38. Un véritable ami restera un ami

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Queen était allé voir les Who en concert, et le bassiste du groupe de la première partie, The Only Ones, n'était autre que l'ami dont Freddie était allé à la fête d'anniversaire, le 27 mars 1978. Le chanteur ne lui avait pas adressé un seul mot de toute la soirée et ne l'avait pas revu depuis.

Ce fameux ami, Alan, ne voulait plus rien avoir à faire avec lui, ayant été très déçu par son comportement. Le concert était fini et la fête d'aftershow avait débuté depuis déjà un bon quart d'heure. Alan venait de remarquer que Queen faisait partie du public et avait spontanément envie d'aller leur parler, le groupe dégageant une atmosphère accueillante, mais il aperçut Freddie et décida de quitter la fête. Alan retournait au van de son groupe quand il entendit des talons claquer derrière lui. Il se retourna et fut surpris de découvrir un Freddie Mercury particulièrement amical. Il l'avait vu partir et l'avait suivi.

— Pourquoi tu ne restes pas ? demanda Freddie. Est-ce que ça ne serait pas parce que la dernière fois qu'on s'est vus, j'étais un vrai con ? ajouta le chanteur face au mutisme d'Alan.

— Oui, Freddie, c'est pour ça, et tu l'étais.

Freddie rigola, suivi par Alan quelques instants plus tard.

— Je suis désolé, ajouta le pianiste au bout d'un moment.

— Je suppose que quand on arrive à ton niveau dans la musique avec la notoriété qui suit, on est obligé de faire un faux pas à un moment ou à un autre.

— Tu l'as dit !

— Je suis content que tu reviennes sur le droit chemin.

— Reviennes ? J'y suis pas déjà, darling ?

Alan regarda avec insistance le T-shirt du chanteur sur lequel on pouvait voir un résidu de poudre blanche. Il y en avait aussi un peu dans sa moustache. Freddie remarqua le regard appuyé de son interlocuteur et décida d'en suivre la direction.

— On ne peut pas être parfait, dit il avec un sourire. La maladie humaine requiert une certaine dose d'anesthésiants, ajouta le pianiste en voyant qu'Alan n'était pas tout à fait convaincu.

Un silence s'installa et il comprit qu'il était préférable de changer de sujet.

— Je vais te présenter le reste de Queen.

Alan opina du chef en souriant et retournait à l'intérieur avec Fred'.

— Les gars, je vous présente Alan. Vous avez reconnu le bassiste des Only Ones.

— Enchanté.

— Ouais, salut, balança Roger pas plus intéressé que ça.

— Tu as un très beau jeu, complimenta John en sachant reconnaître le talent dans sa discipline.

— Merci beaucoup. Sinon, tout va bien pour Queen ?

— Nous aussi, on prépare une tournée. En Amérique.

— C'est cool. D'ailleurs, Fred', j'ai oublié de te le dire, mais j'adore ta moustache.

Le chanteur baissa la tête et bafouilla un remerciement avant de se dire qu'il avait envie de parler de ses problèmes à son ami récemment retrouvé plutôt que de les noyer dans l'alcool et de redevenir le connard qui le lui avait fait perdre.

— En fait, tout va bien pour Queen à part...

Il ne savait pas vraiment comment aborder le sujet ni formuler sa phrase, mais Roger vit qu'il voulait en parler et décida de venir à sa rescousse.

— On reçoit quelques colis de fans aux bureaux de Queen qu'il serait préférable de ne pas ouvrir.

— Du style ? Un fan vous a envoyé un gâteau à la LSD ? plaisanta Alan avant de remarquer que sa blague ne faisait rire personne.

— Les gens ne sont pas tous aussi enthousiaste que toi au sujet de mon nouveau look. On a reçu des centaines de paquets de lames de rasoir.

— C'est amusant de constater que dans la presse, on parle beaucoup plus de lui depuis qu'il s'est laissé poussé la moustache, que s'il s'était promené nu sur Oxford street.

— C'est à tenter, dit Freddie à l'hilarité générale.

— Et non, malheureusement les fans ne nous envoient pas de gâteaux ni de drogues et encore moins les deux réunis. Que des choses inutiles et sans intérêt, rajouta Roger pour accentuer l'instant de rire et rebondir sur la vanne d'Alan qu'il avait trouvé plutôt bonne.

Un nouveau fou rire se fit entendre. Le courant passait plutôt bien entre Alan et Roger, bien que ce dernier l'ait complètement ignoré quelques minutes plus tôt.

— Tu ne devrais pas prêter attention à ses colis, Fred', repris Alan plus sérieusement. C'est sans doute de la jalousie, parce que ça te va divinement bien.

— Merci, chéri. Seulement, je ne sais pas comment réagir. Les gens m'adorent, m'acclament, me vénèrent, mais dés que je fais quelque chose sans leur avis, je deviens... Je ne sais même pas. Je suppose que pour eux, je deviens Freddie le monstre, Freddie le travelo, Freddie la tarlouse. Sans parler de la presse britannique qui me suit sans cesse en critiquant mes moindres faits et gestes. Ça m'étouffe.

— Ça a toujours été comme ça, et c'est à peine s'ils nous remarquent, nous, poursuivit Brian.

— Ça ne doit pas être facile tous les jours. Je crois que vous devez rester soudés, et, c'est facile à dire mais, les autres on s'en fou. Tu as besoin de rester entourer de tes vrais amis, Freddie, clôtura Alan.

Roger, Brian et John se retournèrent instantanément vers lui. Il ne connaissait pas Paul, mais lui avait sans le savoir conseiller de prendre ses distances avec lui. Encore fallait-il qu'il le comprenne.

— Merci, Alan. Bon, on va se boire un verre ?



Love Cannot DieWhere stories live. Discover now