17. Quelques bandages

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Auparavant, durant l'ère de la survie et de la défense, l'être humain a développé certains réflexes primordiaux. Des techniques essentielles pour survivre, pour combattre dans le cas d'une menace. Devant un problème, le cerveau humain sécrète 2 hormones, le cortisol et l'adrénaline. Le mélange de ces deux hormones peut créer trois réactions. La première est le combat, où les hormones serviront à réagir plus rapidement et avec davantage de force.

Je stoppai net, autant mes pieds que mon souffle, au moment où ma soeur se retourna vers moi.

Deuxièmement, le blocage. Le cerveau ne sait plus comment agir dans la cas du mélange des hormones, et fige. Le corps est inerte, comme une statue, on n'arrive plus à penser correctement. On a l'impression d'être le spectateur de notre propre situation, paralysés.

Elle fronçait les sourcils légèrement, n'ayant pas encore réalisé, mais une fraction de seconde plus tard, durant laquelle je priais qu'elle ne comprenne pas, en vain, elle ouvrit grands les yeux. Je déglutis, sans arriver à penser, comme une machine qui aurait trop d'informations à traiter. De son côté ce fut la même chose, elle ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Nous nous regardâmes quelques secondes, sans que personne ne fasse rien, tous deux incapables de savoir comment agir.

Et enfin, quand l'adrénaline et le cortisol permettent de courir plus vite et plus loin, la fuite.

Je prit mes jambes à mon cou, courant vers la direction de l'ARL, essayant de fuir ma soeur, ses questions... Au moins pour maintenant. Je sais que je n'y échapperai pas éternellement, mais tout ce à quoi je pensais, c'était de partir. Partir loin, rapidement, courir à m'en arracher les jambes.

-Attends- fit la voix étranglée d'Umi.

J'étais déjà loin. Je pense que je pleurais, mais je n'en suis pas certaine. Ma vue se troublait, alors j'imagine que c'était bel et bien des larmes. En panique, je retournai au refuge. Ma respiration était saccadée, autant par mon essoufflement que par la situation. Je sanglotait bruyamment, reniflant et gémissant. Je n'entendais pas les pas de ma soeur derrière moi, mais je continuais quand même à courir, plus rapidement que mon corps pouvait aller. Je n'ai jamais été bonne en sport, je n'ai jamais pu courir comme maintenant, mais l'adrénaline me faisait encore plus accélérer de seconde en seconde. L'ARL était le prochain bâtiment, alors je stoppai net de courir, sans ralentir progressivement.

C'était trop brusque, alors mon pied droit se frappa contre ma cheville gauche, et je tombai à la renverse, continuant à glisser sur l'asphalte quelques centimètres, malgré ma position horizontale. Mon bras gauche, sur lequel j'étais tombé, commença à chauffer intensément tout comme ma mâchoire et ma jambe. Je fermai les yeux de douleur, et tentai de ramener mes jambes tremblotantes contre moi, mais j'avais trop mal autant émotionnellement que physiquement. Je pleurais plus que jamais, parcourue de nombres de sursauts.

Je poussai un cri de désespoir, de souffrance, tandis que je saisissait ma tête, agrippant de toutes mes forces mes cheveux dévoilés par ma perruque tombée dans ma chute. Un cri long et déchirant, d'une voix grave et brisée, d'une personne brisée. Il fut coupé après quelques secondes par un manque de souffle, j'avais oublié de respirer. En fait, non. Je n'avais pas oublié, je n'étais juste plus capable. Mes larmes coulaient sur mes toutes nouvelles plaies, pleines de roches minuscules et de sable. La pression exercées par mes paupières était si forte que j'avais aussi mal aux yeux, maintenant. J'entendis vaguement le son d'une porte, puis le son de la voix de Sekai, qui me semblait si lointain...

-Eimi! Eimi, oh mon dieu...

Elle dévala les escaliers du balcon de l'ARL, et s'agenouilla près de moi. Elle passa une main dans mes cheveux, doucement.

Kore ga atashi (C'est moi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant