22. Des jupes et des uniformes

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Un groupe de filles étaient à ma droite, assises ensembles à la pause du midi. Jinta n'était pas avec moi, il était trop occupé à socialiser. Je soufflai. Je ne veux pas être énervante et le bloquer dans ses interactions sociales pour le garder juste pour moi, mais cependant, c'est tout de même vide lorsqu'il n'est pas là. Pour lui, si je ne suis pas là, ça ne doit pas le déranger, il ferait juste aller avec d'autres personnes, sociable comme il est. Mais moi, je suis seule, sans lui...

Donc, comme toutes les fois où j'étais seule, je me mis à écouter la conversation des filles à mes côtés. Elles avaient vraiment l'air sympathique, et j'aurais voulu pouvoir leur parler. Elles parlaient d'uniformes. J'appris donc que dans la majorité des écoles occidentales, il n'y en avait pas. Ce devait être bien, ne pas avoir à porter de vêtements d'un genre erroné. Elles disaient que parfois, porter une jupe pouvait s'avérer chiant.

"Ouaip, surtout quand tu as chaud et que tes cuisses collent ensemble, ou que le vent plaque beaucoup trop ta jupe sur tes jambes." me dis-je.

J'entendis les filles arrêter de parler, et je me tournai pour voir qu'elles me regardaient. C'est seulement là que je réalisai que je venais de dire ces mots légèrement plus fort que je le pensais, c'est-à-dire à voix haute. J'écarquillai les yeux et balbutiai difficilement:

-'Fin, c'est ce que j'imagine que ça ferait si j'en portais une... M- Mais puisque j'en porte pas, je peux pas savoir.

Puis je me retournai en fixant mon pupitre. Les filles ricanèrent, et je sentis la honte m'emplir. Je- argh. Pourquoi avais-je ce don pour me mettre les pieds dans les plats-? Je-

-N'empêche, tu serais vraiment mimi avec une jupe, fit tout bas une voix grave.

Je me retournai, et vis Daizou à genoux à ma gauche, les bras sur mon pupitre et un sourire au visage. J'observai ce sourire, et découvris qu'il n'était pas rieur ou ironique, mais plus... Charmeur? Cela me déconcerta. Il rigola légèrement.

-M- Merci, répondis-je sans savoir quoi dire d'autre.

-Tu ne me trouves pas étrange, à dire ça? demanda-t-il en gardant son sourire, maintenant interrogateur, comme s'il me testait.

-Non! m'exclamai-je un peu trop vivement à mon goût. N- non, me repris-je plus bas.

-Mais t'as raison, chuchota-t-il en se levant et se baissant, s'approchant de mon oreille. Avec le vent, ça moule bien la forme des cuisses et aussi ce qui est entre elles, ce qui devient gênant parce que tout le monde peut voir que qu'on n'est pas une fille.

Il se releva et me fit un clin d'oeil, avec son sourire charmeur et malicieux. J'étais sans voix, trop secouée pour parler. Il-

-Je- Tu-

-Bon dîner, Sato, fit-il en s'éloignant prestement.

Pourquoi tenait-il ainsi à m'appeler par mon nom de famille? Et- Que- AaaaaaaaAAAAAAAAAAAARGH-

Je n'arrivais pas à penser correctement, ça me foutait en rogne. Était-il comme moi? Mes doutes revenaient. Et comment avait-il pu me dire ça avec autant de détachement-? Je sentais mes joues devenir roses. Il devait savoir que je n'étais pas cisgenre, il n'aurait pas dit ça à n'importe qui. Mais- comment avait-il su? Était-ce ma question sur les pronoms qui m'avait trahie? Ou alors mon hésitation sur mon prénom- Ou alors cette remarque sur les jupes- ET C'EST QUOI CETTE FAÇON QU'IL A DE TOUJOURS PARTIR APRÈS AVOIR LARGUÉ UNE BOMBE DANS MON CERVEAU?!

Je pense que je vais mourir d'incompréhension si ça continue.

***

Une robe. Une robe magnifique, verte pâle, qui volait dans le vent. Elle avait une mince ceinture à la taille, ce qui accentuait (pour ne pas dire me créait) un peu de formes, une taille définie. Mes longs cheveux étaient retenus par un ruban lui aussi vert, éclatant. J'étais contente de cette apparence, qui mettait en valeur ma féminité. 

