𝐃𝐨𝐧'𝐭 𝐆𝐢𝐯𝐞 𝐔𝐩 [Terminée]

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We looked at each other too long to be just friends

Je reste devant la porte fermée du garage pendant un bon moment avant d'enfin me décider à l'ouvrir. Le froid de la pièce me fouette le visage, ce qui me fait grelotter légèrement. J'avance vers des cartons entreposés que nous n'avons jamais ouverts jusque-là, et les apporte dans ma chambre, au calme.

Je les pose bruyamment, car ils sont lourds puis m'assois sur le sol, parmi eux. J'en ouvre un, et souffle un bon coup.

Tu es forte. Tu peux le faire, Alise...

Je jette un coup d'œil dans les affaires qui se trouvent dans la boite cartonnée et prends des dessins faits par moi et Violette.

Sur l'un d'eux, il y a dessiné toute la famille, et Violette a gribouillé d'une écriture d'enfant en feutre rose : Amoure pourt toujour. Une larme s'échappe de mes yeux. Je déplie une autre feuille, c'est un texte fait par ma sœur pour s'excuser de je ne sais quoi. Beaucoup de fautes sont présentes, mais je les vois à peine tellement la douleur et la nostalgie se sont emparées de moi. Mon cœur est lourd. Je me reconcentre sur ce que je faisais, et sors du carton le précieux doudou de ma sœur. Elle l'utilisait toujours même en ayant grandi. Je porte la peluche à mon nez et me concentre sur l'odeur que détient l'ours, Grizzy, qu'elle l'avait appelé.

Je regarde par la fenêtre et remarque qu'il pleut. Même la météo a décidé de la pleurer. Le ciel est triste, comme moi. Il pleure sa mort, comme moi.

Je remets Grizzy dans la boite, et sors un ticket de parc d'attraction.

Il date de pas si vieux.

C'était un mardi de vacances, Violette et moi étions partis de la maison juste toutes les deux. Nous étions très contentes, on se sentait grande. Une sortie rien que nous deux pour faire des manèges à sensations, ça n'arrive pas tous les jours ! Nous nous étions énormément amusées. Ça avait été la plus belle journée de ma vie, même si j'avais vomi après une attraction. Ma grande sœur avait très bien géré mon évanouissement. J'étais fière d'elle, je me sentais encore plus en sécurité avec elle, après ça. On s'était promis de ne rien dire aux parents parce qu'on savait pertinemment qu'ils allaient nous gronder et nous dire que nous avions été inconsciente d'être montée dans un manège beaucoup trop dangereux, et qui autorisait à peine les personnes de mon âge. Violette et moi, nous faisions confiance, et avions des tas de secrets ainsi que de promesses... Peut-être qu'on était trop proches, trop fusionnels, peut-être que c'est à cause de ça que je l'ai perdue...

Je sors de la maison pour rejoindre Louis, car il ne pleut plus. Un grand sourire ne quitte pas mes lèvres, l'idée de le voir me fait tellement de bien... J'arrive enfin au parc que je chéris particulièrement après quelques minutes de trajet à pieds.

Il se trouve là, assit dos à moi, sur un banc au bord du lac. Malheureusement, quand je me rapproche, je constate que Louis n'a pas l'air bien... Je m'inquiète tout de suite. Où est passé son sourire ? Son si beau sourire... Je ne veux pas qu'il soit triste...

- Ça ne va pas ? demandé-je, préoccupée.

- Je n'ai pas passé une bonne journée.

- Tu veux en parler ?

Il me fait un petit sourire que je devine forcé.

- Je ne veux pas t'embêter...

- Louis, tu ne m'embêteras jamais. Parle moi. Ça m'intéresse. Je veux être là pour toi, comme tu l'es pour moi.

- C'est bête. Je ne peux pas te raconter ça alors que tu as vécu bien pire.

- Ce n'est pas bête. Je ne veux pas que tu ressentes ça... Si tu es triste ou énervé, c'est pour une raison et jamais au grand jamais je te dirai que tu n'as pas le droit de l'être juste parce que j'ai vécu "pire" que toi. Tout le monde a des hauts et des bas. C'est comme ça. Tout le monde vit des choses et tout le monde le vit différemment.