Chapitre dix-neuvième

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Sur ces mots, le dernier pétale de la rose se détacha et Eren poussa son dernier souffle, sa tête retombant sur le sol.

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- Non....je t'en supplie, non... reviens-moi....je t'en prie.... pleura Livaï, écroulé sur le torse de son aimé, des sanglots lui secouant le corps. La Bête, qui avait longtemps été détestée par notre noiraud, était devenue ce qu'il avait de plus cher. Pourtant, malgré le changement qui s'était opéré dans le prince après la rencontre du jeune Ackerman, il a fallu que l'avenir qui s'offrait à eux et à leur amour naissant ne leur soit enlevé par un homme vil et cruel, qui se nourrissait de la souffrance des autres. Le monde avait heureusement été débarrassé de cette vermine à jamais, mais au prix de la vie du prince Eren Jaeger, brisant ainsi le coeur d'un jeune homme innocent par la méchanceté d'un seul homme. Lui qui rêvait de trouver son prince charmant, il devait le perdre alors que leur histoire n'avait même pas encore commencé.

N'ayant pas connaissance de l'état de leur maître et ami, les objets animés fêtaient la fuite du reste des villageois.

- Nous avons réussi Annie ! Nous sommes victorieux ! chantonna Armin, faisant tournoyer sa belle.

- Haaaaa.... fit-elle en s'écroulant, son partenaire la rattrapant de justesse. Elle se raidit petit à petit, jusqu'à ne devenir qu'un simple plumeau sculpté fait pour nettoyer, mourant ainsi dans les bras de son aimé.

- Annie ? Annie.... Oh, ma très chère Annie.... Oh non..... souffla Armin, comprenant ce qui était en train de se passer et la posant au sol.

- Connie... tu as été tellement courageux.... adieu, mon amour.... prononça Sasha avant de poser les tiges lui servant de bras sur ce qui semblait être ses épaules, et fermant définitivement les portes constituant son visage, les lumières décoratives s'éteignant lentement.

- Amore... non ! Ne me quitte pas ! pleura le clavecin en jouant ses dernières notes sur un clavier vidé de presque toutes ses touches. La musique mourut ensuite, et les bougies sur son lutrin artistique arrêtèrent de briller elles aussi.

Marco se précipita en geignant vers sa maîtresse, grattant le pied de l'armoire devenue immobile, puis patina jusqu'à son ancien et aimé maître, lui aussi devenu silencieux. Plus de chant pour l'une, plus de musique pour l'autre. Plus de lumières, de mouvements. Les humains jadis transformés en leur objet de prédilection étaient maintenant devenu ces meubles.
Dans un dernier grattement et une dernière pleure, le petit chien-tabouret tomba sur le dos, les pieds en bois figés à jamais.

- Hanji ! Hanji ! Quelqu'un a vu Hanji ? Elle a disparu.... Où est ma petite fille-, furent les derniers mots d'Erwin Smith, un père adoré par sa fille faiseuse de trouble et particulièrement apprécié de tous les habitants pour son caractère tranquille et réconfortant. Tandis que les traits de son visage s'effaçait de sur la théière, c'est aussi un père aimant, un mari attentionné, un voisin charmant et un faiseur de thé de qualité que le monde perdait. Devant cette vision terrible, Armin et Mikasa baissèrent la tête, jusqu'à entendre Hanji appeler son père.

- Papa !

- Oh non ! paniqua Mikasa, voyant la petite tasse fendre l'air et ses dernières traces d'humanité disparaître. Elle compris que la fillette n'arrivera jamais à atterrir et qu'elle se brisera contre le sol.

- Papaaaa ! fut le dernier mot de la jeune enfant, alors que sa fidèle sous-tasse se brisait au sol. Juste avant que l'ancienne Hanji ne touche le sol, Auruo la rattrapa de justesse, la posant à côté de la théière devenue silencieuse. Il se redressa dans un long grincement douloureux avant de se figer à son tour, laissant Mikasa et Armin seul au milieu de leurs amis endormis à jamais.

- Armin... je.... je n'arrive plus à... parler....

- Ne t'en fais pas, Mikasa....

- C'est fini, Armin.... Mon ami.... ce fut un plaisir de servir.... à tes côtés....

Dans une dernière sonnerie d'horloge, et après plusieurs aller-retour de ses aiguilles, Mikasa ferma ses yeux et se figea, aillant fait ses adieux à son ami de toujours.

- Tout le plaisir... fut pour moi, termina Armin, avant de tournoyer sur lui-même, ses bras passant devant et derrière sa tête pour compléter la décoration de ce chandelier qui fut un homme exceptionnel. Comme pour tous ses amis, ce qui faisait qu'on pouvait deviner ses traits humains disparut pour laisser la place à un objet décoratif fait d'or. Ses bougies s'éteignirent et plus un bruit ne s'éleva de la cour, laissant la place à un silence de mort. Les dernières lumières des lanternes du château devinrent noires, comme pour accompagner la disparition de tout l'ancien personnel attentionné et bon-vivant qui peuplait l'endroit. Les rires d'Hanji et les remontrances d'Erwin, les chants de Sasha, l'accompagnement de Connie et les jappements joyeux de Marco, les mots d'amour échangés par Armin et Annie, les taquineries dont était victime Mikasa, et le talent d'Auruo à la cuisine, qui faisaient de cet endroit un lieu où il faisait bon de vivre, malgré la malédiction.

Le maître et ses serviteurs avaient quitté ce monde de pierre et de neige, ce château maudit, cet endroit hors du temps et de la mémoire des hommes, que tous avaient oublié.

Ils avaient livré leur dernière bataille et en étaient sortis victorieux, mais le temps avait été contre eux, leur enlevant ce moment qui aurait dû être un moment de joie, de célébration, s'était transformé en une messe funèbre faite d'au revoirs pensés mais sans la possibilité d'être prononcés. Le temps est cruel et traître, vous enlevant famille, amis, ainsi que tous les mots d'amour que vous auriez voulu avoir le temps de prononcer.

Le temps est assassin, et démoniaque, faisant tout pour que vos moments de joie passent plus rapidement que vos moments de peine. Que vos rires s'éteignent plus vite que vos pleurs. Que votre désespoir soit plus long que votre espoir.

Cette prise de conscience peut avoir durer une seconde comme une heure ou plusieurs jours. Dans cette histoire, on ne prend pas en compte le temps qui est passé, on ne se repère pas avec des secondes mais avec des claquements de pas.

Ceux de l'enchanteresse, Petra, qui s'avançait dans la salle où gisait le corps de l'ancien prince.

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