Episode 4: La Grande Guerre

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Le vent soufflait terriblement. Hugo était allongé sur le dos, face au ciel. Les gouttes tombaient en torrent sur son visage. Sa cage thoracique se soulevait à chaque respiration. Il entendait les cris, les tirs qui fusaient de tous les côtés, qui créèrent petit à petit un bourdonnement dans ses oreilles. Il n'arrivait plus à se concentrer sur le moment présent. Il était terrifié. Son corps était endolori. Il ne sentait plus ses jambes. Il savait qu'il allait mourir, que c'était la fin. Que fait-on exactement lorsque notre heure est proche ? Où doivent aller nos pensées ? À notre famille ? À nos amis ? À la femme qu'on aime ? Maria... Maria...

  Le train siffla. L'heure était venue. Hugo devait rejoindre le combat. Maria l'embrassa tendrement. Derrière eux, sur le mur, était accroché un tableau où était inscrit « Berlin - Bahnhof Charlottenburg », soit « Berlin - Gare de Charlottenburg » en allemand. La foule de soldats les bousculait sur le quai. Cependant, les deux amoureux étaient dans leur bulle, rien ne pouvait les en faire sortir.

« Promets-moi que tu rentreras vite et en pleine santé, demanda Maria.

- Ne t'inquiète pas ! La guerre finira bientôt. On y retourne seulement pour quelques jours, quelques semaines tout au plus. Le Führer l'a annoncé, nous avons pratiquement gagné !

- Hitler... Ne crois-tu pas tout ce qu'il se dit sur lui ?

- Je suis obligé d'y aller, Maria. Ne comprends-tu pas ? Peu importe ce que je pense ou non. »

Maria baissa la tête. Hugo saisit ses mains dans les siennes. Il lui donna un doux baiser sur la joue.

« Je t'aime et je te reviendrai, ma chère Maria ! »

Maria sourit tendrement et embrassa une dernière fois son jeune époux. Le sifflet du train retentit une nouvelle fois. Hugo lâcha les mains de sa femme et partit rejoindre un wagon. Il monta à bord et fit signe à Maria qui lui répondit tout du long. Le train démarra. Il s'éloigna petit à petit. Maria rétrécit de plus en plus jusqu'à devenir un petit point perdu dans le paysage.

  Thomas se coucha instantanément au contact de la balle. Il porta les mains à la blessure dans l'espoir d'arrêter l'hémorragie. Le sang coulait à flot se mêlant à l'eau de pluie qui tombait. Thomas n'avait pas forcément peur, mais il était surpris. Son regard se porta sur l'horizon. Il observait les corps tomber. Allemand, anglais, américain, peu importe, il ne voyait simplement que des corps inertes qui recouvraient le sol. Il devait demander de l'aide. Cela semblait tellement absurde. Qui viendrait l'aider dans une telle situation ?

« À l'aide... à l'aide... »

Personne ne vint à son secours.

  Dans le hall de la gare, Thomas attendait. Assis sur un banc, il regardait l'entrée avec insistance. Allait-il venir ? Il observait tous ces visages étrangers aller et venir. Il remarquait les femmes embrassant leur mari, les enfants embrassant leur père. " Père... le mien viendra-t-i aujourd'hui pour me dire au revoir ? " Dans la foule apparut enfin un visage familier. Thomas se leva et accueilli sa mère à bras ouverts. La femme enlaça son fils avec toute sa force. Ils se séparèrent quelques secondes plus tard.

« Maman.

- Mon fils ! Que tu es beau dans cet uniforme ! »

Thomas sourit légèrement. Il baissa la tête et demanda :

« Père ?

- Je suis désolée. Il avait une affaire à résoudre.

- Bien sûr, comme d'habitude...

- J'espère que tu ne fais pas tout ça pour lui. Tu n'as rien à lui prouver. Il sait qui tu es.

- Oui... c'est cela... »

GODS: Les dieux de l'OlympeWhere stories live. Discover now