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Je m'amuse à décoller le cachet de cire
De tes lettres d'amour, coincées entre les pages
D'une énième autre romance à notre image;
Celle que les enfants demandaient à relire.

« Pour le meilleur et pour le pire, c'est deux là, c'est sûr, c'est pour la vie »

Le conte de fée s'est éternisé pour prendre fin du jour au lendemain.

J'étais le premier tome de ton histoire
Mais j'ai vu que je n'en serais pas le second
Un soir de février, laissée à l'abandon
Comme un souvenir effacé de ta mémoire.

Il m'avait empoisonné quelques mois plus tôt;
Mes veines étaient une terre vierge à gagner.
Il m'a enfermé dans cette cage dorée,
Alors je t'ai aimé derrière les barreaux.

J'ai pu briser le rêve en ignorant mon cœur
Pour ne pas devenir ton pire cauchemar.
Tout à coup tu disparais avec tout espoir;
De quoi réveiller mes plus anciennes peurs.

En gage d'amour je t'ai laissé t'enfuir,
Avant que je ne t'empoisonne à mon tour
À l'autre bout d'une rivière sans retour,
Pour au moins mourir comme un bon souvenir.

Je me réfugie dans les décombres du temple
Que je t'ai bâti; là où il fait toujours nuit.
Les douleurs d'hier sont les mêmes qu'aujourd'hui,
Alors je t'aime à travers ce qui te ressemble.

Lorsque je t'ai embrassé lors de ce mois d'août,
Je suis retombée amoureuse en un baiser.
L'euphorie a réussi à tout apaiser;
Un baiser ne peut plus faire taire tes doutes.

Il m'a enchaîné lors de ce jour de printemps
Pour me couper à jamais de ton univers.
Que restera-t-il de moi à la fin de l'hiver ?
Je me suis réfugiée dans l'œil de l'ouragan.

Je voudrais pouvoir inverser les aiguilles
Pour me sauver moi-même de cette prison
Et pour ne plus être seule avec mes démons;
Je les enfermerais derrière cette grille.

Je garde tes lettres comme des marque-pages
Dans des histoires romantiques aux fins malheureuses.
Je me cache à l'abris d'une averse amoureuse;
J'ai peur de chavirer dans un nouveau naufrage.

Les échos du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant