.
Alors j'ose, lui demandé si elle vit à Annecy pour son école, et quand la réponse fut oui. Je lui propose par message de prendre un café avec moi.

Nous convenons aussi par message de nous retrouver à la sortie de mon travail et de son école. Elle est plus jeune que moi, mais de seulement deux ans, ce qui est finalement peu. Malgré tous moi je viens de finir mes études, alors qu'elle est en seconde année.

Ne sachant pas exactement où elle vie, je lui propose de m'indiquer un point de rendez-vous non loin de chez elle. Me déplacer ne me poser aucun problème pour la retrouver.

C'est là qu'elle m'indique la banque de France au centre-ville. Sauf que la banque de France se trouve exactement dans la même rue que mon travail. Elle vit depuis le début à côté de moi, sans le savoir.

Je suis sortie beaucoup trop tôt du travail, je suis tellement enthousiaste à l'idées de la retrouver. J'ai attendu près de la banque de France, de longue minute, entre un petit tour sur instagram et facebook pour passer le temps, adossé au mur j'attends. Elle m'envoie un message pour me dire qu'elle vient de poser ses affaires de cours chez elle et qu'elle vient me retrouver. J'étais euphorique comme une entrée en scène au théâtre. Je la vois arrivé le sourire aux lèvres, dans une magnifique petite robe, elle est simplement resplendissante, ce n'est pas trop, seulement parfaits.

Alors dans une fin d'après-midi encore estivale, nous marchons jusqu'à la vieille ville. Le feeling de la manifestation est toujours là. Nous nous installons dans un café, elle commande un chai latte et moi un cappuccino. Nous discutons de tous et de rien, comme d'ancienne amies. La discutions parait tellement fluides et simple.

Tout le long, Je suis fasciné par son sourire, je me surprends moi-même à le fixer sans un mot, je suis subjugué par ces lèvres sans comprendre ce qui m'arrive. J'analyse chaque geste, chaque mot qu'elle prononce. Je ne pense pas à ce que cela implique, je profite de ce moment, cet instant pleinement. Même si cela est compliqué pour moi d'être face à une inconnue, être avec elle me parait facile, évident, presque destiné à arriver, à se rencontrer.

J'observe les mouvements de ses longs cheveux bruns retomber sur son visage, ses yeux foncés ont l'air d'exprimer une certaine profondeur, un vécu. Son visage à l'air doux, décontracté, et en face de moi, elle semble paisible, sur d'elle.

Et comme toute conversation, quand on apprend à connaitre quelqu'un, nous parlons de nos relations amoureuses, j'ai peut-être fait un peu exprès d'amener ce sujet dans notre conversation. Depuis le début j'ai le désir d'en savoir plus sur elle, et mon esprit ne contrôle absolument rien. Après avoir échanger sur nos désespoirs amoureux avec les garçons. C'est là, qu'elle me dit qu'elle est bi. Elle est sortie qu'avec des garçons avant, mais qu'elle sait, qu'elle est aussi attirée par les filles.

Ma première réaction est de lui dire que je m'en douter, je pense surtout que je l'espérer inconsciemment fortement. Et sans attendre alors que je ne l'avais jamais vraiment assumé par le passé, et que je n'en suis même pas sur moi-même, je lui réponds que moi aussi. Je le fais naturellement sans arrière-pensée, comme si c'était totalement normal.

Sauf qu'être attiré par les filles n'est pas normal pour moi, je n'ai jamais été attiré par les filles. J'ai déjà eu cette conversation avec Lorelai, étant elle lesbienne, nous avions déjà parlé de ma sexualité.

Ce soir-là d'ailleurs j'étais bourré, et je lui avais dit que je pourrais être bi, mais je n'en étais pas sûr, peut-être qu'un jour je coucherai sûrement avec une fille pour l'expérience, mais de là à me projeter avec, je ne l'ai jamais imaginé. Et même si mes relations amoureuses avec les garçons sont plus que chaotique, je pense sincèrement finir ma vie avec un homme.

Après ce café dans ma tête c'est plus clair, il y a un truc qui m'attire chez cette nana et je dois, par n'importe qu'elle moyen savoir ce que sait.
Sur le chemin du retour, je lui précise que je ne veux pas qu'elle croit que je la drague, mais au fond je commence à me dire que c'est peut-être le cas. Est-ce son sourire, sa voix, tous ce qui fait qui elle est, je ne sais pas, c'est chimique, incontrôlable.

Obsession, dépression, fascinationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant