Avril

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Ma tête posée sur ta poitrine chaude,
J'ai écouté ton cœur battre toute la nuit
En fixant à mon doigt la bague en émeraude
Que tu m'as offerte juste avant l'insomnie.

Je garde tes dessins dans mon journal intime:
Le sanctuaire d'innombrables arts secrets,
Les indices et les preuves de notre crime
Que l'on s'est promis de ne jamais dévoiler.

Lorsque je t'ai rencontré à l'Ouest de Paris,
Je t'ai haïs à la première seconde.
Tu étais ce que j'avais toujours détesté
Mais j'étais attirée par toi comme un aimant.
Puis, le temps d'un regard, j'ai voulu remplacer
À tout prix la cigarette au coin de tes lèvres;
Une terre à coloniser par un baiser.

Une bague en or à ton annulaire gauche,
Tu m'as confié les clés d'un sombre royaume
Où ne régnait plus le Soleil mais la débauche.
J'ai fait taire tes démons en chantant des psaumes.

Agacée par tous nos rendez-vous clandestins,
Je voulais t'aimer à midi comme à minuit,
Alors j'ai fini par affronter le destin
Et toutes nos disputes ont brisé l'harmonie.

J'ai voulu divulguer les preuves à tout Paris;
Tu m'as mise sous silence en m'offrant le monde.
J'étais bien consciente de ce que je voulais,
Seulement à tes yeux je n'étais qu'une enfant;
Mais vingt ans d'écart, c'était ce que tu aimais.
Tu m'as retiré la cigarette des lèvres;
Une terre à coloniser par des baisers.

J'étais difficile à cerner et à aimer
Parce que j'étais brisée; et aujourd'hui
Je comprends que c'était ce que tu recherchais.
Tu m'as fait plonger dans un rêve évanoui.

Tu m'as offert des bijoux en m'appelant « reine »,
Comme si c'était ce que je recherchais,
Quand je voulais être l'unique souveraine
D'un pays délaissé depuis plusieurs années.

J'aurais voulu pouvoir révéler à Paris
Notre crime ainsi que sa nature la plus profonde,
Pour que notre idylle vive en pleine journée,
Et non dans les ombres des regards menaçants.
Le but du jeu était de tout garder secret;
Tu as empêché les mots de toucher mes lèvres
En colonisant cette terre de baisers.

Ma tête posée sur ta poitrine chaude,
J'ai écouté ton cœur battre toute la nuit
En fixant à mon doigt la bague en émeraude
Que tu m'as offerte juste avant l'insomnie.

Je garde tes dessins dans mon journal intime:
Le sanctuaire d'innombrables arts secrets,
Les indices et les preuves de notre crime
Que l'on s'est promis de ne jamais dévoiler.

Les échos du silenceWhere stories live. Discover now