Condamnée

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J'ai longtemps hésité, mettre des mots sur mes maux.
Ça a l'air simple pour certains. Moi je manque de vocabulaire. Ou alors le vocabulaire manque de mots.
Je suis bien incapable d'expliquer le chaos qui habite ma tête. Comment décrire ce combat qui me déchire les tripes. Cette guerre qui fait rage dans chaque parcelles de mon corps. Ne laissant aucune place à la paix. Seule l'autodestruction est la bienvenue.
Être soi devrait être inné. Alors pourquoi suis-je à la recherche de mon Moi ? Pourquoi je ne le trouve pas ? Comment font les humains pour trouver leur place au sein du corps qu'on leur impose ? Je n'y arrive pas.
Je ne suis pas moi. Je joue constamment. Comme une pièce de théâtre où j'incarne un rôle. Le rôle de ma vie. Mon esprit et mon corps sont deux êtres différents . Ou alors je suis folle. J'en sais rien.
Tout ce que je sais c'est que je suis le poison et l'antidote. Je suis la maladie et le remède. Je suis la vie et la mort.
J'attend patiemment qu'on me délivre. Mais peut-on délivrer quelqu'un de lui-même ?
Évidemment nous pouvons sauver un humain d'une noyade, ou même d'un incendie. Mais comment le sauver s'il brûle de l'intérieur. S'il se noie dans son esprit. S'il s'engouffre sous le poids écrasant des questions. S'il s'étouffe dans ses pensées. S'il perd pied dans la mélancolie des souvenirs. Se heurtant à ses traumatismes les plus anciens.
Comment le sortir des griffes de son tyran quand celui ci est son esprit. Quand il est son propre tortionnaire.
Comment mettre fin à une guerre entre un corps et son esprit ? Soyons réaliste. On ne peut pas. On ne peut pas sauver tout le monde. Certains sont condamnés. Je suis condamnée.
Vous savez on me dit souvent que j'ai l'air heureuse, que je dégage beaucoup de joie de vivre. Ça prouve bien à quel point les humains sont manipulables. Un sourire, deux trois blagues et le tour est joué. Ils sont naïfs. Ou alors non. Peut être qu'ils ne sont pas bêtes. Au contraire, ils ne veulent pas voir. Alors ils font semblant d'y croire. Parce qu'ils ne veulent pas vous aider. C'est trop compliqué. C'est compréhensible, si vous-même n'arrivez pas à mettre un terme au chaos, comment le pourraient-ils ?
Finalement, ils ont raison.
C'est la loi du plus fort. Marche ou crève.
Les âmes perdues, les esprits torturés on les laisse sur le bas côté. On les fait taire. On les enterre.

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