neuf

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NOVA

En même temps que je coupais les carottes pour le quatrième soir consécutif, je répondais à leurs questions.

Je leur expliquais comment j'étais arrivée là, à l'autre bout du monde alors que je ne m'étais jamais intéressée à leur culture et que j'avais quelques a priori :

- Tu étais raciste ?

- Ah non, c'est une chose que ma mère a toujours condamnée. Je me souviens encore de la fois où je lui ai répété ce que j'avais entendu à l'école... Brrrr.

Et j'ajoutais que, de toute façon, ma meilleure amie était l'une de leurs fans et que je n'avais pas intérêt à la critiquer pour ça :

- Elle me parle de vous et de plein d'autres groupes à looongueur de journée ! Je vous assure, elle est é-pui-sante ! *rire*

Je leur racontais brièvement que j'avais grandi sans père mais avec un modèle féminin incroyable et un gros husky rempli d'amour.

Et, une fois qu'ils n'avaient plus de question, je me suis replongée dans mes pensées.
Je n'avais jamais autant souri et parlé que depuis que j'étais là, et pourtant cela ne faisait même pas deux semaines. Je me sentais vraiment bien avec eux. Ils n'étaient pas hypocrites, ne me critiquaient pas dans mon dos après m'avoir demandé d'être leur amie. Ils étaient gentils, drôles, agréables à vivre. Bien sûr, ils avaient leurs défauts ! Entre Hyunjin la drama queen et Seugmin à la triste mine, ce n'était pas toujours parfait. Mais ils étaient juste... humains. Et ils s'entraidaient.
Je m'entendais particulièrement bien avec Changbin, Félix et Seugmin. Les autres aussi étaient très gentils, hein !

Mes pensées ont dérivé vers Jeongin. Quel abruti celui-ci ! Un abruti avec de jolies mains. Un abruti avec de grands hoodies confortables et qui sentaient bon un mélange de lessive et de... lui ? Un abruti qui me demandait de lui raconter ma vie pendant qu'il mangeait les légumes fraîchement coupés et épluchés par moi-même. Un abruti qui me ramenait quand je m'endormais sur l'espèce de canapé (oui, j'avoue, je m'étais une fois réveillée sur le trajet et avais fait en sorte de me rendormir aussitôt. Mais, pour ma défense, j'étais vraiment fatiguée !). Un abruti avec lequel je passais tout mon temps et qui m'envoyait des gifs touuute la journée.

Impossible de m'arrêter de penser à ce qu'il s'était passé l'autre jour. Ça ne me ressemblait pas pourtant ! Qu'est-ce qu'il m'arrivait ?

Eh merde...

Alors que Jeongin mangeait, pour la énième fois, un bout de carottes tout juste coupé, j'ai quitté la cuisine et me suis dirigé vers la porte, ai pris l'ascenseur après avoir mis les chaussures de l'abruti et suis allée dehors.
Alors qu'il neigeait, j'ai pris mon téléphone et ai appelé l'un des premiers contacts. En attendant qu'il décroche, j'ai soupiré et ai vu Félix à peine plus loin.

[- Allô ?

- Salut, Théo. Ça va ?

- Ouais, et toi ?

- Ouais... Euh, écoute, on devrait se séparer.

- Ok.

Il y a eu un blanc de quelques secondes et il a reprit, le souffle court :

- Ne pense pas que ça me fait rien, hein. C'est que... Je dois juste accepter ton choix et puis tu m'avais prévenu, ah ah.

Je l'ai entendu renifler.

- Est-ce qu'on peut au moins continuer à se parler ? Rester potes ?

- Bien sûr.

-...

-...

- Bon... J'espère que ton stage se passe bien. Appelle-moi si tu as besoin de quoique ce soit.

- Toi aussi.

-...

-...

- Est-ce que... Je peux au moins te demander pourquoi ?

- J'ai rencontré quelqu'un. Je suis pas trop sûre de mes sentiments, ça fait un peu comme au tout début de notre relation tu vois... peut-être en un peu plus fort... Mais j'ai la sensation de te tromper... Et tu le mérites pas.

- Merci...

-...

-...

-...

-...

- Bon... Ben... Salut, prends soin de toi. Et si cette personne te blesse, préviens moi, j'irai lui casser la gueule.

J'ai ri doucement.

- Il vaut mieux pas, mais merci. Prends soin de toi et dis-moi aussi si quelqu'un d'autre te fait du mal.

-...

- Salut.]

On a mis un peu de temps avant de raccrocher et une fois que cela a été fait, je me suis accroupie et ai dessiné vite fait dans la neige.

Quels étaient ces sentiments étranges ? C'était la première fois que je ressentais quelque chose d'aussi... Ça.

Dans l'ascenseur, quelques minutes plus tard, j'ai retrouvé Félix, qui me regardait... Mal ? Il a redirigé ses yeux vers son portable et à empoigné le sac en plastique à côté de lui lorsque nous sommes arrivés à leur étage.

J'ai rangé les chaussures et ai caché mes mains dans les manches du pull de Jeongin.

Putain...

Je suis retourné dans la cuisine et il m'a demandé s'il y avait un problème. Je lui ai répondu que non et ai fini de faire à manger. Quand il s'approchait, mon cœur avait le hoquet, quand il souriait, je me surprenais à sourire aussi, et quand il riait, je me sentais bien. Il m'agaçait, mais dès qu'il arrêtait de m'embêter, je me sentais vachement vide. Je me sentais comme avant d'arriver en Corée, il y a environ deux semaines.

Je suis allée dans l'une des salles de bain et me suis douchée, me suis habillée d'un grand t-shirt et d'un short en tissu avant de plier le sweat de Jeongin et de le poser sur son lit. Je me suis ensuite allongée sur le matelas que j'occupais depuis le premier jour et ai mis un écouteur dans mon oreille droite tandis que j'étais tournée sur le côté, face au mur.
J'ai fermé les yeux quelques secondes.

Pourquoi je me sentais aussi bien dans ses bras ? Pourquoi est-ce que j'adorais lui emprunter ses hoodies ? Pourquoi est-ce que j'aimais tant qu'il me nourrisse comme un bébé alors qu'il y avait des fourchettes et couteaux ? Et pourquoi est-ce que même ses remarques prétentieuses me faisaient rire ?

Merde, j'appréciais vraiment cette andouille.

- Woaaaaah... Tu écoutes des chansons si tristes, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Je suis sortie de mes pensées, réalisant alors que Changbin se trouvait à côté de moi et avait mon deuxième écouteur près de son oreille.

- Oh, rien de particulier.

Il m'a souri.

- Je comprends si tu n'as pas envie d'en parler. Je vais dire aux autres que tu dors.

Il s'est éloigné, m'a souri une nouvelle fois, puis s'est arrêté avant de passer la porte.

- Je pense que tu n'as pas besoin de lui rendre son pull pour l'instant.

Et il a quitté la chambre.

Je me suis tournée vers le lit de Jeongin, ai regardé le vêtement et me suis levée pour le reprendre et l'enfiler. J'aimais son odeur, ses yeux brillants et sa jolie voix.

Et je venais de quitter mon copain à cause de ça.

***

Je somnolais lorsque j'ai vaguement entendu quelqu'un rentrer dans la pièce et me remettre la couverture jusqu'en haut du corps.
La très faible lumière est restée quelques secondes près de moi et j'ai senti une présence qui m'a légèrement fait sourire avant de replonger dans un profond sommeil.

Pour déconner [Stray Kids]Where stories live. Discover now