Chapitre 16

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Adrien s'accrochait.

Il s'accrochait à la rambarde de la salle d'embarcation dans laquelle il venait d'entrer quelques minutes auparavant. Devant lui, derrière une immense baie vitrée, quelques avions se faisaient inspecter mais le mouvement des travailleurs de l'aéroport ne le sortait pas de la transe dans laquelle il était plongé.

Son pâle reflet dans la vitre montrait un jeune-homme vêtu d'un large chandail. Une capuche recouvrait sa tête et cachait son visage. Un visage dont les yeux et les pommettes rougis par les émotions contrastaient avec la pâleur maladive de sa peau.

De première apparence, personne n'aurait pu deviner qu'en dessous de l'attirail qu'il avait enfilé afin de ne pas attirer l'attention, Adrien souffrait d'un mal puissant et insupportable et qu'il lui semblait qu'au plus profond de lui-même, son âme venait d'être anéantie.

Aucune larme ne coulait plus de ses yeux, tant il avait pleuré ces derniers jours, ces dernières semaines. Seule la douleur, plus intense et sévère, restait à l'intérieur de lui.

Et de nombreuses images hantaient son esprit et son corps. Les larmes de sa Lady, ses supplications et la manière dont elle s'était accrochée à lui. Tout restait ancré en lui. Les traces de ses doigts sur ses joues.

Et le goût de ses lèvres.

Tout. Tout le hantait.

Il prit une profonde inspiration puis s'efforça de retenir sa respiration, de ne pas céder, de ne plus jamais céder aux émotions qui concernaient Ladybug.

Elle ne l'avait jamais aimé d'amour, il en était certain. Malgré les années, malgré leur relation qui avait pourtant évoluée en quelque chose de profond, de beau.

« Nous ne pouvons pas être ensemble. Jamais. », lui avait-elle dit après une énième tentative de sa part d'être accepté par elle.

Ils venaient de combattre plusieurs Akumas et avaient encore une fois triomphé d'une situation extrêmement complexe et dangereuse. Il avait alors dix-sept ans, profitait de la vie comme il le pouvait malgré ses nombreuses occupations et sentait qu'il avait assez changé et muri pour enfin être vu d'elle.

Mais aussi rapidement qu'il lui avait déclaré son amour, elle l'avait arrêté. Parce que dans un futur qu'il n'avait jamais connu, leur amour avait détruit Paris.

Il avait été choqué d'apprendre cela, et furieux qu'elle ne lui en ait jamais parlé avant, refusant de croire ne serait-ce qu'une seconde qu'être ensemble pouvait créer autant de malheur.

Mais ses protestations n'avaient fait que renfermer plus Ladybug sur elle-même, et devant sa résistance, il n'avait eu d'autres choix que de battre en retraite. Comme il l'avait toujours fait.

Il avait toujours dû la respecter, accepter les sentiments de sa compagne au détriment des siens. Il n'avait jamais insisté, puis appris à se taire.

Avec le temps, l'amour qu'il éprouvait pour elle était devenu un fardeau de plus en plus lourd à porter et pourtant, rien ni personne n'avait réussi à faire taire ce que son cœur aimait.

Jusqu'à la révélation de l'identité du Papillon. Jusqu'au bouleversement indéfinissable dans la vie d'Adrien. Jusqu'à Marinette.

À ce moment-là, dans son lit d'hôpital, Marinette avait atteint son cœur comme personne auparavant ne l'avait fait. Sa douceur, sa bienveillance et son sourire, sa présence et sa chaleur, tout cela avait apporté tant de réconfort à l'âme blessée d'Adrien que ce fut pour lui comme si ses yeux s'ouvraient enfin.

Toi et moi contre le monde entierWhere stories live. Discover now