Tellement contente, que j'avais décidé d'aller ainsi à mon école.

Quand j'y arrivai, personne ne portait d'uniformes, tous avaient des vêtements uniques et colorés. Je croisai Miwako, avec une chemise légère et dorée. Elle me salua avec un sourire, et je le lui rendis. Elle m'avait donné confiance en moi pour entrer dans ma classe. J'ouvris la porte, et remarquai en panique que le cours avait déjà commencé. Madame Wakana, habillée d'un chandail tie-dye, de jeans à pattes éléphants et de bracelets en perles colorées à outrance se retourna. Toute la classe stoppa, comme mise sur pause.

Mon sang se glaça lorsque tous se retournèrent vers moi. Je cherchai le regard de Jinta, mais les places ayant changées en mon absence, je tombai plutôt sur celui de Nobuaki. Il éclata de rire.

-Regardez ce clown qui entre dans la classe! s'exclama-t-il. On est dans une école de cirque et personne ne m'a prévenu?!

Mes jambes tremblaient, le stress montait. Je jetai un regard aux autres, et vus qu'ils étaient en fait habillés de leur uniformes habituel. Les larmes me montèrent aux yeux. Que j'étais stupide! Une totale abrutie. Tous riaient de moi, jusqu'à ce que Jinta arrive derrière moi et qu'il me retourne pour qu'on soit face à face.

Mon stress s'envola d'un coup. Il était beau, très beau, habillé d'un hoodie rose pâle qui mettait en valeur ses mèches rousses. Il me regarda, puis passa sa main dans mes cheveux en souriant. Son sourire est magnifique.

-Ça va aller, me murmura-t-il.

Mon meilleur ami mit sa main derrière mon crâne et s'avança d'un pas, désormais très près de moi. Il amena doucement ma tête à ses lèvres, qu'il posa sur ma joue. Je fermai les yeux, savourant ce moment, la sensation de ses lèvres sur ma peau.

Quand je les rouvris, je vus le plafond de ma chambre.

Mon sourire s'effaça. Je serrai mes draps dans mes poings, et je fronçai les sourcils. Qu'est-ce que c'était que ce rêve?

Anyways, je supporte toujours pas les réveils. C'est dégueulasse. Je hais mon corps. J'arrêtai de penser à mon rêve, et je me tournai pour voir l'heure de mon cadran, curieuse du fait qu'il n'ait pas sonné.

Woups.

L'écran du réveil-matin n'affichait plus rien. Il était brisé- eeeeet merde je suis clairement en retard pour l'école.

Je me levai promptement, et fis ma routine du matin en accéléré (pas de déjeuner, un bento rapidement fait et beaucoup de course). Mes parents étaient partis de la maison, tout comme ma soeur. Pourquoi ne m'avaient-ils pas réveillés? La voix de ma soeur résonna dans ma tête, "On apprend mieux de ses erreurs quand on se mets les deux pieds bien creux dans la merde". Elle ne m'aurait tout de même pas laissée dormir pour ça-

Je courrai pour aller à l'école, aussi rapidement que mes jambes me le permettaient. Je changeai mes souliers, essoufflée, et j'allai dans ma classe. Quand j'entrai, je m'excusai de mon retard en expliquant que mon cadran était brisé.

-Peut-être que si tu le tapais pas de toute ta force à chaque matin, ça aiderait, balança Jinta.

Je voulus lui jeter un regard noir, mais lorsque je vus son visage, mon rêve me revint en tête. Je détournai les yeux, soudainement gênée. Je regardai la classe. Sa normalité me rassurait. Tous étaient à leurs pupitres, Nobuaki n'était pas dans ce groupe et Daizou me salua d'un coup de menton agrémenté d'un sourire.

Je soufflai, et allai à mon pupitre. Maintenant que j'avais le temps d'y penser, je me posai la question de nouveau: pourquoi avais-je rêvé à ça-?

Loreim: awawawawawa

amen.

tho KGA va se terminer environ dans 6 chaps... T-T

Kore ga atashi (C'est moi)Onde histórias criam vida. Descubra agora