Chapitre 20

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- Tu vas bien, Morgane ? Je veux dire, t'es encore plus moche que d'habitude. Me demande Jasmine.

- J'ai pas trop bien dormi aujourd'hui... je répond une sucette à la bouche.

En fait, je n'ai pas du tout dormi. À vrai dire, j'ai passé la nuit à effacer la mémoire des proches d'un homme que j'ai tué. Enfin pas toute la nuit, une grande partie. Le reste de ma nuit a été hanté par un homme parti trop tôt.

- Tu sais si tu ne te sens pas bien, tu peux rentrer chez toi...

- Pourquoi ça n'irait pas ? J'ai juste fait un cauchemar, ça arrive. Ne t'inquiète pas. Je lui explique.

- Si tu le dis... dit-elle pas très convaincue.

Nous rentrons dans le « centre-ville » du territoire. Cette endroit qui d'habitude n'est que crie et rire est maintenant silencieux et calme. Très peu de personnes sont de sortie. Même les soldats qui s'entraînent à cette heure-ci ne sont pas là.

La mort de Charlie a touché beaucoup plus de gens que je ne l'imaginais. Même s'il ne faisait techniquement plus partie de la meute, il était aimé de tous ici. Autant dire que la meute entière est en deuil.

- Que c'est calme ici. C'est d'un ennuie !

- Tu côtoies la mort tous les jours, Morgane. Eux non. Tu ne peux pas comprendre leur douleur. Même si cette homme avait une énorme place dans ton cœur. Tu n'as pas la même relation avec la mort qu'eux. Ils ont besoin de temps pour réparer leur cœur et digérer la nouvelle.

- Leurs douleurs, je la comprends très bien. Je la ressens. Mais après 3 siècles, tu commences à supporter ce genre de blessures.

Je sens son regard sur moi, mais je fais comme si de rien. Elle s'inquiète, elle ne devrait pas. Je ne devrais même pas ressentir ses sentiments. Quelle capricieuse je suis.

****

La maison de l'Alpha est d'habitude bruyante et remplie de personnes. Mais cette fois-ci, elle est plutôt calme. Les seuls bruits que j'entends sont des pleurs et le bruit de la télévision en fond sonore.

Clarisse ainsi que Rose sont assise sur un des canapé du salon. Elles pleurent. Rose pleure depuis des jours sans s'arrêter. Elle a les yeux rouges et gonflés.

- Même si Charlie est mort, c'est pas grave. Je dis après mettre positionnée devant elle. Tu trouveras quelqu'un de mieux.

Rose lève la tête mais ses pleurs n'arrêtent pas. Ils s'amplifient même. Clarisse me crie :

- Bon sang, mais t'es complètement folle ! Mais comment tu peux dire ça ? Charlie n'a-t-il jamais été ton ami ?!

Je tourne la tête et regarde la télévision accrochée au mur. Une femme tirée à quatre épingles parle d'un meurtre. Le meurtre d'un hommes non-identifié. Le meurtre d'un homme survenu il y a quelques jours dans une ruelle sombre et assez mal famé. Le pauvre homme s'est retrouvé le crâne complètement écrasé. C'est un meurtre d'un extrême cruauté. Peut-être un règlement de compte ou même un vol qui a mal tourné... mais quel ramassis de merde ! Je l'ai tué parce que j'en avais envie. Parce que j'avais la possibilité de le faire. L'envie et la force. Parce que j'en étais capable. Parce que je suis un monstre. Parce que les couleurs du monde ont disparu et que je voulais partager ma peine avec le monde entier. Peut-être que je voulais me prouver quelque chose aussi.

Non, je sais. Parce que je voulais voir ce que ça faisait de faire le bien. Je voulais lui ressembler. Mais c'est pas mon truc. J'ai finis par tuer un homme. Un connard certes mais tout de même un homme. Mais qu'est-ce que le bien et le mal ? Ce sont des notions tellement proches. Un héros à besoin d'un vilain à combattre pour exister. Et puis qu'est-ce qu'un héros, hein ? Ce ne sont que des égoïstes qui ne se battent que pour ce qu'ils pensent être juste. Et pourquoi quand un vilain fait exactement la même chose, il devrait être traité de monstre sous prétexte qu'il blesse des innocents ? Depuis quand une personne devrait mettre le bonheur d'une autre avant la sienne ? Mais qu'est-ce que je raconte ? J'ai sûrement perdu la tête...

Faucheuse - Tome 1 : Le LienWhere stories live. Discover now