7. Une patrouille pas comme les autres

24 4 5
                                    


Je travaille dans la police depuis quelques années maintenant. Le métier avait ses hauts et ses bas, comme vous vous en doutez, mais dans l'ensemble, tout se passait plutôt bien. J'avais déjà eu quelques situations critiques à gérer, mais rien de traumatisant, rien qui puisse laisser des séquelles irréversibles. Au contraire, c'était même plutôt galvanisant, et ces situations me procuraient cette dose d'adrénaline que j'affectionnais tant. C'était pour cette raison que j'avais choisi ce métier. Pour me sentir vivante d'un côté, et être utile à la société de l'autre.

Mais tout a changé il y a quelques jours, lorsque j'ai dû m'occuper d'un incident qui allait chambouler toute mon existence, ébranler toutes mes convictions. Je suis terrifiée, je ne trouve plus le sommeil, et je n'arrête pas de repasser ces événements en boucle dans ma tête. Je doute de ma santé mentale. Mon côté rationnel et pragmatique se bat furieusement contre la réalité de ce que j'avais vu de mes propres yeux, refusant d'y croire, cherchant désespérément une explication logique, mais échouant lamentablement.

C'était il y a quelques nuits. J'étais en patrouille avec mon partenaire, Kévin, lorsque nous avons reçu un appel radio nous demandant d'aller inspecter un bâtiment dans les environs, une sorte de centre médical sur plusieurs étages. C'était la société de sécurité qui avait donné l'alerte, à la suite d'un mouvement anormal que leur détecteur de mouvement avait repéré dans l'un des bureaux de l'étage, et ils craignaient que ça ne soit un cambriolage.

En arrivant sur les lieux, le détenteur des clés était déjà présent. Nous avons été surpris par sa réactivité, et il nous a expliqué qu'il habitait tout près du centre. Il nous a ouvert la porte, et nous sommes allés sécuriser l'intérieur.

Le rez-de-chaussée était constitué d'un hall avec un comptoir d'accueil, une pharmacie, et un petit couloir qui donnait sur un ascenseur et une porte fermée, derrière laquelle se trouvaient les escaliers. Tous les bureaux des médecins et les salles d'attentes étaient situés à l'étage. Le responsable des clés s'est sagement installé au comptoir d'accueil, et nous avons commencé notre inspection. Kévin est resté dans le hall pour surveiller l'entrée, l'ascenseur et les escaliers, et je me suis dirigée vers la pharmacie.

À l'affût, j'ai inspecté chaque rayon, chaque recoin qu'un éventuel cambrioleur pourrait utiliser comme cachette, mais il n'y avait personne. Tout était calme et rien ne semblait avoir été touché. J'ai rejoint mon partenaire à l'entrée, et nous nous sommes dirigés vers les escaliers. En tournant la poignée de la porte pour y accéder, on s'est aperçus qu'elle était verrouillée. Je me suis tournée vers le responsable des clés pour lui demander d'ouvrir, mais à notre grande surprise, il a simplement haussé les épaules en nous disant qu'il n'avait pas cette clé-là, qu'il n'avait que celle de l'entrée. Je me suis retenue de lever les yeux au ciel. Quel genre de détenteur des clés n'avait pas toutes les clés ?

Il y a mieux comme organisation, j'ai pensé.

La seule issue pour accéder à l'étage était donc l'ascenseur. Ce n'était pas l'option la plus sécurisée, et je n'aimais absolument pas l'idée de dépendre d'un appareil pour battre en retraite en cas de besoin, mais nous n'avions pas le choix. Kévin a donc appelé l'ascenseur, et nous sommes montés dans la cabine, laissant le détenteur des clés seul au rez-de-chaussée.

En arrivant à l'étage, la cabine s'est ouverte sur un long couloir plongé dans les ténèbres. La seule chose que nous pouvions discerner était une lumière diffuse tout au bout, provenant d'une petite signalisation indiquant la sortie. Armés de nos lampes, Kévin et moi avons prudemment avancé le long du couloir, chacun de nous s'occupant d'un côté, et nous avons vérifié toutes les portes unes à unes. Elles étaient toutes verrouillées. À chaque nouvelle porte inspectée, nous nous arrêtions quelques instants pour tendre l'oreille et essayer de percevoir un quelconque bruit ou mouvement, mais le calme était total. Oppressant même. Dans ce long couloir au sol moquetté, ne laissant filtrer aucun bruit, nous avions l'impression d'être dans une autre dimension. Je n'en menais pas large, et je sentais que Kévin non plus, mais nous avons tout de même continué à avancer, sur le qui-vive.

Chair de poule 2 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant