|Chapitre 2|

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Des centaines de tartines plus tard, tout était enfin prêt. Les morceaux de pains et de brioche dégoulinantes de confitures étaient entassées dans des assiettes, et du café fumant avait été servit dans des tasses. Désormais, nous n'attendions plus que les soldats. 

Parmi nous, trois infirmières furent choisies pour rester à l'extérieur et accueillir les Ecossais à leur arrivées tandis que nous autres tenions pour rôle la distribution de gilets de sauvetage -au cas où nous coulerions- et de la nourriture. 

Vérifiant rapidement que mes pinces à chignons soient en place, je lança un regard vers la porte encore ouverte et à travers laquelle nous pouvions voir que le ciel devenait de plus en plus sombre. Autour de moi, tout le monde vérifiait sa tenue et priait intérieurement pour que la mission se déroule comme prévu. Avec un peu de chance, les avions Allemand ne tenteraient pas une attaque en plein milieu de la nuit... Cependant, ils n'étaient pas les seuls dangers...

-Les soldats arrivent! S'exclama soudain une femme qui se trouvait près de l'entrée de la pièce.

Je mis mes inquiétudes de côtés et tira légèrement sur le bas de ma tunique d'infirmière avant de me placer derrière une table. Le véritable travail allait commencer. Nous allions sauver des hommes. 

Comme annoncé, des bruits de pas ne tardèrent pas à se faire entendre de l'autre côté de l'entrée et bientôt, les hommes entrèrent à la file indienne. Je ne pu m'empêcher de les détailler, curieuse. 

La plus part étaient jeunes, à peine plus âgé que moi. Ils étaient vêtus de leur uniformes kaki et la moitié avait les cheveux humide, comme si ils avaient dû affronter la mer à la nage pour pouvoir nous rejoindre. Leurs visages étaient tirés par la fatigue et l'angoisse, mais une lueur de soulagement se mit à briller dans leurs yeux quand ils nous virent accompagnées de nourriture et de boissons chaudes. A l'extérieur, les infirmières leurs distribuèrent finalement des couvertures pour se réchauffer tandis que en bas des marches qui les menaient jusqu'à nous, des marins leur apportait des gilets de sauvetage. 

Madame Baker se tenait près de moi, distribuant les tasses de cafés à tous les nouveaux arrivants, et me donna un léger coup de coude pour que je sorte de mes pensées et que j'en fasse autant. Ainsi, machinalement, j'attrapa les tasses, les tendant à tous ceux qui les acceptaient, ne pouvant contrôler mon admiration et ma désolation face à ces soldats qui avaient dû vivre l'enfer.

En quelques minutes, le bateau fut presque plein. Désormais, il devenait un peu plus difficile de se déplacer entre les différentes tables prises d'assaut par les hommes. 

-Anna, prend ce plateau et fais un tour veux tu? Fit ma supérieur en me désignant un plateau couvert de tartines posés non loin de moi.

-Bien Madame.

Attrapant le plat argenté, je fis le tour de la table et m'avança dans la foule de soldats qui commençaient à se détendre, souriant et riant un peu entre eux. Sur mon passage,  plusieurs mains plongèrent dans le plat, attrapant les tartines en m'adressant sourires et remerciements. Dans un coin de la pièce, je repéra les trois filles qui gloussaient quelques minutes au paravent discuter avec des soldats en battant des cils. J'osais espérer que leur petit jeu de charme leur apporte au moins joie et bonheur car ce n'était pas du tout professionnel. 

Occupée à les observer, je continua néanmoins à avancer dans la foule jusqu'à me cogner dans quelqu'un en manquant de peu de renverser mon plat. Par réflexe, je l'agrippa des deux mains et fort heureusement, ne fis rien tomber. 

-Pardon... Je n'ai pas regardé où j'allais... M'excusais-je en relevant la tête vers la personne que j'avais percuté.

Celle-ci n'était autre qu'un soldat d'environ mon âge, aux cheveux humide et dont une petite mèche retombait sur son front. Ses yeux verts se posèrent sur moi alors qu'il croquait dans un morceau de pain à pleine dents.

A flotWhere stories live. Discover now