→ porte-clés ;; enhypen

JUNGWON - V

Je l'avais déjà vu quelque part, ce porte-clé. Sur quelqu'un, par contre, et non sur une table comme Sunoo me disait que Ni-Ki l'avait trouvé.

Un type étrangement très normal, de ce que j'avais dû croiser à peine plus de cinq fois dans les couloirs sans vraiment faire attention à lui.

« T'es sûr que Ni-Ki l'a trouvé sur une table ?

— Il n'est pas du genre à mentir inutilement.

— J'ai déjà vu quelqu'un avec un truc comme ça, expliquai-je en pointant le porte-clé. »

Je n'étais pas même certain qu'il soit plus grand que moi. Pas assez pour que je le remarque, en tout cas. Pour être honnête, rien ne sortait de l'ordinaire chez lui ; même sa chevelure légèrement décorée l'avait fait sortir du lot pendant un cours laps de temps, une semaine après, la moitié des gens avaient adopté les décolorations couleur caramel. Peut-être avait-il quelque chose de spécial, qui piquait la curiosité de tout le monde ?

La première fois où j'eus réellement posé les yeux sur lui fut quand je réalisai qu'il ne parlait pas que Coréen avec les gens qu'ils croisaient. Au début, je voyais tous les mots qui sortaient de sa bouche comme une langue extraterrestre, mais après quelques mois d'habitude, j'eus enfin saisi que c'était de l'anglais, mais que son accent n'était pas si commun lorsque la plupart des gens choisissaient de consommer du contenu américain.

De lui, je ne connaissais que son visage, sa voix, et ce porte-clé en forme de Lune que j'avais ramassé une fois, alors que nous nous étions bousculés dans le couloir.

« Je crois pouvoir lui tomber dessus demain, tu veux que je le lui rende ?

—  Bonne idée. Tiens, fais-en bon usage. »

Sunoo laissa tomber la petite Lune dans ma maison, et je la glissai dans une des poches de ma veste. Avec un peu de chances, je pourrais le croiser dans la journée.

 Je serrai les anses de mon sac à dos alors que nous traversions le portail. En un rien de temps, Sunoo trouva son groupe et me quitta sans oublier de me saluer alors que j'étais encore à la recherche d'Heeseung, et, accessoirement, de l'étranger au porte-clé.

Sans en croiser aucun dans la cour, j'entrai dans le bâtiment avec la certitude fébrile que l'un des deux se trouverait peut-être dans le couloir. Le rez-de-chaussée demeurait sans âme. La chair de poule me prit vite. Je m'élançai dans les escaliers, sur le qui-vive : le premier étage n'était qu'à peine plus peuplé. Je passai devant la salle où Heeseung devait avoir cours, mais il ne se trouvait pas non plus à l'intérieur.

Pour moi qui avait toujours pour habitude de le voir arriver avant moi, c'était une première.

Je grimpai les marches quatre à quatre pour atteindre le deuxième. Je ne pensais plus vraiment le trouver, de plus en plus persuadé qu'il avait dû rater son réveil et que je devrais l'appeler, mais j'aperçus sa silhouette à l'autre bout du couloir.

Il parlait avec un type que je n'avais jamais vu. Celui-ci devait faire à peu près sa taille, des cheveux noirs dans lesquels il n'arrêtait pas de passer sa main en tournant en rond - était-il préoccupé ? - et un peau étonnamment blanche.

Curieux, je tentai de m'approcher sans me faire remarquer.

« Attends... Je rêve ? T'es en train de me dire que ça fait deux jours qu'il l'avait, et il l'a déjà perdu ? sembla-t-il répéter.

— C'est ça...

— Il abuse ! Comment tu veux... Hé, c'est bon.  Je vais aller le dégommer un bon coup, ça lui remettra les idées en place.

— Calme tes idées meurtrières, tu sai- Écoute, il est mignon, c'est pas ma faute. Je cède facilement. Il va finir par le retrouver, de toute façon ! Il ne doit pas être allé bien loin, non ?»

Je fronçai les sourcils. Lui aussi avait perdu quelque chose ?