11. Un paquet de piles

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La brise fraîche caressa mon visage. Je soufflai, et fit quelques pas pour rejoindre le trottoir. Ok. Première étape accomplie. Mon coeur battait la chamade, mon souffle était saccadé. Je fermai les yeux pour tenter de retrouver un semblant de calme. Après quelques secondes, je les rouvris, décidée, motivée. J'inspirai encore un bon coup, et ignorant le tambour de ma poitrine, commençai à marcher. Je me répétais "Ça va bien aller... Ça va bien aller", même si la seule personne que je réussissais à convaincre, c'était le chat dans la cour devant moi, qui me fixais d'un regard inquisiteur. Il était assis là, dans l'herbe, les yeux grands ouverts. Sa queue se balançait de droite à gauche, comme s'il chassait, et son regard me mettait mal à l'aise. J'avais l'impression que l'animal savait que quelque chose clochait avec moi, qu'il me jugeait. Je détournai le regard, troublé, et continuai d'un pas plus rapide. 

Rendue à la fin de la rue, à l'endroit où je m'étais égarée il y a quelques temps, je relevai la tête, et me figeai aussitôt. Une personne se tenait devant moi, et mes muscles se tendirent, mes yeux s'agrandirent.

Elle me fit un sourire, et continua son chemin, me dépassant. Je soufflai. Oh bon dieu, si je réagis comme ça à chaque inconnu que je croise, on va pas y arriver. Je passai une main dans mes cheveux en soupirant, et continuai. Je voyais le konbini d'ici, quelques mètres plus loin. Je croisai un groupe d'autres personnes, et je me tendis encore une fois. Je baissai la tête, fuyant leurs regards, et forçai mes jambes figées à bouger. Ils riaient fort. Je respirai fort. Difficilement. Ils passèrent à mon niveau, et je pense que mes vêtements les trompèrent, parce qu'ils ne remarquèrent rien d'étrange ou d'anormal. Je continuai à marcher d'un pas rapide, et le magasin fut devant moi. Je regardai l'enseigne et avalai la boule dans ma gorge. Ma respiration se fit de plus en plus rapide quand je passai la porte.

-Bienvenue! cria le garçon au comptoir.

Je me dirigeai dans la section électroniques, et saisissais un paquet de piles AAA. Derrière le rayon, je fermai les yeux et inspirai, avant de les rouvrir et de passer à la caisse. Je relevai les yeux que j'avais laissés baissés jusqu'à maintenant, et souris au vendeur. 

-Bonjour! dis-je.

Je me figeai, réalisant quelque chose. 

Ma. Voix.

Est celle d'un garçon.

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH MEEEEEEEEEEERDE.

Le garçon leva les sourcils et ne bougea pas pendant un court instant qui me sembla durer une éternité. Il a compris? S'il vous plaît faites qu'il n'ait pas compris. BORDEL que je suis conne, je pensais vraiment pouvoir sortir incognito et faire penser aux autres que je suis une vraie fille? Je suis tellement débile, j'aurais jamais dû sortir de l'ARL habillée comme ça. Je suis tellement stupide! Je m'énerve moi-même. Mais bien sûr, Eimi, sors et avec une robe, tout va s'arranger! Tout va bien aller! MAIS BIEN SÛR. Comment j'ai pu penser un seul instant que ça allait être ok?! Aaaaaaaaaah.

Le garçon fit un petit sourire et saisit le paquet de piles. Il jeta un regard à son ordinateur et dit:

-Ça va faire 1100 yens. 

Ah. Tout va bien, finalement.

Je lui donnais l'argent, il me salua et je sortis du konbini. Ouf. Je soupirai bruyamment et me dirigeai vers l'ARL. Je croisai cette fois-ci un vieux qui me sourit de toutes ses -m'enfin de celles restantes- dents. Je lui souris à mon tour, et finissais par entrer dans le refuge en soufflant. Luka, Mio, Kane et Sekai fondirent sur moi aussitôt. 

-Tu vas bien?!

-On t'a insulté?

-Comment ça s'est passé?!

Kore ga atashi (C'est moi)Where stories live. Discover now