pré-épilogue

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J'ai été acceptée, non sans difficulté, dans l'école que je voulais intégrer et ai pu compter sur le soutien de mes professeurs, très agréablement surpris par l'incroyable remontée de mes notes et de mon attitude en classe après mon « stage ». En effet, dès mon retour, je m'étais reprise en main et avais rattrapé des mois entiers de cours. J'avais appris chacune des leçons de l'année et m'étais décidée à participer en cours. En quelques semaines, ma moyenne dans la plupart des matières était passée de cinq à douze et mes notes en langues continuaient de me tirer vers le haut. J'avais eu mon bac avec mention bien et avais continué à travailler.

C'est d'ailleurs peu de temps après que Mathilde et ma mère m'ont avoué que je n'étais pas celle qui avait demandé un stage lors d'une soirée mais qu'elles avaient tout tenté pour que je fasse quelque chose de ma vie. À ce moment là, j'ai mis ma fierté de côté et les ai juste prises dans mes bras. 

Je savais que je voulais faire des langues, je savais que je voulais pouvoir parler au monde entier et j'apprenais aujourd'hui le coréen et approfondissais mon niveau d'anglais et d'allemand.

La veille de la remise des diplôme, mon vieux chien a été incapable de se lever. Je me suis assise sur les marches des escaliers, tout en bas, et je suis restée à côté de lui. Maman est rentrée et nous a vus, et, je crois qu'à ce moment là, nous savions tous les trois pertinemment que c'était la fin sans vouloir l'accepter. Pendant plusieurs heures, j'ai caressé son dos et embrassé le haut de son crâne, posé sur mes genoux. J'ai essayé, en vain, de le faire jouer avec son bout de corde favori, j'ai essayé de toutes mes forces de le faire manger, de le faire sortir. J'ai agrippé son poil de nombreuses fois, retenant mes larmes. Je me suis couchée contre son corps comme nous avions toujours fait, j'ai collé ma tête vers ses pattes, comme nous l'avions toujours fait, j'ai désespérément posé ma main sur ses coussinets, qu'il a reposés sur ma main, comme nous avions toujours fait. Je l'ai regardé avec toute l'affection et la reconnaissance que je lui devais et il m'a regardée, avec toute la bienveillance et l'amour qu'il m'avait portés, comme nous l'avions toujours fait. Et j'ai pleuré, encore et encore, je lui ai murmuré des je t'aime un peu maladroits et l'ai supplié de ne pas me quitter même si je savais qu'après autant d'années de bons et loyaux services, qu'après autant d'années d'échanges et de complicité, il méritait de reposer son corps.
Je suis restée, contre lui, une bonne partie de la nuit avant de m'endormir sur le sol froid. Lorsque je me suis réveillée de mon léger sommeil, ma mère pleurait, assise contre le mur, et il ne respirait plus. Ça a été le jour le plus douloureux que j'aie jamais vécu. Ma gorge a été nouée toute la journée et je me suis sentie plus vide que jamais. Nous l'avons enveloppé d'un drap et mis dans le jardin, recouvert de chaux et de terre.

Les semaines suivantes ont été fatigantes et ennuyantes. J'ai dormi chaque jour en serrant sa couverture contre moi, je me suis levée chaque jour en respirant l'odeur de sa puanteur, j'ai ramassé chaque jour ses poils un peu partout et j'ai pleuré chaque jour en retrouvant ses besoins et ses jouets dans le jardin.

Mon vieux, il va me falloir du temps avant que moi ne soit constitué que de moi et plus de beaucoup de toi. 

Pour déconner [Stray Kids]Where stories live. Discover now