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NOVA

- Nous ne sommes pas ensemble. Pas encore, avoue Chin en lançant un clin d'œil aux étudiantes.

- Oooh, vous allez lui faire votre demande bientôt ?

Je vois le visage de mon ami se teinter de rouge. Les filles sautillent.

- Trop mignon !

- Vous êtes adorables tous les deux !

- Je voudrais tellement un petit ami ou une amie comme vous !

- Vous êtes si belle Unnie !

Je ne sais pas quoi dire. Pourtant, j'ai l'habitude de recevoir des compliments sur mon apparence physique mais là...

***

On sonne alors que je suis assise dans la cuisine vide, je vois sur le boîtier de l'entrée qu'il s'agit d'un livreur. Le temps que j'arrive à la porte, l'homme a disparu et un bouquet est posé sur le sol.

« Pardon » est écrit maladroitement en français.

Je prends les lys et les rentre dans l'appartement.

« Je sais que je t'ai blessé, que tu m'avais accordé ta confiance si durement gagnée. Je rêve encore de tes cheveux blonds et de ton visage que tu montrais sans maquillage. Je rêve encore de tes rires résonnant dans la cuisine, de tes ongles vernis dansants sur ma nuque, de tes pouces sur mes joues, de tes lèvres sur mon front, de tes yeux pétillants face aux miens. Je revois tes sourires discrets la manière dont tu posais tes mains sur mes épaules pour montrer aux autres filles que tu étais là, juste derrière moi. Je revois tes yeux fatigués le matin et la façon dont tu insistais pour nous accompagner. Je veux sentir à nouveau ton odeur et ton regard sur moi, ta tête sur mon épaule et ton parfum sur mes pulls. Parfois je me dis que c'est fini, que je ne pense plus à toi et puis je finis par te revoir en elles, que je côtoie pour tenter de te remplacer. Je me dis que c'est fini, que je n'ai plus besoin de toi et puis je n'y arrive pas, je ne veux pas mentir sur mes sentiments mais l'honnêteté ne gagne pas toujours. Je le sais maintenant. Je me questionne. Comment vas-tu ? En aimes-tu un autre ? M'as-tu oublié ? Reviendras-tu ?
Je voulais que tu te sentes à la maison quand tu étais au dortoir, je voulais que tu te sentes heureuse, je voulais que tu trouves en nous un endroit où te reposer. Je repense à nos premières batailles, à nos premiers doutes, à nos premières embrouilles, aux premières fois où nos regards ont changé. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai jamais douté quand tu me disais que tu m'aimais. Je ne sais pas pourquoi, mais je savais que tu étais honnête.

Nova, je le sais, je suis con. Pardon. »

Mon portable vibre moins d'une minute parés la fin de ma lecture. Mon coeur bat vite et je sens que ma respiration s'est accélérée. Les larmes me montent aux yeux. L'espace d'un instant, je suis replongée dans mes jours sombres, lors desquels je pleurais sans m'arrêter, la première fois où mon coeur s'est brisé.

[ - Nova ? On va rentrer vers vingt heures ce soir, tu es à la maison ?

- Je ne suis pas encore au dortoir, Felix. Je vais bientôt partir.

- Ok, ne pars pas dans trop longtemps si tu veux éviter la foule.

- Oui Maman.

Il rit.

- Hé Nobanana, je ne dis pas ça pour te couver !

- Je sais Maman Lix !

Je devine son sourire à travers l'écran. Il reprend :

- Est-ce que ça va ? J'ai l'impression que tu vas pleurer.

Je ne sais pas quoi dire pendant quelques secondes.

- Tu as reçu le bouquet ? me demande mon ami.

- Oui.

- Tu n'es pas censé avoir vu le texte. Je suis tombé dessus il y a quelques mois en cherchant un truc dans leur chambre et j'ai demandé à ce qu'il soit ajouté. Jeongin ne le sait pas. Tu sais, il n'allait pas très bien quand tu es partie.

-...

- Tout le stressait, il avait toujours peur de ne pas faire assez bien, de trop te priver, de t'étouffer. Il avait confiance en toi mais pas du tout en lui. Alors nous sommes allés te voir. Chez toi. En France.

-...

- Quand on est rentrés en Corée, il nous a avoué qu'il n'était plus sûr de rien. Il s'interdisait de déverrouiller ton téléphone, même si tu lui avais autorisé, mais il voyait les messages que tu recevais. Il ne les comprenait pas mais certains emojis ne trompent pas.

- Je ne l'ai jamais trompé. Je n'ai jamais fait quoi que ce soit qui puisse être ambigu avec d'autres.

- Je sais, Nova. Et il le sait aussi. Tu n'as pas à te défendre. Il avait trop peur de t'empêcher de vivre.

Mon cœur est terriblement lourd et ma tête commence à me faire mal.

- Il ne m'a jamais empêché de vivre.

Felix soupire, je reprends :

- Et le texte ? Qu'est-ce qu'il fait là ?

- J'y viens. Après t'avoir quitté d'une manière... nulle, je te le concède, il était vraiment triste. Quand il n'y avait plus besoin de sourire, il ne souriait pas. Tu sais, il était vraiment malheureux. Et il a commencé à écrire plus souvent. La plupart de ses textes s'adressent à toi, les autres le blâment. Je te dis tout ça parce que je suis certain qu'il ne te le dira jamais et que, franchement, vous voir tous les deux comme ça, c'est horrible.

- Comme ça ?

- Ben... Ouais. Comme ça.

- Je vais te laisser, Maman Lix. Vous avez besoin de quelque chose ?

- Ramène des sushis s'il te plaît. Je te rembourserai.

- Tu n'es pas obligé. À tout à l'heure.

- À tout à l'heure, Nobanana ! ]

Je prends le métro, achète à manger puis marche jusqu'au dortoir de mes amis.

L'appartement est totalement vide. Il n'y a pas un seul bruit.

Je marche lentement dans l'habitation, me remémorant tout ce que je peux. Les souvenirs me heurtent de plein fouet, ils me blessent. J'ai l'impression qu'ils me transpercent la peau.

J'entre dans la cuisine où nous avons passé tant de temps. Les longues discutions avec Felix dans le noir, les envies de bouffe à trois heures du matin avec Changbin, les courses poursuites avec Jeongin.

Tant de choses ont changées en deux ans. J'ai l'impression que nous sommes tous à la fois pareils et si différents.

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Ce chapître est particulièrement pourri.

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