Chapitre 5-2

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Ellie

Après une demi-journée supplémentaire de marche rapide nous sortîmes enfin de la montagne pour arriver à Artha la première cité libre. Après plus d'une semaine loin de toute civilisation, la multitude de bruits, d'odeurs et de personnes étaient comme une tornade en pleine face pour nous.

La ville toute en remparts et en tours, avait poussé comme un champignon au pied de la montagne. Première cité libre en contact avec les Royaumes, elle était célèbre pour ses marchés et ses spectacles de rues. Tous les artistes itinérants des royaumes et des cités se retrouvaient chaque été dans la ville pour y organiser les plus grands tournois de cirque, théâtre et tours de magies en tout genre.

Après quinze ans dans la vallée, nos yeux s'écarquillaient d'émerveillement devant tous les trésors de cette grande ville. Einar nous regardait avec un sourire amusé, et nous décrivait tous les monuments et coutumes de la cité comme un guide touristique.

L'avantage de toute cette effervescence c'est que trois adolescents crasseux passaient totalement inaperçus. Lupo quant à lui pouvait facilement passer pour l'un des grands chiens loups accompagnant les bergers. Nous profitâmes des marchés pour refaire le plein de provisions pour la suite du voyage.

Suivant les conseils d'Einar, nous avions vendu notre tente pour en racheter une plus légère en toile cirée. Moins chaude et plus petite, elle avait au moins l'avantage de couper le vent, qui d'après Einar était très violent dans les steppes à cette période de l'année.

De son côté Einar décida de vendre une partie de ses peaux pour alléger un peu nos paquetages. Il garda cependant les plus belles pour la cité d'Iris où d'après lui il pourrait en obtenir un meilleur prix.

N'ayant pas de moyens de connaître la progression des cavaliers nous décidâmes de ne pas nous attarder dans la ville et de repartir au plus vite. Dans les steppes nous aurions plus de chance de les voir arriver de loin et de pouvoir nous cacher.

*****

Après le vert des montagnes et l'opulence de la cité, les steppes arides étaient étonnantes par leur simplicité et leur rudesse. La végétation était maintenue au minimum par le vent capricieux. Les prairies vallonnées à perte de vue étaient parsemées de rares arbres tel que les trembles ou les chênes à la silhouette tordus de douleurs par les assauts incessants du vent. Seuls quelques rongeurs apparaissaient parfois au loin, sinon la faune se faisait très discrète. Le soleil tapait la journée mais dès la tombée de la nuit un froid mordant s'installerait.

Une fois le soleil disparut à l'horizon, nous décidâmes de monter le camp prêt d'un petit bosquet de chênes argentés. Ces quelques arbres rachitiques avaient au moins l'avantage de nous préserver un peu des éléments et de nous fournir du bois pour le feu.

Aussitôt arrivé chacun de nous savait quoi faire, Erik monta les tentes pendant que Einar cherchait du bois pour le feu et que je préparais le lapin que Lupo avait débusqué quelques heures plus tôt.

Bientôt nous fûmes en train de manger et de refaire le monde autour du feu. Après ces deux jours ensemble, Einar s'était très vite intégré à notre groupe. Les petits accrochages du début s'étaient vites effacés pour laisser place à un respect mutuel et même un début d'amitié entre les deux jeunes hommes. Même Lupo et lui avaient fini par s'apprivoiser.

Par moment cependant, je captais comme une sorte de colère dans les yeux d'Erik quand Einar et moi plaisantions ensemble.

Exténuée, je partis me coucher en laissant les hommes à leur discussion. Comme chaque nuit depuis le début de cette aventure, j'étais trop fatiguée pour rêver. Ce qui n'était pas plus mal car d'après Alrek c'était à coup sûr par les rêves que les cavaliers avaient retrouvé ma trace.

La Lumière d'Hallmar - Tome IWhere stories live. Discover now