chapitre 5

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Le soir, je quitte le château pour rentrer chez moi. Demain nous sommes mercredi, et ce jour est un jour de congé pour moi. Enfin, un jour que je vais devoir passer avec mon futur mari alors je ne sais pas trop si je peux parler de congé. Je soupire, détache mes cheveux et passe une main dedans. Une fois devant chez moi, je toque à la porte pour m'annoncer puis rentre.

- Emily ! lance ma mère en m'apercevant.

Elle vient me prendre dans ses bras. Je ris légèrement.

- Alors, comment se sont passés tes deux premiers jours de travail ? Raconte-moi tout !

- Hé bien, je n'ai pas à me plaindre. La princesse Ambrosia est vraiment charmante avec moi. Par contre, la reine et le prince ne sont pas vraiment aimable. Je n'ai pas encore eu l'occasion de croiser le roi.

- Oh, ne t'en fais pas, ignore-les.

- Oui, bien sûr.

Ma mère sourit.

- J'ai une surprise pour toi, dit-elle.

Je souris.

- Ah oui ?

- Retourne-toi, dit-elle.

- Surprise, lance une voix masculine.

Je me retourne et... c'est bien ce que je craignais.

- Oh, bonjour Emilio.

Ma mère s'offusque.

- Mais enfin Emily ! Il a quitté son travail plus tôt pour venir te voir et c'est comme ça que tu l'accueilles ? Voyons.

Je soupire discrètement.

- Excuse-moi. Je suis ravie de te voir Emilio !

- Ne fais pas la dévergondée non plus, dit ma mère.

- Où est papa ? je change de sujet. Il ne mange pas avec nous ?

- Si, mais lui ne peut pas se permettre de quitter son travail plus tôt. On va s'installer à table en l'attendant, ce n'est pas grave.

On s'assoit donc tous les trois autour de la table en bois qui trône en plein milieu de la cuisine et Emilio s'assoit à côté de moi. Tandis que ma mère se relève pour aller vérifier les plats, il en profite pour poser sa main sur ma cuisse. Je la lui enlève.

- Ça n'est pas le moment, Emilio, je lui chuchote.

Il lâche un soupire d'agacement et repose sa main sur la table.

- On va bientôt être marié, tu devrais commencer à t'habituer à ce que je te touche.

- Je n'ai pas envie d'être touchée pour le moment.

- Un jour tu en auras l'envie, crois-moi. Tu m'en demanderas encore et encore.

Mon père rentre à ce moment, stoppant soudainement cette discussion plus que gênante. Il salue tout le monde et pendant le repas, on parle de mon nouveau travail au château et de mes ententes avec les autres domestiques.

- D'ailleurs, je m'entends bien avec Claudio, le cuisinier. Il est très...

- Pardon ? Je peux savoir pourquoi tu parles avec un autre homme que moi ?? s'exclame Emilio.

Je fronce les sourcils.

- Je te demande pardon ? Je ne suis pas encore ta femme et jusqu'à preuve du contraire, parler à d'autres homme n'est pas un crime !

Emilio se lève d'un coup.

- Je n'apprécie pas ta façon de me répondre Emily !

Et sur ce, il quitte la table et avant de passer le pas de la porte, il s'exclame :

- Je reviendrai demain, j'espère que tu seras calmé !

Une fois qu'il est parti, mes parents me dévisagent. Je prends ma tête dans mes mains.

- Mais pourquoi tu l'as fait fuir ?! lance mon père.

- Je suis désolée mais...

- Il n'y a pas de mais qui tienne Emily. Tu es maintenant une femme adulte, tu dois apprendre à être un peu plus responsable ! Imagine si tu l'avais fait partir à jamais ??

- Mais ce n'est pas le cas...

- Chut ! Vas dans ta chambre.

Je soupire mais obéit. Ça ne sert à rien de résister à mon père. Là seule fois où j'ai essayé, je me suis prise une gifle dont je me souviendrais toute ma vie. Je me prépare à aller au lit et m'endors, le cœur lourd.

*****

Le lendemain matin, je m'habille et fais ma toilette puis commence à préparer le petit-déjeuner. Mon père est déjà parti au travail pour probablement traire les vaches, mais ma mère dort encore. Quand elle se réveille, elle me sermonne de nouveau pour ce qu'il s'est passé hier soir en me disant que je suis censée me comporter comme une jeune fille fraîche et raffinée plutôt que de lever la voix à table comme un poissonnier.

Durant le courant de la matinée, un homme vient nous apprendre que je suis attendue chez Emilio cet après-midi. Et apparement, nous serons seul puisque ses parents doivent se rendre en ville pour affaires. C'est avec une boule dans le ventre que je me rends chez lui. J'attends plusieurs minutes avant de toquer, mais me décide finalement à le faire. Il m'ouvre, et m'invite à entrer. On s'assoit tous les deux. Moi sur le canapé, lui sur un sofa.

- Je n'ai pas du tout apprécié ton comportement d'hier soir, dit-il.

- Excuse-moi Emilio...

Il se lève et s'assoit à côté de moi sur le canapé.

- Tu sais si tu veux te faire pardonner... commence-t-il en posant une main sur ma cuisse, que je retire vivement.

- Je t'ai déjà dit que je n'en ai pas encore envi, peux-tu respecter ce choix s'il te plaît ?

- Ne sois pas coincée Emily, dit-il en reposant sa main sur ma cuisse mais en soulevant ma robe cette fois-ci.

Il me bascule de sorte à ce que je me retrouve sous lui.

- Emilio s'il te plaît...

- Laisse-toi faire, tu vas adorer.

Il commence à venir m'embrasser dans le cou. Je le laisse faire pour le moment, peut-être qu'il a raison et que je vais finir par apprécier. Sauf que ça ne vient pas. La seule chose que je ressens est du dégoût. Quand ses mains remontent de plus en plus haut le long de mes cuisses, je le repousse. Il se redresse.

- Qu'est-ce qu'il y a ?? demande-t-il amèrement.

Je me redresse à mon tour.

- Désolée mais ça ne me plaît pas de faire ça là, maintenant.

Il se lève et pars se chercher un verre de whisky.

- Vivement notre nuit de noce que je puisse enfin te décoincer un peu, dit-il en prenant une gorgée.

Est-ce que c'est moi qui ait un problème à ne pas aimer ça ? Où est-ce simplement lui qui me fait croire que je devrais aimer à tout prix ? J'écourte le plus possible notre après-midi et rentre chez moi le plus tôt possible. Je le supporte de moins en moins.

1837 LIVRE ÉDITÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant