Trop de maux, pas assez de mots.
« Tu es jeune »
« À 20 ans on a pas de vrais problèmes tu verras plus tard »
« Tu as à manger et un toit sur la tête qu'est ce que tu veux de plus ? »
Comment leur expliquer. Pourraient-ils seulement comprendre.
J'ai le mal de moi. Je me sens mal là dedans. Dans mon coeur et dans ma tête.
J'aimerais que vous puissiez ressentir ce que mon esprit m'inflige. J'ai pour habitude de dire que mon cerveau est malade, que je suis instable. Mais n'est ce pas plutôt l'humanité qui l'est ?
Tout se bouscule. Je ne suis composée que de contradictions.
Je ressens tout, trop puis plus rien. J'aime à en crever puis je hais. Je déborde d'espoir puis soudain le vide.
Soit trop, soit pas assez.
Il n'y a pas d'équilibre. Je bascule du tout au tout.
J'aimerais écrire des mots libérateurs, mais tout est si répétitif. Mon vocabulaire s'essouffle, l'encre s'use mais mon mal être lui, accroît. Un mécanisme sans fin. Sans but.
Je me questionne souvent sur l'origine de ce profond mal être. Au fond je le sais. Chaque peine a sa cause. Chaque cause sa conséquence. Je suis dotée d'une capacité à l'introspection. J'ai conscience de chaque événement, entraînant chaque souffrance bien distincte. Mal être qui a évolué au fil des années. Débris d'existence ne formant plus qu'un amas.
Un énorme poids. De plus en plus lourd.
Le problème qui se présente à moi est le suivant, pour m'en débarrasser il me faudrait traiter chacune des causes.
Il y'en a trop. Et pour certaines d'entre elles cela prendrait des années. Je n'ai pas le temps, enfin si mais j'ai peur de le perdre. Peur de me battre en vain. De gaspiller le temps qu'il me reste.
Je me bats depuis des années, je n'en vois plus la fin.
Très peu comprennent la profondeur de ce mal être, mon corps ne laisse paraître qu'une infime partie de ma souffrance. Je ne suis pas faible, je suis juste fatiguée.
Me répéter « des gens vivent pire que toi » ne m'aide pas, se comparer aux autres n'a jamais guéri aucune blessure. Ce n'est pas une compétition.
Des professionnels j'en ai vu, aucun ne m'a aidé. Mal être souvent minimisé. Et voilà ce dont j'ai peur, si eux ne parviennent pas à m'aider et si moi même je n'y arrive pas; alors je fais quoi ?
